Rognons et potassage de dossiers : le programme d'Alain Juppé pour se préparer au débat de ce soir<!-- --> | Atlantico.fr
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Le candidat doit être serein pour cesser d'être dans la maîtrise permanente. Dans la retenue. "Il doit rester très présidentiel mais être plus dans le débat", explique un proche.
Le candidat doit être serein pour cesser d'être dans la maîtrise permanente. Dans la retenue. "Il doit rester très présidentiel mais être plus dans le débat", explique un proche.
©Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Un mot d'ordre : se détendre

Ses conseillers, qui l'ont senti plus serein après le meeting parisien de lundi, lui ont conseillé de se détendre avant le débat de ce soir. D’arrêter de lire ses fiches qu'il connaît pas cœur. Ils évitent aussi de lui parler des sondages qui donnent François Fillon présent au second tour.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Depuis quelques jours, ils le couvent comme autant de mères poules. Se réjouissent à l'évocation d'un plat de rognons englouti sous leurs yeux ébahis. C'est bon signe. La preuve qu'Alain Juppé est serein. Les rognons, c'était lundi soir, après le meeting parisien qui a réuni plus de 6 000 militants au Zénith. "Je lui ai dit, Alain arrête, tu vas être malade, sourit l'un des conseillers du candidat à la primaire. Il m'a répondu : mais non, c'est bon pour la santé". Oui, un bon signe vraiment, à l’approche de ce moment décisif que va être le débat de ce soir. C'est donc rassurés qu'hier soir, les conseillers d'Alain Juppé se sont retirés. "J'ai nourri la bête, maintenant il est seul face à lui même. Il ne sait pas ce qu'il va en garder, en retirer", sourit l'un d'eux, un peu stressé.  Il s'agit désormais de le laisser respirer, de ne surtout pas lui mettre la pression. 

"Je me souviens du premier débat, on m'avait amené dans sa loge très tôt. Lorsqu’il est arrivé, j'ai vu ses traits tirés. Il était tendu comme un arc et je me suis dis que ça allait mal se passer", se souvient un proche qui espère, ce soir, voir le maire de Bordeaux plus serein. Mais comment l'être alors que les sondages viennent de bouleverser la donne et semblent envisager désormais un second tour Juppé/Fillon gagnant pour François Fillon. "On ne lui en parle pas, on l'évoque à voix basse entre nous. Il faut arrêter de lui mettre la pression avec ça. Alain Juppé doit rester serein.", explique un ancien ministre désormais retiré de la politique.

C'est tout l'enjeu de ce soir, le candidat doit être serein pour cesser d'être dans la maîtrise permanente. Dans la retenue. "Il doit rester très présidentiel mais être plus dans le débat", explique un proche qui ajoute : "bien entendu, il ne doit surtout pas tacler. Ses électeurs ne supporteraient pas qu'il adopte la même stratégie que Jean-François Copé. Si les gens votent Alain Juppé, c'est justement parce qu'il ne tacle pas". Mais ses conseillers l'aimeraient plus saillant. Ils regrettent, par exemple, que le maire de Bordeaux, qui a étoffé un programme complet sur l’État fort, n'arrive pas à le faire passer. Nicolas Sarkozy restant, aux yeux des électeurs, celui qui sera le plus ferme. Le plus répressif. 

"Le problème d'Alain, c'est qu'il veut pouvoir appliquer tout ce qu’il dit. Il soupèse donc chaque déclaration, nous demande toujours, d'accord mais concrètement comment on va faire ?  Vous ne pouvez pas savoir tout ce qu'il bouffe comme notes. Et lui, il les range dans les bonnes cases. Mais ça devient un défaut. Il est tellement soucieux de la précision de sa pensée qu'il produit un discours trop balancé et donc qui n'imprime pas suffisamment", explique l'un de ses conseillers.

Malgré tout, l'équipe du maire de Bordeaux part plutôt confiante pour ce dernier débat car les sujets sont favorables à leur candidat : international, éducation... Il devrait être bon si le naturel ne revient pas au galop. "Je lui ai dit : arrête de lire tes fiches, tu les connais par cœur, ça n'est plus la question. Détends toi", murmure un proche, tellement inquiet qu'il n'assistera pas au débat ce soir : "je resterai chez moi pour casser la vaisselle", sourit-il. 

Une dernière ligne droite qui n’est pas de tout repos pour les nerfs. D'autant qu'une nouvelle inconnue vient de se glisser au centre du jeu. Si Alain Juppé se trouve comme prévu, opposé au second tour, à Nicolas Sarkozy il pense l'emporter car Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon et Bruno Le Maire devraient, sans surprise, appeler à voter pour lui. Mais si François Fillon réussit l’exploit d'éliminer l'ancien Président de la République, tout est possible. Ce soir, Alain Juppé aura donc un nouvel adversaire.

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