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Meeting de la dernière chance : Hamon, Hollande, Valls, électeurs de la primaire, qui sont les plus responsables du ratage de la campagne du candidat PS ?
©AFP

A qui la faute ?

Ce dimanche, Benoît Hamon organise un meeting à Bercy après une semaine particulièrement rude pour le candidat PS, marquée notamment par des velléités de départs dans son propre camp, notamment de la part de l'aile social-démocrate incarnée par Manuel Valls.

Pierre Bréchon

Pierre Bréchon

Pierre Bréchon est professeur émérite de science politique à l’IEP de Grenoble, chercheur au laboratoire PACTE, directeur honoraire de l’IEP de Grenoble, et auteur notamment de Comportements et attitudes politiques aux Presses universitaires Grenoble. Il a également dirigé l'ouvrage Les élections présidentielles sous la Ve République (Documentation française). 

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Atlantico : En quoi le meeting de ce dimanche à Bercy représent-t-il un enjeu pour Benoît Hamon ? Que peut-il espérer, sur le plan politique, d'un succès de cet évènement ?

Pierre Brechon : Les meetings indiquent le degré de mobilisation militante derrière un candidat. Ce meeting est donc un enjeu, mais quand même relatif. Les militants ne représentent qu’une toute partie des votants. On peut avoir beaucoup de militants enthousiastes derrière soi et ne pas être très suivi par les électeurs. L’enjeu est moins dans le nombre de personnes présentes que dans les messages délivrés par le candidat. Fera-t-il entendre une voix de rassemblement de son camp en étant plus positif que précédemment sur le bilan du dernier quinquennat, ou restera-t-il ferme dans une position d’opposition aux politiques mises en oeuvre ? Un certain nombre d’élus et de militants socialistes sont encore dans l’expectative sur leur choix entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron et sur leur investissement dans la campagne du candidat.

Le débat télévisé du lendemain, le lundi 20 mars au soir, entre les principaux candidats, sera au moins aussi important pour Benoît Hamon. Ce sera une occasion de développer son programme face aux autres candidats et de faire ressortir ses spécificités par rapport à Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche et Emmanuel Macron sur sa droite.

Une partie importante de l'électorat du PS, les vallsistes, ne semblent toujours pas s'accorder avec le candidat socialiste. Si ce dernier parvenait à relancer sa campagne, dans quelle mesure les fractures idéologiques au sein du Parti pourraient-elles s'apaiser ?

Pierre Brechon : Les fractures idéologiques au sein du PS sont devenues très profondes et on voit mal comment elles peuvent s’apaiser à court terme. Pour relancer sa campagne, il faudrait que Benoît Hamon bouge sur ses propositions, ce qu’il ne semble pas avoir envie de faire. Les enquêtes montrent pourtant que parmi les personnes ayant l’intention actuelle de voter pour Benoît Hamon ou Emmanuel Macron, la moitié dit que leur vote peut encore changer. Ces deux électorats sont nettement moins stabilisés que les autres. C’est bien sur sa droite que le candidat Hamon peut espérer gagner des voix, l’électorat Mélenchon étant beaucoup plus déterminé que celui d’Emmanuel Macron. 

Et dans l'hypothèse où il n'y arrive pas, que risque-t-il dans les semaines qui restent avant le premier tour de la présidentielle ? Jusqu'où ces fractures socialistes pourraient-elles se creuser ?

Pierre Brechon : Il risque de rester à un niveau bas de soutiens, dans les eaux que lui accordent actuellement les sondages, pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Le Parti socialiste est maintenant vraiment menacé d’éclatement avec une partie des troupes qui hésitent à soutenir le candidat de leur parti et semblent prêtes à s’engager derrière Emmanuel Macron pour chercher à construire une victoire législative dans l’hypothèse où il serait élu président.

Entre la responsabilité personnelle de Benoit Hamon, le bilan de François Hollande, la théorisation par Manuel Valls des deux gauches irréconciliables ou l’évolution de l’électorat de gauche (qui se divise entre Emmanuel Macron et Benoit Hamon), qui sont les plus responsables des difficultés de la campagne du candidat PS ?

Pierre Brechon : Les responsabilités sont certainement partagées entre l’ensemble des protagonistes et viennent de loin. Le Parti socialiste avait un programme en 2011, François Hollande s’en est inspiré, il a gagné l’élection sur ce programme mais s’en est éloigné sur des points importants, donnant aussi l’impression de manquer de dynamisme pour la mise en œuvre des réformes attendues. Il a très vite beaucoup déçu ses électeurs et les militants socialistes, ce qui a généré les récriminations des "frondeurs". Le sentiment de ne plus partager d’idéal commun s’est progressivement installé, le Parti socialiste affaibli n’arrivant pas à trouver des compromis entre les différentes tendances, et du coup ne jouant plus sa fonction de régulation des conflits entre des positions de plus en plus divergentes.

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