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François Hollande, le Président qui faisait jouer la France en seconde division européenne alors qu'elle était encore en première
©REUTERS/Kamil Zihnioglu

Confidence passée inaperçue

Dans l'une des confidences délivrées par François Hollande aux deux auteurs du livre "Un président ne devrait pas dire ça", le chef de l’État revient sur le fonctionnement de l'Europe et sur la capacité de la France, parce qu'elle est la France, à négocier avec le concours de la Commission des accords biaisés.

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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Alain Wallon

Alain Wallon

Alain Wallon a été chef d'unité à la DG Traduction de la Commission européenne, après avoir créé et dirigé le secteur des drogues synthétiques à l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, agence de l'UE sise à Lisbonne. C'est aussi un ancien journaliste, chef dans les années 1980 du desk Etranger du quotidien Libération. Alain Wallon est diplômé en anthropologie sociale de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIème section devenue ultérieurement l'Ehess.

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Atlantico : Dans une confidence passée inaperçue de l'ouvrage Un président ne devrait pas dire ça, François Hollande revient sur sa capacité à négocier, avec le concours de la Commission européenne, le passage de la France sous la barre des 3%. Son argumentaire repose essentiellement sur le fait que la France pèse dans l'Europe. Ainsi, les journalistes Gérard Davet Fabrice Lhomme rapportent les propos du président : "Ça c'est le privilège des grands pays, ce que beaucoup n'acceptent plus. Le privilège de la France, de dire "Eh bien oui, on est la France, on vous protège, on a quand même une armée, une force de dissuasion, une diplomatie...", ça compte. Ils (les Européens) le savent, ils ont quand même besoin de nous. Et donc ça, ça se paye. Il y a un prix, qui doit être acquitté, à la puissance politique, diplomatique, militaire". En quoi un tel constat peut-il être destructeur pour le chef de l'Etat ? François Hollande n'indique-t-il pas en creux qu'il a les moyens de faire peser, sur l'Europe, une véritable force de proposition européenne ? Avec ces mots, François Hollande ne trahit-il pas une volonté d'user de prérogatives extraordinaires à des fins tout à fait subalternes ?

Alain Wallon : Pour l’avoir moi-même vécu de l’intérieur des institutions européennes, je peux vous dire que de tels propos, tenus non plus en privé mais publiquement, provoqueront de sérieux ravages et pour longtemps au détriment des positions françaises et de tous ceux, fonctionnaires français en poste à Bruxelles ou à Paris, qui tentent avec foi mais déjà avec difficulté de redresser l’image négative que la France a fini par acquérir auprès de leurs collègues des autres Etats membres et au sein de ces institutions. Que les effets de son franc-parler atteignent par ricochet François Hollande est moins grave pour lui-même, proche de sa fin de mandat, que pour la position et le poids de la France dans les négociations sur les grands dossiers actuels. La dégradation de l’image de notre pays auprès de nos partenaires de l’UE n’est, hélas, pas une situation nouvelle. L’élargissement de l’Union à de nouveaux Etats membres comme la Suède, la Finlande et l’Autriche dans les années 1990, puis à treize autres pays, Croatie incluse, dans les années 2000, avait rapidement à la fois modifié l’équilibre politique au sein du Conseil européen, mais aussi fortement relativisé la place et l’influence des pays fondateurs dans tous les compartiments de l’édifice institutionnel. La fonction publique européenne, qui s’était construite en grande partie sur le modèle administratif français, s’est vue remodelée très sensiblement, tant d’un point de vue linguistique et culturel qu’en termes de management, selon un modèle beaucoup plus anglo-saxon.

