Les incidences psychologiques oubliées du fait d'avoir un "père-et-une-mère"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Le problème pour un enfant face à la relation affective de même sexe entre les adultes qui l’élèvent, c’est la résultante : ne pas avoir un-père-et-une-mère dont la relation ait porté sa venue au monde de manière crédible.
Le problème pour un enfant face à la relation affective de même sexe entre les adultes qui l’élèvent, c’est la résultante : ne pas avoir un-père-et-une-mère dont la relation ait porté sa venue au monde de manière crédible.
©REUTERS/Philippe Wojazer

Bonnes feuilles

La loi du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux personnes de même sexe avait pour objectif de répondre à une demande d’égalité de couples, c’est-à-dire à une revendication d’adultes. Existe-t-il un "droit à l’enfant" que des adultes puissent aujourd'hui lui opposer ? Pour y répondre, le regard croisé de pédopsychiatres et de juristes. Ce livre veut servir de socle à l’écriture ambitieuse d’une nouvelle loi sur la filiation, qui se substituera à celle existante et la dépassera. Extrait de "L'Enfant oublié", de l'Institut Thomas More, sous la direction d’Élizabeth Montfort et Clotilde Brunetti-Pons, aux éditions du Cerf 1/2

Institut Thomas More

Institut Thomas More

Fondé en 2004, l'Institut Thomas More est un think tank d'opinion, européen et indépendant basé à Bruxelles et Paris. Il diffuse auprès des décideurs politiques et économiques et des médias internationaux des notes, des rapports, des recommandations et des études réalisés par les meilleurs spécialistes et organise des conférences, des rencontres et des séminaires sur ses thèmes d'études.

Voir la bio »

Les incidences psychologiques 

Le débat sur les incidences psychologiques pour les enfants d’être élevés par des adultes de même sexe avait éludé la question essentielle. Il avait convoqué des études censées les avoir évaluées. Mais la plupart se limitaient à une appréciation superficielle, comportementale du développement psychoaffectif de l’enfant. L’étude plus approfondie et non partisane de Mark Regnerus donnait des conclusions nuancées, indiquant pourtant n’être pas sans incidence qu’un enfant ait des parents de même sexe. Quoi qu’il en soit de ces débats, l’essentiel n’était pas dans les conclusions controversées de ces études. 

Ne pas avoir un-père-et-une-mère

Sur le plan psychologique, la question posée à l’enfant n’est pas l’homosexualité des adultes qui l’élèvent. L’argument avancé par Erwan Binet ne justifie en rien la loi de 2013. Le problème pour un enfant face à la relation affective de même sexe entre les adultes qui l’élèvent, c’est la résultante : ne pas avoir un-père-et-une-mère dont la relation ait porté sa venue au monde de manière crédible. Énoncer que l’union de même sexe est équivalente à l’union d’un homme et d’une femme, c’est se cantonner à les apprécier au plan de la relation des adultes, qui d’ailleurs n’appelle aucune loi. La loi du 17 mai 2013 a usé de cette comparaison pour ignorer la différence au plan de la venue de l’enfant : l’union de même sexe prive l’enfant d’avoir un-père-et-une-mère. Or l’union de l’homme et de la femme devenus son père et sa mère lui est le socle pour établir sa raison d’être, rencontre qu’il ressent bienheureuse ou bien plus âpre, mais au fondement crédible de son identité personnelle. La loi a, du coup, attenté aux besoins essentiels de cet enfant pour sa construction psychoaffective, avec sur lui des conséquences certaines mais aussi par extension sur tous les enfants : dès lors qu’une loi s’autorise à ignorer les fondements de la vie psychique d’un enfant, elle les ignore pour tous.

>>> Lire aussi : Pourquoi la loi du 17 mai 2013 de Christiane Taubira prive délibérément l’enfant de son père ou de sa mère

>>> Lire aussi : Le casse-tête juridique de la PMA

Certes, dans les faits il y a des enfants privés d’avoir père-et-mère, ainsi l’enfant de père inconnu. Il en résulte des interrogations psychologiques, surtout la crainte de n’avoir pas mérité d’avoir un père et la mésestime de soi qui en résulte. Mais elles sont accessibles à une aide psychologique, car la situation n’a pas été décidée par la parole collective d’une loi.

D’être privé d’avoir père-et-mère du fait d’un protocole validé par les lois sociales, il résulte pour l’enfant un tout autre problème qui n’a pas été mesuré lors des débats préalables à l’édiction de la loi. La loi devient créatrice de la situation. C’était d’ailleurs son objectif, nonobstant la différence des unions, de même sexe et de sexe diffé- rent. La privation d’avoir père-et-mère en devient floutée pour l’enfant, entravant sa compréhension. D’un bénéfice réclamé par des adultes (ne faire aucune distinction entre les unions) résulte une occultation qui retentit sur l’enfant. La loi devient le facteur pathogène à l’égard de l’enfant : sa situation est collectivement énoncée banale, alors qu’intimement la privation qui en résulte le questionne, et souvent le déçoit et le blesse.

Extrait de "L'Enfant oublié", de l'Institut Thomas More, sous la direction d’Élizabeth Montfort et Clotilde Brunetti-Pons, publié aux éditions du CerfPour acheter ce livre, cliquez ici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !