Large victoire de François Fillon : mais des trous d'air à éviter pour que la droite nouvelle gagne en 2017<!-- --> | Atlantico.fr
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La Gauche est pour l'heure complètement atomisée, et le PS est en train de se fracasser. Ses dirigeants s'accordent cependant pour dénoncer celui qui veut aller "toujours plus à droite, dans la purge sociale et l’autoritarisme..."
La Gauche est pour l'heure complètement atomisée, et le PS est en train de se fracasser. Ses dirigeants s'accordent cependant pour dénoncer celui qui veut aller "toujours plus à droite, dans la purge sociale et l’autoritarisme..."
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Maux de tête à prévoir

Pour obtenir les suffrages d'une majorité de Français, (plus de vingt deux millions d'électeurs), le candidat Fillon doit à la fois consolider son camp, rebâtir une l'alliance avec le Centre de l'UDI, faire cohabiter les tenants de la laïcité et les défenseurs des valeurs religieuses chrétiennes, reconquérir une partie des électeurs qui se sont tournés vers le Front National au fil des scrutins et rassurer les tenants du libéralisme économique.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Dimanche soir François Fillon a changé de statut : il est  passé de celui de candidat à la primaire à candidat à la présidentielle. Et, à peine le résultat du deuxième tour de la primaire était il connu (66,5% des voix, un score de maréchal ),que sortait un sondage de simulation de la présidentielle pronostiquant la victoire de  François Fillon  en mai prochain avec un score à faire rêver, il totaliserait 67% des voix face à  Marine Le Pen qui n'obtiendrait que 33% des suffrages. A première vue cette projection conforte l'hypothèse selon laquelle le vainqueur de la primaire serait forcément le futur Président de la République. Mais tout le monde sait que la réalité est loin d'être aussi simple. Pour gagner le candidat désigné doit trouver le bon rythme pour tenir jusqu'au sprint final du printemps, intéresser sans lasser, et surtout mettre en avant des propositions capables de fédérer une majorité de Français ,soit plus de vingt deux millions d'électeurs, sans se départir de cette radicalité qui a séduit les électeurs de la primaire. Exercice délicat : le projet que le  candidat Fillon présentera aux Français ne sera pas tout à fait le même que celui pour lequel il a été choisi par les électeurs de Droite et du Centre de la primaire. Pour obtenir les suffrages d'une majorité de Français, (plus de vingt deux millions d'électeurs), le candidat Fillon doit à la fois consolider son camp , rebâtir une l'alliance avec le Centre de l'UDI, faire cohabiter les tenants de la laïcité et les défenseurs des valeurs religieuses chrétiennes, ...reconquérir une partie des électeurs qui se sont tournés vers le Front National au fil des scrutins - un électorat populaire sensible au discours "de gauche" de Marine Le Pen - et rassurer les tenants du libéralisme économique. Même si Jérome Chartier, le plus fidèle soutien du candidat affirmait qu'"il n'est pas question d' amender le projet", François Fillon sait qu'il devra récrire certaines propositions. Autrement dit , faire en sorte que  "personne  ne se sente exclu d’une société (que je veux) plus juste et plus solidaire", tout en ,en incarnant "une droite qui s’assume", comme le soulignait Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, un de ses principaux soutiens .Discrète pendant la campagne de LR, la présidente du Front National  a déclenché l'offensive dès le résultat connu pour dénoncer "le pire programme de casse sociale" jamais vu du candidat Fillon. Mais par delà la question sociale, le FN est gêné par la fermeté du candidat sur l'islamisme radical .

Quant à la Gauche, elle est pour l'heure complètement atomisée, et le PS est en train de se fracasser. Ses dirigeants s'accordent cependant pour dénoncer celui qui veut aller "toujours plus à droite, dans la purge sociale et l’autoritarisme... la vision profondément archaïque et conservatrice de notre société". Le communiqué publié par le Parti reconnait explicitement qu'il aurait préféré voir Alain Juppé  devenir le candidat de la droite républicaine : "la radicalité de droite extrême du projet de François Fillon compliquerait le vote du peuple de gauche pour ce dernier si par malheur la gauche n’était pas représentée au second tour. Il y a donc un vrai risque frontiste" écrivent ses auteurs pour qui le "malheur" de l'absence au second tour semble inéluctable. Emmanuel Macron entend bien profiter de ce désarroi et a immédiatement appelé les électeurs de gauche comme ceux du centre à venir le rejoindre . En attendant c'est vers François Bayrou que les regards se tournent ; le président du Modem qui soutenait Alain Juppé estime que " l’avenir de l’Union européenne, la question de l’environnementles nouvelles conditions dutravail, n’ont pas été " traités  " par François Fillon . Il pourrait bien s'en charger personnellement en se lançant une nouvelle fois  dans la bataille présidentielle et compliquer ainsi la tâche du "Rassemblement" du candidat Fillon.

Le parti et les investitures

Mais c'est du Parti Les Républicains que François Fillon va s'occuper dans l'immédiat et en prendre le contrôle, -comme le prévoient les statuts. La direction a été façonnée par Nicolas Sarkozy. François Fillon va la modifier, en ménageant quelques susceptibilités . Par delà la personne du président par intérim, Laurent Wauquiez, (qui clame qu'il aime ce qu'il fait , c'est-à-dire rester à son poste, mais c'est Fillon qui décide !), c'est toute l'organisation de Les Républicains, et notamment le nerf de la guerre, domaine hautement sensible, les finances, que le candidat veut désormais contrôler. La tache lui sera facilitée parce que cette fois Nicolas Sarkozy s'est vraiment retiré de la vie politique et ses amis devront rallier le vainqueur (en cultivant  leur nostalgie), s'ils veulent poursuivre leur carrière politique. L'autre question qui devra être rapidement réglée est celle des investitures pour les législatives de juin prochain. Après le refus de l'UDI de participer à la primaire, le parti LR avait procédé à des investitures dans toutes les circonscriptions, sans en réserver aux Centristes. Cette règle est désormais caduque et un certain nombre d'investitures vont être réexaminées par la Commission dédiée. Cela aurait également été le cas si Alain Juppé avait été désigné. Vaste programme pour celui qui veut entraîner les Français à "repartir de l’avant comme jamais nous ne l’avons fait depuis 30 ans". 

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