Coordonnés d’une main sûre par le Foreign Office, les Britanniques ont été particulièrement offensifs en la matière, avec beaucoup d’habileté. Et les postes stratégiques, au niveau du Secrétariat général de la Commission, des directeurs généraux, des portefeuilles et des cabinets de commissaires ont vu la présence française s’amenuiser drastiquement. Bien entendu, l'une des causes de ces changements était, disons, mécanique : on ne peut espérer vivre à 28 comme à 6 ou même 12. Mais nos gouvernants – et cela remonte bien avant 2012 – ont donné l’impression que la France, qui n’était plus perçue comme celle de Jean Monnet ou de Jacques Delors, pouvait conserver un statut identique, couronnée d’éternels lauriers et partageant son sceptre avec la seule Allemagne… De là, s’est construite et répandue une image d’arrogance de la France, qui finit par former un préjugé assez systématique à l’encontre de nos représentants, quelle que soit ou ait pu être leur excellence, dans les différentes instances de confection des décisions, de leur adoption et de leur mise en œuvre. Et voilà que le Président français, au lieu de redonner aux pays partenaires des raisons de percevoir autrement la France en tant qu’acteur européen, brandit la pire des caricatures : tel un acteur de commedia dell’arte tombant le masque, le voilà soudain sous les traits d’un tacticien roué, "à qui on ne la fait pas, hein Angela ?", manœuvrant comme dans les coulisses d’un congrès du PS à la bonne vieille époque de la synthèse inter-courants, agitant sous le nez de la Commission et des Etats trop obsédés par les règles budgétaires la menace de laisser l’Europe sans défense. On croit cauchemarder !

Franchement, je ne pense pas que le message en creux, si tant est qu’il y en ait un et qu’il soit constructif pour l’Europe à construire, ait la moindre chance de convaincre. On y verra plutôt un Président français en fin de course qui prend ses désirs pour des réalités, bombant le torse pour faire oublier son inaction et son absence de propositions fortes, susceptibles d’être l’objet d’un vrai débat, puis d’un consensus suffisant pour relancer l’Europe à un moment crucial de son existence. Or, c’est l’inverse qui a lieu car François Hollande se met à dos tout le monde : la Commission européenne en laissant entendre qu’il la laisse gentiment "pisser dans un violon" en se jouant de ses menaces de sanction ; l’Allemagne, Angela Merkel et son intraitable ministre des Finances Wofgang Schaüble, en ridiculisant leurs pressions pour faire rentrer le déficit budgétaire français dans les clous ; et aussi tous les Etats membres qui, parfois avec d’énormes difficultés politiques, économiques et sociales, n’ont pas le luxe de disposer des moyens militaires de faire du chantage diplomatique au moment de rendre des comptes. Carton plein…

Mathieu Mucherie : On se place sans jamais vraiment le contester dans le cadre de Maastricht. Les 3% de déficits ont été inventés sur un coin de table (pas Ikea) par Francisque Mitterrand (l’inventeur de l’euro et du FN). Ils ne signifient strictement rien économiquement : on peut faire 3% de "bons" déficits si on est en crise ou si on investit pour l’avenir, et 1% de très mauvais déficits si on est en haut de cycle et qu’il s’agit surtout d’une dérive des charges courantes. Ils ne signifient strictement rien financièrement, d’autant que les taux ne sont plus à 5% mais très proches de 0%. Le simple fait de respecter (ou plus exactement, dans le cas français : de faire semblant de respecter) une règle aussi infondée, voilà qui est déjà révélateur, en matière de démission intellectuelle et politique. En bonne logique économico-fiscale, soit on ne norme rien (on fait confiance au marché et/ou à la banque centrale pour discipliner les émetteurs de dettes), soit on norme le stock de dettes, en termes réels et structurels (depuis Maastricht, on a normé le solde, en nominal et sans tenir compte du cycle). L’idéal aurait été de normer la dépense publique au sens large, mais à gauche personne ne voulait (les mêmes qui nous causent d’harmonisation fiscale européenne…). Bref. On ne pouvait probablement pas demander à un rejeton de Delors et de Mitterrand d’imaginer un cadre comptable plus convenable, puis de l’imposer aux Allemands, surtout au vu des comptes publics marécageux de la France (merci Chirac, merci plein de gens) et de la prolongation de la crise de 2008. Mais du coup, on commence ce débat en position de quémandeur, déjà c’est mal parti.

Quelles sont les pistes de réformes et les alternatives que nous pourrions mettre en place, pour peu qu'un président français prenne la mesure des pouvoirs qui sont les siens ? Quelles en sont les limites ? 

Mathieu Mucherie : Ici, Hollande dévoile un secret de polichinelle. Cela fait longtemps que de nombreux officiels (je pense par exemple aux mémoires de Jacques Attali je ne sais plus quand et où) disent qu’on a plus de poids à la table des négociations quand on a sous l’eau deux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (ce qui n’est pas le cas de nos partenaires et pas encore le cas de la BCE). Cela permet en effet d’être beaucoup mieux traité que la Grèce ou l’Irlande, et de continuer notre existence de cancre dans une relative impunité. Mais cela ne vaut pas les privilèges exorbitants dont bénéficie l’Allemagne, qui via son triangle monétaire infernal (Berlin-Karlsruhe-Francfort) réussit le prodige de piloter une grande partie de la BCE avec 2 votes sur 17, tout en se réservant une sorte de droit de veto monétaire exclusif (au cas où).

