In bed with l'homme de Néandertal : cette scientifique a des révélations à nous faire sur la vie sexuelle aventureuse des premiers humains<!-- --> | Atlantico.fr
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Une meilleure compréhension des rapports entre Néandertal et Homo sapiens sera sans nul doute l'une des clés qui nous aidera à percer un peu plus le mystère de nos origines.
Une meilleure compréhension des rapports entre Néandertal et Homo sapiens sera sans nul doute l'une des clés qui nous aidera à percer un peu plus le mystère de nos origines.
©Allociné / Jacques Malaterre

Sur les traces de l'humanité

Les études sur la manière dont Homo sapiens et Néandertal ont cohabité se multiplient ces dernières années. La plus récente d'entre elles révèle que les métissage et les accouplements répétés entre les deux espèces humaines sont bien plus anciennes que nous ne le pensions.

La communauté scientifique est actuellement confrontée à une situation que connaissent bon nombre de parents : se rendre compte que leurs enfants ont eu leur premier rapport sexuel bien plus tôt qu'ils ne le pensaient. Du côté des paléontologues, les enfants en question sont ici Homo sapiens et Néandertal qui, selon les résultats d'une étude menée en 2014 par la généticienne chinoise Qiaomei Fu, auraient batifolé ensemble plus tôt que l'on ne le soupçonnait.

Hybridation Homo sapiens-Néandertal

Bien sûr, les paléontologues n'avaient pas de pronostic très précis en tête, mais seulement une fourchette : entre 50 000 et 30 000 ans avant notre ère. Leur hybridation expliquerait d'ailleurs, selon une théorie parmi tant d'autres, la disparition de Néandertal et de son patrimoine, noyé dans celui d'Homo sapiens, au plus nombreux représentants. Et plus les recherches avancent, plus la date de la première rencontre amoureuse entre les deux espèces se voit repoussée des milliers d'années en arrière. Qiaomei Fu est l'une des plus grands artisans de ces découvertes. Le site Ozy a rencontré cette passionnée.

S'il y a bien un nom à retenir dans les scientifiques qui vont avancer les recherches sur les origines de l'homme moderne, c'est elle. Qiaomei Fu. Pour en arriver là, la jeune femme originaire du Sud-Est de la Chine s'était tout d'abord intéressée à l'archéologie, les mathématiques, la chimie et la programmation informatique, avant de jeter son dévolu sur la génétique, qu'elle apprendra en passant son doctorat à l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne). Enfin, c'est à la prestigieuse université d'Harvard que Fu commence à faire parler d'elle, lorsqu'elle révèle dans une étude publiée en 2014 que l'ADN du plus vieil ossement d'Homo Sapiens dont nous disposons (vieux de 45 000 ans) appelé l'homme de Ust-Ishim, comporte des génomes de Néandertal, en aussi grande proportion (2%) que ce que l'homme moderne possède de ce cousin disparu.

Une cohabitation plus ancienne et plus longue

La proportion de gènes "néandertaliens" déclinant au fil des générations, résultant le plus souvent d'accouplement entre Homo sapiens, la jeune Chinoise en déduit donc que les ancêtres de l'homme de Ust-Ishim copulaient déjà avec Néandertal entre 5 000 et 15 000 ans auparavant, ce qui atteste donc de rapports inter-espèces survenus il y a entre 50 000 et 60 000 ans.

La communauté paléontologique avait à nouveau été ébranlée lorsque même Fu annonçait que les ossements des Homo sapiens qui reposent dans la célèbre grotte Peştera cu Oase au sud-ouest de la Roumanie, plus récents que ceux de l'homme de Ust-Ishim, présentaient davantage de génomes néandertaliens que ce dernier. Pas seulement plus de génomes, non, mais également des séquences ADN issues de Néandertal plus longues, ce qui indiquait que l'hybridation dont ils étaient les rejetons ne datait pas de plus de trois générations.

Origines de l'homme moderne

Ses collègues, impressionnés, ne tarissent pas d'éloge à son égard. "C'était comme dans un rêve, se rappelle le professeur de Fu à Harvard, Iosif Lazaridis, interrogé par Ozy. Elle avait toujours envie d'en apprendre davantage et ne se contentait pas de rédiger une simple étude". Et toute la communauté scientifique de s'ébahir d'une telle prouesse. "Ses études sont tout simplement époustouflantes, confirme le généticien de l'Université californienne de Berkeley Rasmus Nielsen. Elle est l'une des étoiles montantes de l'anthropologie génétique".

Et ses recherches ne se sont pas arrêtées là. Fu accouchait d'une nouvelle étude en juin 2016 sur les migrations entreprises par l'homme à la fin de la glaciation de l'Europe, il y a environ 14 000 ans. Une chose est sûre : nous n'avons pas fini d'en apprendre sur nos origines et sur l'incidence de cette hybridation sur le développement de notre civilisation ou notre métabolisme. Elles pourraient expliquer notre remarquable capacité d'adaptation hors d'Afrique (d'où Homo sapiens vient) mais également confirmer certains mouvements de migrations (les Africains ne disposent pas de ce patrimoine génétique néandertalien, du fait de la rencontre entre les deux espèces hors d'Afrique).

Une meilleure compréhension des rapports entre Néandertal et Homo sapiens sera sans nul doute l'une des clés qui nous aidera à percer un peu plus le mystère de nos origines. Et Qiaomei Fu ne devrait pas se gêner pour nous y aider.

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