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EELV, communistes, radicaux… : avoir un candidat ou pas à la présidentielle, quelle est la meilleure stratégie pour ne pas disparaître corps et âmes aux législatives ?
©Reuters

Diviser pour mieux régner ?

Le PCF, l'extrême-gauche et les écologistes devraient présenter leurs candidats à la présidentielle, quitte à prendre le risque de disqualifier la gauche pour le second tour. C'est un calcul qui, à leur échelle, n'est pas préjudiciable : un score honorable au premier tour offre de réels arguments de négociations pour les élections intermédiaires.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : Yannick Jadot, candidat déclaré des Verts, a récemment déclaré vouloir réaliser un score "à deux chiffres à la présidentielle". De son côté, le PCF a finalement refusé une alliance avec Jean-Luc Mélenchon… Pour peser dans les négociations relatives aux élections intermédiaires comme les législatives, quelle est la meilleure attitude à adopter à la présidentielle ? Présenter un candidat est-il toujours la meilleure idée ?

Jean-Daniel Lévy : Le fait de présenter un candidat à l'élection présidentielle assure, dans la grande majorité des cas, une dynamique pour les élections législatives. On le constate dans la quasi-intégralité des cas. Il y a une réelle cohérence dans le fait de se présenter à l'élection présidentielle puis aux législatives. D'ailleurs, la majorité est pratiquement toujours donnée à la famille politique du nouveau président de la République. Pour les autres partis – et tout spécialement pour les partis les moins conséquents – le score est généralement maximisé (lorsque l'on compare aux formations politiques non présentes à l'élection présidentielle).

Malgré tout, l'enjeu des législatives repose sur la notoriété du ou des candidats nationaux pour les petits partis. Il peut également dépendre de l'ancrage local. Pour les écologistes, il y a très peu d'acteurs politiques implantés localement, à l'exception de Noël Mamère. Pour les communistes comme pour le Front de Gauche, ils sont plus nombreux. Cependant, cet enracinement local tend à diminuer, dans la mesure où les "bastions communistes" sont issus de ce qu'on appelait le "communisme municipal". Il y a généralement un lien intime entre le résultat aux élections législatives et le fait de se présenter à l'élection présidentielle. Cela témoigne indubitablement du fait, pour un parti, qu'il s'agit d'une force qui existe. Cela ne suffit pas pour autant à réaliser un score électoral manifeste par la suite. Bien évidemment, en général, présenter un candidat est payant. En 2007, après l'élection présidentielle, le NPA avait pu s'assurer un "bon" score aux élections intermédiaires grâce à la notoriété (et à l'image) de son représentant, Olivier Besancenot.

Bien sûr, présenter un candidat permet aussi de négocier avec le Parti socialiste ensuite, mais pas que. Il est important de penser à tous les autres aspects, notamment à la possibilité de faire valoir une formation, des idées, et de... gagner en notoriété. Tant que tout cela ne s'épuise pas, présenter un candidat constitue toujours une bonne idée. Pour autant, il apparaît parfois que des alliances politiques soient plus efficaces. Les écologistes, en 2012, font office de très bon exemple. Eva Joly a fait un faible score, mais Europe Écologie - Les Verts a tout de même bénéficié d'un groupe à l'Assemblée, d'un second groupe au Sénat, de deux ministres… C'était le fait d'accords pré-électoraux et non du score de la candidate.

Quels peuvent être les risques, pour de petits partis de gauche, de présenter un candidat à l'élection présidentielle ? Agacer le PS et s'assurer un renouveau idéologique ne risque-t-il pas de couper court à des alliances nécessaires ?

Tout dépend de la manière dont on considère les élections législatives. Il me semble important, d'entrée de jeu, de rappeler qu'il s'agit d'une source de financement pour les différentes formations politiques. Elles offrent par conséquent différentes possibilités, et assurent en un sens la pérennité du parti. C'est un apport indispensable, à ce titre, pour le Parti Communiste Français. En outre, dans certaines circonscriptions, une opposition avec le PS n'est pas toujours une mauvaise chose : elle permet l'organisation d'une forme de "primaire" à gauche. Dans ce cas de figure, le candidat de gauche le moins bien placé au deuxième tour se retire au profit du premier.

Évidemment, pour des petits partis, il peut être dangereux de s'attirer les "foudres" des cadres dirigeants du Parti socialiste. Cependant, la politique est avant tout une affaire de rapport de force. Le risque pour le PS, c'est celui d'une disqualification de la gauche. Dans certaines circonscriptions, sur la base des élections régionales, on voit clairement que la dispersion des candidatures de gauche lui est préjudiciable pour le deuxième tour. Ce n'est pas nécessairement préjudiciable à d'autres formations comme le NPA et, d'un point de vue cynique, cela peut même les arranger.

Cependant, la confrontation avec le Parti socialiste peut poser un réel danger. Elle ne menacera pas, en tant que telle, l'existence d'un parti à l'échelon national, mais elle est susceptible de grandement la complexifier à l'échelon local.

L'attitude que ces partis devraient adopter dépend de la vision qu'ils ont. S'ils pensent sur le long terme et essayent de mettre en place une réelle stratégie électorale, les alliances ne doivent pas se faire au détriment du renouveau idéologique. La réflexion du PCF ne s'arrête d'ailleurs pas à 2017 : elle prépare l'après. Sur le moyen-long terme, il vaut mieux privilégier le renouveau idéologique, qui reste le seul moyen de remporter des victoires politiques.

Sur le long terme, le risque de voir ces sensibilités absorbées par des partis plus importants existe-t-il ? En un sens, toutes ces stratégies ne consistent-elles pas seulement à retarder l'inéluctable ?

Je ne crois pas. On ne peut d'ailleurs pas avoir de certitudes dans l'immédiat, compte tenu de l'état du Parti socialiste aujourd'hui. Bien évidemment, l'absorption de sensibilités minoritaires à gauche par le PS ne dépend pas que de lui. Cela dépend du score qu'il va réaliser, mais aussi du comportement des autres formations politiques de gauche à son égard. Il est difficile de dire si un échec à la présidentielle constitue une défaite idéologique de l'ensemble de la gauche ou un échec du PS seul. Le deuxième scénario pourrait rebattre les cartes au sein d'une gauche plus globale.

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