Or, la France est un grand pays sur le Vieux continent, et un membre fondateur, et un morceau indispensable à toute union monétaire et politique significative : avec le pouvoir égalisateur de l’atome et de la monnaie, pourquoi la France ne pèse-t-elle pas presque autant que l’Allemagne, avec en outre un écart croissant d’influence en notre défaveur ? Parce que la France a surinvesti son capital politique/diplomatique dans la PAC (pour d’obscures raisons clientélistes) et dans les questions budgétaires sans intérêt (sans jeu de mots), laissant les choses sérieuses (les questions monétaires) à l’Allemagne. Cette dernière n’a gagné qu’un seul prix Nobel dans les sciences économiques, mais elle a parfaitement compris que le contrôle (même indirect et imparfait) de la monnaie vaut bien plus que l’ensemble des questions fiscales, réglementaires, agricoles, etc. Sur ce point, les marchés financiers et les élites germaniques sont en parfait accord autour d’une vision pragmatique que toutes les données confirment, surtout depuis 2008 mais au fond depuis assez longtemps : "Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation, et je me moque de qui fait ses lois" (Meyer Amschel Rothschild). Les Allemands défendent leurs intérêts, avec au fond une vision quasi-gaulliste de la monnaie, nous défendons nos céréaliers et nos fonctionnaires.

Alain Wallon : Les pistes de réforme de l’édifice européen ne manquent pas. Qu’il s’agisse de la gouvernance de la zone euro par l’Eurogroupe, groupe informel dont le manque quasi-total de transparence et l‘absence de légitimité démocratique l’a mené au bord du gouffre, lors de la dernière crise de la dette grecque, ou du besoin ressenti par tous d’une autre Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) à la hauteur des défis en matière notamment de défense, ce qui inclut la lutte anti-terroriste. Des instruments existent qui peuvent être actionnés, à condition que la volonté politique soit là et donc les investissements nécessaires consentis.

Pour ce qui est de la zone euro, des projets circulent qui visent à la doter d’un Parlement qui pourrait être un sous-ensemble du Parlement européen et/ou composé de représentants des Parlements nationaux. L’articulation entre ces deux sources de légitimité serait à mon avis indispensable pour rapprocher cette instance des citoyens. Un autre point-clé et qui semble incontournable est celui de la création d’un véritable budget européen d’investissement, seul à même de pouvoir permettre une relance de l’économie européenne.

Les traités européens actuels recèlent nombre d’instruments, comme les coopérations renforcées ouvertes aux pays volontaires et à ceux qui décideraient de les rejoindre, qui ont le mérite de permettre avec souplesse des actions non obligatoires pour tous sans pour autant créer une Europe à deux vitesses. Il est tout à fait possible de poursuivre la construction européenne en respectant les différences et divergences entre partenaires à la condition expresse de ne pas remettre en cause le socle commun de valeurs et de principes, ceux de l’Etat de droit, sur lesquels est basée l’Union européenne. Il s’agit de rassembler, d’unir des volontés, non de formater et de niveler. A ce propos, il faudra bien qu’un jour soient précisées – et donc adoptées par les Etats membres – les sanctions qui doivent s’appliquer, d’abord financières (gel des aides européennes) selon une procédure claire et réaliste. En résumé : ni deux vitesses - inacceptable pour les plus petits des Etats membres et prémice d’éclatement -, ni deux systèmes, l’un avec et l’autre sans l’Etat de droit ! Un président français, par la place centrale et historique de son pays dans la construction européenne et par les pouvoirs élevés que lui confère la Constitution de la Vème République, dispose d’instruments puissants au plan européen. A condition de s’en servir et de les déployer pour le long terme et non pour de pures visées électorales.

Comment expliquer l'inactivisme de François Hollande dans un contexte où il aurait pourtant été possible d'intervenir ?

