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Primaire de la gauche : les candidats face aux mille dangers d'une campagne express
©Flickr / Marmotte73

Le sprint final

Les candidats à la primaire de la gauche ont moins d'un mois devant eux. Un mois déterminant pour l'avenir de la gauche. Les débats télévisés devraient être le moment-clé de cette campagne atypique.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Moins d'un mois pour serrer le plus de mains possible. Tenir un maximum de meetings. Trois débats presque coup sur coup, les 12, 15 et 19 janvier. La primaire de la gauche se tiendra, fin janvier, à l'issue d'une campagne express. Rien à voir avec celle de 2011 qui avait commencé avant l'été pour se finir par la victoire de François Hollande en décembre. Rien à voir avec la campagne de droite qui a quasiment durée une année. Rien à voir avec rien. La campagne qui s'ouvre est inédite. Mais elle risque, pourtant, de marquer un tournant pour la gauche.

C'est la première fois, en effet, que le PS part, à ce point, divisé idéologiquement. En 2011, si Martine Aubry incarnait bien l’aile gauche du PS et François Hollande une position plus centrale, la campagne s'est faite sur des questions de personnalités plus que de programme. On se souvient du célèbre : "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup", adressé par la Première secrétaire du PS au futur président de la République.

Cette fois, même si Manuel Valls, le favori, tente de minimiser ses différences idéologiques, il a du mal à les gommer d'autant que ses concurrents n'ont de cesse de se démarquer de lui. Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, parce qu'ils souhaitent prendre leur distance d'un quinquennat jugé trop droitier. Vincent Peillon, au contraire, qui souhaite défendre l’œuvre de François Hollande, entend se démarquer de l'ancien Premier ministre afin de rappeler l'importance d'occuper une position centrale, ni trop à gauche ni trop... à droite. Bref, même si elle est courte, cette campagne pourrait bien voir s'agrandir la fracture entre deux gauches que Manuel Valls avait, lui-même, qualifié "irréconciliables".

Deux grandes lignes de fracture se dessinent : l'une économique, entre une gauche qui s'est totalement adaptée aux marchés et ne cherche presque plus à en gommer les défauts et une autre qui se veut plus régulatrice. L'autre clivage se situe autour des questions d'identité et de laïcité. Manuel Valls se posant comme le tenant d'une ligne dure qui rejoint parfois les positions de la droite, les autres candidats, fidèles aux valeurs traditionnelles de la gauche, s'affichant plus tolérants.

En 2011, les électeurs ont écarté Martine Aubry, qui semblait pourtant idéologiquement plus proche d'eux, pour lui préférer François Hollande qui paraissait plus efficace électoralement. Que choisiront-ils de faire en 2017 ? Il est possible qu'ayant intégré l'inévitable défaite à la présidentielle, ils fassent un choix moins politicien qu'en 2011, et vote pour un candidat qui défende leurs convictions profondes : Arnaud Montebourg ou Benoit Hamon. Mais que ce soit le cas ou pas, le PS risque de sortir de cette épreuve profondément divisé. Les électeurs de Manuel Valls auront, en effet, bien du mal à soutenir un représentant de l'aile gauche du parti à la présidentielle. Idem pour l'aile gauche. Si Manuel Valls était désigné, à l'issue de la primaire, une partie des électeurs déçus pourraient se reporter sur Jean-Luc Mélenchon.

L'enjeu de la participation va aussi être un critère important. En effet, si la primaire rassemble un nombre réduit d'électeurs, le candidat désigné aura du mal à s'imposer face à Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon, alors que s’il est élu par plus de 2,5 millions d’électeurs, il aura toute légitimité pour dire : "je suis le candidat désigné par le peuple de gauche, vous devez vous effacer car la victoire à la présidentielle en dépend". Mais la faible durée de la campagne, qui avait été taillée pour François Hollande, ne va pas dans le sens d'une forte participation. D'autant que la plupart des candidats ont fait un très mauvais départ.

Manuel Valls a du mal à modifier son image très clivante. Que ce soit sur la suppression du 49-3, l'union de la gauche, ou le refus de stigmatiser la minorité musulmane, il a surtout suscité l'incrédulité, voire le sarcasme. Arnaud Montebourg a raté son émission politique, ses meetings ne suscitent pas d'enthousiasme, et on ne le sent pas, lui-même, débordant d'envie de gagner. Quant à Vincent Peillon, sa candidature, bricolée à la dernière minute, suscite plus d'interrogations que d'adhésion. Le seul à avoir fait un bon début de campagne, c'est Benoît Hamon, qui a multiplié les soutiens après son intervention sur France 2 et qui se voit déjà en Fillon de gauche.

Car s'il ne reste qu’un mois de campagne, tout peut encore basculer. Un mois avant le premier tour de la primaire de droite, François Fillon, qui frôlait à peine les 10%, était au coude à coude avec Bruno Le Maire. Ce sont les débats qui ont changé la donne. Les candidats de gauche, qui ont bien observé la primaire de droite, comptent donc énormément sur ces trois émissions au risque d'en oublier un peu la campagne classique : les déplacements, les meetings, les interviews qui sont pourtant des éléments importants.

Mais si cette campagne s'apparente plus à un sprint qu'au marathon couru par les candidats de droite, elle n'en sera pas moins déterminante. Le PS en sortira différent. Moribon si les électeurs ne se déplacent pas. Tiraillé s'ils donnent l'avantage à Manuel Valls. Explosé, s'ils préfèrent les candidats de la gauche du parti. Une chose est certaine, dans un mois rien ne sera plus jamais comme avant.  

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