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Quand Marine (du FN) déclame "Mignonne, allons voir si la rose"…
©Capture d'écran

Dites-le avec des fleurs

Mais peut-on encore dire "du FN" ? Pas sûr. Des fois qu'elle considérerait ça comme diffamatoire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La flamme a illuminé le parti lepéniste pendant des dizaines d'années. Surtout du temps de papa. Mais une flamme, ça peut occasionner des brûlures. Et les plus timorés donc s'en éloignaient. Éteinte, la flamme ! De toute façon, elle faisait un peu insigne de parachutiste et un chouïa fasciste. Et ça, c'était juste bon pour les anciens combattants attachés à Jean-Marie.

Il fallait trouver autre chose. Et Marine, pétrie de culture classique, s'est souvenue du poème de Ronsard qu'elle récitait quand elle était petite. La rose était là, qui l'appelait avec ses beaux pétales. Une rose rose, rouge, pourpre ? Oh que non ! On aurait pu confondre Marine avec Mélenchon. Une rose bleue ! Eh oui, le bleu est à tout le monde. Pas seulement aux Républicains. Une rose, du bleu… Genre union nationale, on ne fait pas mieux. Aux électeurs de gauche, on dira : "Oubliez le bleu, il y a la rose". Aux électeurs de droite on dira : "Oubliez la rose, il y a le bleu". C'est pas bien trouvé, ça ?

Pendant des dizaines d'années, la rose – tenue dans un poing – a été l'emblème du Parti socialiste. Mais Marine Le Pen aurait eu tort de se gêner pour la ramasser. Il n'y a plus de Parti socialiste. Et sa rose passablement fanée gît dans le caniveau des promesses non tenues. Quelques pauvres petits pétales ont été récupérés par Hamon, Montebourg, Taubira, Valls, etc. Ils ont la dimension d'un misérable cache-sexe.

En 1972, Mitterrand, qui avait choisi l'emblème de la rose au poing, en donna cette définition : "Le poing pour le combat, la rose pour le bonheur". Et c'est là qu'éclate tout le génie poétique de Marine Le Pen. Non seulement, elle a laissé le poing aux derniers des Mohicans rouges, mais en plus elle a placé sa rose dans une position on ne peut plus pacifique : allongée ! Offerte à qui voudra bien l'aimer… Une promesse de tendresse, maternelle ou autre… Une incitation à de belles étreintes amoureuses…

Plus cucul la praline que ça, tu meurs. Ouh là ! On entend aussitôt les voix outragées des vestales du temple dédié à Marine. Elle a quand même le droit de ravaler la façade de son parti ! Et pourquoi oserait-on lui reprocher de troquer un maquillage trop prononcé pour un autre plus doux et plus tendre ? Certes. Mais il y a quelque chose qui sonne faux.

Il est étrange que le Front national s'habille façon centriste mou. Il est bizarre qu'il s'invente une "identité heureuse" à la manière de Juppé. C'est une drôle de mutation. Une rose bleue et couchée pour séduire ! Ça peut peut-être attirer des braves gens qui ne connaissent rien aux roses. Et moi non plus, je n'y connais rien. Ou plutôt, je n'en connais qu'une, et que j'aime : La Rose pourpre du Caire, de Woody Allen. Un chef-d'œuvre de finesse et d'humour. Ça ne doit pas être le genre de Marine Le Pen qui, si l'on en croit ses déclarations, en pince dur pour Trump et ses blagues salaces.

Quand on ne sait pas (ce qui est mon cas), on se renseigne. Je me suis donc plongé dans des sites spécialisés en rosiers. J'ai appris que les roses bleues n'existaient pas naturellement, cette couleur ne faisant pas partie du patrimoine génétique de ces jolies fleurs. Qu'il fallait pour obtenir des roses de couleur bleue, traficoter, modifier, torturer des roses blanches. Que dans le langage des fleurs, la rose ainsi fabriquée voulait dire par sa couleur "quasi impossible à obtenir". Qu'elle symbolisait "l'aspiration à l'impossible et à l'inaccessible". À mon avis, elle est mal barrée, Marine Le Pen...

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