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L’erreur est humaine... et productive : pourquoi se tromper et le reconnaître est extrêmement bénéfique pour notre santé
©Reuters

Bonnes feuilles

Le management ne peut être autre que bienveillant. Le Docteur Philippe Rodet démontre, au croisement de sa double expérience de médecin urgentiste et de consultant en management, combien la personne humaine a besoin de bienveillance pour vivre et donner le meilleur d’elle-même. Si elle ne reçoit pas suffisamment de bienveillance, sa nature se rebelle : le niveau de stress augmente. Au contraire, si elle en reçoit abondamment, elle s’épanouit. Extrait de "Le management bienveillant" du Docteur Philippe Rodet et Yves Desjacques aux Editions Eyrolles (2/2).

Yves Desjacques

Yves Desjacques

Yves Desjacques, DRH Groupe, est reconnu pour ses engagements sociaux, sociétaux et environnementaux. Convaincu que la place de la personne humaine dans l'entreprise est essentielle, il agit pour développer à la fois te bien-être et l'engagement de celle-ci.

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Philippe Rodet

Philippe Rodet

Philippe Rodet a exercé la médecine d’urgence dans le cadre du SAMU et de l’assistance en réalisant des rapatriements sanitaires dans plus de cinquante pays. Homme engagé, il a participé à des missions humanitaires au Burkina-Faso, en Roumanie et à Sarajevo pendant la guerre.

Passionné depuis plus de vingt ans par l’interaction entre le stress et la motivation, il publie en 1998 L’ardeur nouvelle aux Editions Debresse et Le bonheur sans ordonnance aux éditions Eyrolles en janvier 2015. Son dernier ouvrage, Le management bienveillant, co-écrit avec Yves Desjacques, vient de paraître aux éditions Eyrolles. 

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Si grâce à la capacité de pardonner, chacun admet ses erreurs, la peur de se tromper ne paralyse plus l’innovation… En France, pays réputé pour son pessimisme, on n’accepte pas l’erreur. Quelqu’un qui s’est trompé doit le payer. Dans d’autres contrées, si quelqu’un se trompe, c’est parce qu’il a essayé et il a plus de chance de réussir que s’il ne tentait rien ; il faut juste qu’il persévère jusqu’à ce qu’il y arrive. Si l’on rétablissait le droit à l’erreur, nous n’altérerions pas le sens des responsabilités de chacun, mais bénéficierions d’une créativité indispensable au contexte actuel. Et si le droit à l’erreur, véritable devoir d’audace, passait par le fait de savoir pardonner ?

Une meilleure santé

Pardonner permet de diminuer les émotions négatives et d’améliorer la santé… Les thérapeutes qui travaillent avec des victimes de traumatismes connaissent depuis longtemps les vertus du pardon. Ils ont, par exemple, remarqué que le soulagement apporté par le pardon favorisait les capacités d’adaptation et la guérison de ces personnes.

Les effets bénéfiques du pardon ont été plus largement étudiés par les chercheurs depuis une quinzaine d’années. Ils ont ainsi remarqué que le pardon constituait un excellent moyen pour diminuer la colère, la dépression, l’anxiété et diverses autres émotions négatives. Par ailleurs, les personnes capables de pardonner sont en moyenne plus satisfaites de leur vie. Et après avoir pardonné, celles-ci sont plus confiantes en l’avenir et ont une meilleure estime de soi !

Une étude menée aux États-Unis par des chercheurs du Luther College, dans l’Iowa, et dont les résultats ont été publiés en juin 2016 dans le Journal of Health Psychology, aborde l’influence du pardon sur la santé. Les chercheurs ont tenté de mesurer l’impact du stress sur la santé mentale des personnes qui ont tendance à pardonner avec plus ou moins de facilité. Pour ce faire, ils ont demandé à 148 jeunes adultes de répondre à un questionnaire sur le sujet.

Les résultats de l’étude révèlent que le pardon réduirait à zéro le risque de développer un trouble physique ou psychique lié au stress. « Si vous ne disposez pas de ce réflexe, vous sentirez les effets du stress d’une façon plus brutale, sans l’atténuer », explique Loren Toussaint, auteur principal de ces travaux.

Les spécialistes admettent par ailleurs que les raisons pour lesquelles le pardon protège une personne des maladies liées au stress restent difficiles à déterminer. Ils suggèrent que le fait de savoir pardonner pourrait être associé à une meilleure capacité d’adaptation et à une meilleure gestion du stress.

En outre, les scientifiques précisent que la capacité à pardonner s’apprend et se travaille, et que chacun peut s’y exercer afin d’améliorer sa santé.

Vers l’amélioration continue

Donner le droit à l’erreur diminue le niveau de stress en favorisant une sécurité psychologique et l’amélioration continue. « L’antidote à la phobie de l’échec est la création d’un environnement psychologiquement rassurant au sein duquel les employés peuvent s’exprimer librement sur ce qui n’a pas marché, notamment sur les erreurs commises, sans être rejetés ou punis (Baer et Frese, 2003). C’est le seul moyen pour qu’une organisation ne soit pas dans une posture défensive et apprenne quelque chose des erreurs qui ont été commises (Edmondson, 1999  ; Cannon et Edmondson, 2001  ; Tucker et Edmondson, 2003). D’ailleurs, Carmeli et Gittel (2009) valident empiriquement l’hypothèse selon laquelle la “sécurité psychologique” favorise l’apprentissage par l’échec au sein des organisations. Dans ce cas-là, les individus partagent avec honnêteté leur expérience et examinent comment ils peuvent corriger les erreurs qui ont été commises et réduire la probabilité qu’elles ne se reproduisent, même si cela présuppose d’admettre leurs fautes (Tjosvold et al., 2004). En somme, une culture de la “non-punition” favorise le retour d’expérience et, par suite, la diffusion de la connaissance sur les erreurs passées. Si l’on veut prévenir les échecs et éviter les récidives, il convient donc de chercher des explications plutôt que des coupables (Morel et al., 2009). » En outre, cette sécurité psychologique diminue le niveau de stress.

L’évaluation des résultats, l’atteinte ou la non-atteinte des objectifs de performance, nous rappelle inévitablement la façon dont nous étions notés à l’école. Cette fâcheuse tendance à mettre les projecteurs sur les erreurs, soulignées en rouge, peut avoir comme conséquence un sentiment douloureux de dévalorisation des personnes, qui s’identifient aux résultats. Dans l’entreprise, ces mauvais souvenirs peuvent conduire à vouloir masquer les écarts. Or, mesurer et mettre en évidence les écarts s’avère indispensable pour en détecter les causes, les prioriser et y remédier pour enfin s’améliorer. Ainsi, il est indispensable de communiquer les résultats d’une façon qui permette de décomplexer les personnes quant à la non-atteinte des objectifs. Cela passe par la reconnaissance des résultats obtenus et la démystification des écarts.

Reconnaître ses maladresses

Dans la vie de tous les jours, dans l’entreprise, les maladresses, les erreurs, sont, heureusement, à des années-lumière de l’histoire de Kim Phúc… Et cependant, lorsque l’on est maladroit vis-à-vis d’un collaborateur, c’est le fait de repenser à ces histoires qui aide à aller vers lui, à lui expliquer les raisons de ces maladresses et à obtenir ainsi son pardon. Puisse ce témoignage hors normes aider chacun à progresser dans sa capacité à reconnaître ses erreurs, ses maladresses, à renforcer la cohésion, à faciliter l’innovation et à vivre en meilleure santé.

Extrait de Le management bienveillant, du Docteur Philippe Rodet et Yves Desjacques aux Editions Eyrolles

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