Espoir sur le front du syndrome de la fatigue chronique : un nouveau traitement pourrait aider jusqu'à 2/3 des personnes affectées<!-- --> | Atlantico.fr
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Il faut surtout promouvoir des modifications drastiques dans leur mode de vie : bouger (promouvoir de sport... le yoga), bien manger, se poser et prendre le temps de profiter de la vie.
Il faut surtout promouvoir des modifications drastiques dans leur mode de vie : bouger (promouvoir de sport... le yoga), bien manger, se poser et prendre le temps de profiter de la vie.
©Pixabay

De quoi se réjouir

La fatigue chronique est une pathologie encore méconnue. Son ampleur est considérable et croissante. Elle touche essentiellement les actifs, de 20 à 50 ans environ, ainsi que les adolescents. Elle se caractérise par une fatigue considérable, inexpliquée, qui vient perturber l'efficacité au travail et la qualité de vie de manière générale.

Emmanuel Andres

Emmanuel Andres

Emmanuel Andres est professeur des universités et praticien hospitalier au CHU Régional de Strasbourg. Il est spécialisé en médecine interne, en gériatrie et biologie du vieillissement, en médecine générale ainsi qu'en addictologie (clinique).

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Atlantico : Selon une récente étude menée par l'université de Bristol, un nouveau traitement non médicamenteux fait ses preuves contre le syndrome de fatigue chronique et pourrait aider jusqu'à deux tiers des patients souffrant de cette pathologie. Que sait-on de la fatigue chronique, de ses causes ou de ses symptômes ?

Emmanuel Andres :: Il s'agit d'une maladie émergente dont la prévalence semble en augmentation ces dernières années dans les pays industrialisés. C'est un problème du quotidien pour les médecins généralistes et les internistes. Les causes de cette maladie sont multiples, avec probablement au premier rang notre mode de vie (compétition de tous les instants, stress, sollicitations incessantes... nouvelles technologies). À ce jour, aucune des pistes médicales suivies n'a été concluante (agents infectieux, désordres endocriniens, anomalies du sommeil... maladies immunes). La fatigue chronique se présente sur le plan pratique avec les symptomes suivants : 

  • une fatigue à la fois physique et psychique, présente dès le matin, persistante y compris lors des repos ;

  • un sommeil non réparateur ; 

  • une altération des fonctions physiques et cognitives. 

In fine, cette fatigue altère de façon considérable la qualité de vie des patients.

Quelles sont les méthodes les plus efficaces pour lutter contre cette pathologie ? Le traitement non médicamenteux, notamment à base de suivi, vous semble-t-il légitime ?

Les méthodes ayant fait preuve de leur efficacité sont avant tout non médicamenteuses. En premier lieu, il convient de noter que la reconnaissance de ce syndrome par notre société et par le corps médical est un prérequis indispensable au regard des patients, qui souvent se sentent stigmatisés et montrés du doigt. Sur le plan pratique, il faut d'abord rassurer les patients, bien les examiner, arrêter le nomadisme médical et la quête effréné d'examens complémentaires à la recherche de la cause unique (le graal du patient et du médecin). Il faut les éduquer, leur proposer un suivi médical, éventuellement psychologique, ce qui est validé par l'étude  citée. À mon avis, il faut surtout promouvoir des modifications drastiques dans leur mode de vie : bouger (promouvoir de sport... le yoga), bien manger, se poser et prendre le temps de profiter de la vie.

Quelle est l'ampleur du phénomène en France ?

Comme précisé ci-dessus, la prévalence de la fatigue chronique est croissante, notamment auprès des adolescents et des adultes actifs. Ce syndrome semble épargner les jeunes enfants et seniors. Un lien semble exister avec l'apparition d'autres entités comme la fibromyalgie et le burn-out syndrome. Dans notre pratique (service de médecine interne d'un CHRU), nous avons une file active d'une centaine de patients présentant une fatigue chronique et nous voyons 1 ou 2 nouveaux cas (probablement les plus sévères) chaque semaine, avec des patients en errance diagnostique et thérapeutique.

Dans notre expérience, la première fois que nous avons été confronté au syndrome de fatigue chronique remonte aux années 1990. Cela fait suite à la description du yupies syndrome chez des jeunes traders new-yorkais. Depuis cette période, les cas que nous avons eu à prendre en charge ont augmenté régulièrement, suivant parfois le fil de l'actualité (polémique sur la maladie de Lyme) et la description de nouvelles pistes étiologiques et l'espoir de nouveaux traitements.

L'étude fait état de jeunes adolescents, pour la majorité. Peut-on dresser un profil type de cette maladie ? Quelles sont les populations les plus concernées ? Comment l'expliquer ?

Ce syndrome est surtout décrit dans les pays développés chez les adolescents et jeunes adultes actifs. Le mode de vie de nos sociétés modernes est probablement impliqué dans la pathogénie. Comme précisé plus haut, les intervenants dans la genèse de ce syndrome sont multiples : la compétition entre les individus dès l'école, le stress au boulot et dans le foyer, le besoin de résultats, l'utilisation immodérée des nouvelles technologies (soir, week-end, vacances...) et les sollicitations incessantes, l'absence de moment  de répit, une hygiène de vie délétère (pas de sport, pas de balade au grand air...).

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