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Déficits record : 8 graphiques pour comprendre vraiment le commerce extérieur français (et pourquoi la compétitivité est loin d'en être la seule clé)
©Reuters

Mauvaise pente

Le surplus de la balance commerciale des services de la France, qui avait atteint 25 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année 2012, s’est depuis effondré pour se limiter à 0,4 milliards d’euros en 2016.

Eric Dor

Eric Dor

Eric Dor est docteur en sciences économiques. Il est directeur des études économiques à l'IESEG School of Management qui a des campus à Paris et Lille. Ses travaux portent sur la macroéconomie monétaire et financière, ainsi que sur l'analyse conjoncturelle et l'économie internationale

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L’effondrement de la balance commerciale des services

On connaît le problème du déficit structurel croissant de la balance commerciale des biens en France, lié à la désindustrialisation. Mais on parle beaucoup moins de la dégradation de la balance commerciale des services. 

Le surplus de la balance commerciale des services de la France, qui avait atteint 25 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année 2012, s’est depuis effondré pour se limiter à 0,4 milliards d’euros en 2016. La moyenne mensuelle de la balance commerciale des services de janvier 2017 et des 11 mois précédents est maintenant négative. La dégradation se poursuit donc, et la balance commerciale des services est maintenant en déficit.

Cette situation est très préoccupante en raison du poids élevé des exportations de services.  En 2016, elles se sont élevées à 213,117 milliards d’euros et ont représenté 32% des exportations totales de biens et services. C’est dans le secteur des services que l’emploi augmente encore, contrairement à l’industrie. Il est donc capital pour la France que les services soient compétitifs et performants. Il aurait fallu garder un surplus de la balance commerciale des biens pour compenser, au moins partiellement, le déficit structurel de la balance commerciale des biens.

Les exportations de services de la France sont surtout concentrées sur quelques catégories. Les exportations d’autres services aux entreprises représentent 33,76% des exportations de services de la France. Viennent ensuite les voyages pour 19% et puis les transports pour 17,58%.  La balance commerciale se dégrade pour presque toutes les catégories de services. Cependant la balance commerciale des services de télécommunications, d’informatique et d’information résiste bien, avec un surplus élevé.

La dégradation est très perceptible pour les services aux entreprises ainsi que pour les transports

De manière générale, il y a plusieurs années, les exportations de services ont commencé à croître moins vite que les importations, et récemment elles se sont même retournées.

Pour les services de transport, c’est à partir de 2012 que les exportations ont décroché par rapport aux importations

Un phénomène similaire s’observe récemment pour les autres services aux entreprises. 

Quelles explications ?

Qu’est ce qui peut bien expliquer cette dégradation de la compétitivité de la France pour le domaine des services ? C’est une situation qui peut surprendre car c’est le contraire que l’on observe en Allemagne et d’autres pays européens. En Allemagne, contrairement à la France, la situation de la balance commerciale des services est en amélioration avec un déficit qui a tendance à se réduire fortement. Alors qu’en France le déficit de la balance des biens augmente et que le surplus de celle des services s’effondre, on observe en Allemagne une amélioration du surplus de la balance des biens et une diminution du déficit de celle des services !

Cette perte de compétitivité des services s’explique en partie par le différentiel de coût du personnel employé, entre la France et l’Allemagne, et la plupart des autres pays. La catégorie d’activités qui correspond aux exportations d’autres services aux entreprises est le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques, et activités de services administratifs et de soutien.  Dans ce secteur le coût salarial horaire moyen est de 34,32 euros en France contre 28,17 euros en Allemagne !

Le CICE supporte est peu utile aux exportations de services aux entreprises, qui requièrent surtout des employés très qualifiés. Or le CICE réduit le coût des employés jusqu’à 2,5 SMIC. Il serait donc utile de réduire également le coût des employés très qualifiés. Cela permettrait de maintenir en France des activités de service stratégiques, ce qui maintiendrait également de l’emploi moins qualifié.

L’orientation géographique des exportations de services aux entreprises est mieux orientée en Allemagne vers des pays à forte croissance. Cela explique également les différences.

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