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Ni soutien franc, ni "dé-branchement" du candidat Fillon : comment la droite s'enferme dans la nasse d'une stratégie perdant perdant
©Thomas SAMSON / AFP

Un pour tous et tous pour un ?

Tandis que le candidat de la droite François Fillon s'empêtre dans l'affaire Pénélope, les cadres, ténors et militants semblent osciller entre le soutenir ou l'abandonner. Par ailleurs, les membres les plus proéminents du parti Les Républicains restent silencieux sur la question ce qui pourrait signer la perte de Fillon.

Atlantico : Alors que la candidature de François Fillon est encore embourbée dans l'affaire du Penelope Gate, l'électorat de droite semble être divisé entre ceux qui refusent purement et simplement de suivre leur candidat, et ceux qui sont prêts à tout pour obtenir la victoire finale. En quoi cette injonction paradoxale des électeurs et des cadres empêche tout règlement de la crise actuelle ? En quoi l'absence de choix clair pénalise l'ensemble de la droite et pourrait conduire la droite à une défaite ?

Maxime Tandonnet : Le désarroi demeure très fort dans l'électorat potentiel les Républicains. Encore faut-il sans doute nuancer. Les partisans des Républicains ne me paraissent pas vraiment hésiter. Même au plus fort de la tempête, selon les sondages, un socle de 20% des électeurs se porte toujours sur la candidature de François Fillon. Au regard de la violence qui s'est déchaînée contre lui, ce niveau reste élevé et laisse ouvert l'espoir d'une qualification pour le second tour. En revanche, son électorat périphérique s'est lui nettement effrité, par exemple les hésitants entre les Républicains et l'UDI. Pouquoi n'y a t-il pas de choix clair d'un autre candidat? La réponse me semble évidente: aucun ne paraît en mesure de se substituer à François Fillon avec des chances de succès. Le seul qui pourrait s'imposer serait M. Juppé mais il ne veut pas en enterndre parler. M. Sarkozy retomberait aussitôt sur ses propres difficultés. La nouvelle génération n'inspire pas encore suffisamment confiance. Il ne faut pas oublier que M. Fillon est sorti grand vainqueur des primaires. Il a donc une forte légitimité en sa faveur. Se désister à la suite d'un scandale serait une manière de céder à la pression. De fait, le choix est restreint. La seule chance de l'emporter, pour les Républicains, est de tenir droit dans la tempête.

Comment expliquer cette absence de choix de la part des plus importantes personnalités du parti ? Faut il attribuer ce silence au calendrier judiciaire, ou s'agit il d'un problème plus profond ?

En effet, les candidats battus à la primaire ne paraissent pas se bousculer pour soutenir Fillon. Leurs motivations sont sans doute diverses. Alain Juppé a été très clair pour ne pas affaiblir Fillon. S'il avait laisser croire, même indirectement, à sa disponibilité pour le remplacer, cela aurait eu un effet dévastateur pour Fillon. Quant à Nicolas Sarkozy, il a soutenu son ancien Premier ministre sans aucune ambiguité au lendemain des primaires.  Lui-même est assailli de problèmes, qui sont moins médiatisés du fait qu'il n'est pas candidat. Mais il s'interroge sans doute sur l'intérêt aujourd'hui, d'un soutien de sa part à François Fillon. Il interviendra sûrement mais au moment qu'il jugera le plus opportun. Quant aux autres, ils sont sans doute en partie dans une logique de calcul personnel. Ils ignorent ce que va devenir la candidature de François Fillon. Donc ils hésitent. Soit le soutenir en escomptant une belle récompense en cas de victoire. Soit anticiper sur sa défaite et se présenter comme la relève en 2022. Sans doute à l'heure actuelle, cette seconde alternative prédomine dans leur esprit. Mais cela peut varier selon les sondages. 

En quoi une levée d'option, une prise de décision unanime, pourrait - elle suffisante pour relancer le parti ?

Cette levée d'option sera nécessaire mais pas suffisante pour assurer la victoire aux présidentielles et aux législatives. L'unité autour de François Fillon est un facteur clé d'un retour à la confiance. Elle est un signe de force, d'énergie, de rasssemblement, donc de réussite, le gage d'une future majorité de gouvernement stable. Peut-être faut-il attendre la clarification des aspects judiciares du dossier pour obtenir cette mobilisation générale. Elle n'est pas pour autant suffisante. L'élection présidentielle procède de la confiance entre le peuple et un candidat. Il faut que François Fillon trouve le bon ton pour renouer le dialogue avec la France. C'est tout l'enjeu des semaines à venir. Les Français attendent ses engagements pour assainir et réformer la vie politique, les mesures draconiennes qui permettront de mettre fin à toute forme d'abus. Ils veulent connaître ses propositions pour restaurer l'ordre public, la sécurité, l'autorité de la loi dans un paysen plein chaos. Les Français ne croient plus au sauveur providentiel mais sont en quête d'écoute, de sagesse et de dialogue démocratique. M. Fillon le sent-il? En tiendra-t-il compte? Le proche avenir nous le dira... 

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