Alain Wallon : Les propos recueillis par les deux journalistes du Monde confirment ce que la plupart des observateurs de la politique européenne avaient pu constater à maintes reprises : la France, pays initiateur puis fondateur de l’Europe unie, est apparemment dans l’incapacité aujourd’hui à formuler une piste sérieuse et crédible pour mettre fin aux crises qui agitent la maison commune.

L'une des raisons, mais ce n’est pas la seule, en est le manque de conviction européenne de François Hollande. Si l'on excepte le moment où, une majorité de membres de l’Eurogroupe s’emballant dangereusement sous la houlette de Schaüble, il a contribué auprès d’Angela Merkel à faire pencher la balance pour garder la Grèce dans la zone euro, le Président français a surtout donné l’impression de considérer la question européenne sous l’angle d’un fardeau, d’un frein à son ambition de gouverner "normalement", "pépère", pour reprendre le sobriquet dont certains l’ont affublé au Château, avec en seule ligne de mire sa réélection. La rigueur budgétaire peut bien sûr être discutée, voire critiquée, mais la pire façon de convaincre les Etats membres, Allemagne en tête, qui s’y accrochent, c’est sans doute d’esquiver ce débat de fond et de tenter de contourner en douce, par petites touches pour mieux banaliser l’opération, l’exigence du Pacte européen de stabilité et de croissance (que nous avons signé) de rester au-dessous de la barre des 3%. C’est pourtant ce que la France a passé son temps à concocter, jouant au chat et à la souris avec la Commission, se réservant ainsi des marges de manœuvre financières pour la période des cadeaux pré-électoraux récemment ouverte.

Comment, dans ces conditions, recomposer l’attelage franco-allemand autrement qu’en faisant semblant de partager un objectif commun plus dynamique et mobilisateur que la simple sauvegarde du statu quo ? De plus, le vote britannique en faveur du Brexit a apporté un brutal élément de déséquilibre dans la position allemande, la privant des bénéfices du ménage à trois (France, Allemagne et Angleterre) qui lui évitait le difficile tête-à-tête avec la France. La Pologne, seul pays qui aurait pu constituer un remplaçant, s’est enfermée pour l’instant dans un nationalisme exacerbé. Mme Merkel voit s’éloigner de surcroît, avec angoisse, la perspective d’un "soft Brexit" qui lui paraissait la solution de moindre mal pour conserver au maximum ses liens commerciaux, notamment d’exportateur pour le marché automobile, avec la Grande-Bretagne. Enfin, l’Allemagne craint par-dessus tout que la France et l’Italie profitent du Brexit pour exiger une meilleure répartition des excédents, les siens au premier chef, aux fins de relancer la croissance atone en Europe.

Dans de telles conditions, il semble que François Hollande ait choisi, sinon l’attentisme, du moins une position en "stand-by" qui y ressemble fort. S’agit-il pour autant d’un "momentum" favorable pour la France qui pourrait tirer parti de cet isolement allemand pour retirer la couverture à elle et prétendre assurer à nouveau un rôle pivot au sein de l’Europe ? Ou devrait-elle plutôt s’attacher à rassurer l’Allemagne sur ses intentions de "remariage" pour leur couple en lui redonnant confiance sur le respect de ses engagements budgétaires et en retissant patiemment les liens rompus ou en jachère sur des dossiers où une action concertée est possible ? En tous cas, une attitude de matamore en habits guerriers, comme claironnée dans les entretiens d’Hollande avec les journalistes Lhomme et Davet, complétée par des confidences de joueur de bonneteau, est certainement la moins appropriée pour séduire à nouveau le partenaire allemand et tisser des liens sur les dossiers majeurs avec le plus de partenaires européens possible. Car c’est ainsi que le soupçon d’arrogance aura une chance de se dissiper, permettant de remodeler un autre visage, plus ouvert et moins hautain à notre diplomatie au sein de l’Europe.

Mathieu Mucherie : Alors "que faire ?", disait Lénine.

Primo, ne pas se bercer d’illusions pour mai 2017. Le populo va vouloir se débarrasser du pouvoir actuel, et pas tendrement. Cela ne changera rien économiquement, bien entendu, puisque le pouvoir est à la BCE, mais au moins ça fera plaisir quelques instants : la France d’en-bas n’a pas souvent eu l’occasion de rire après 8 années pleines de déflation et de "convergence lente mais courageuse vers la règle des 3%". Un score humiliant serait d’ailleurs mérité, car la Hollandie n’a même pas essayé (là où la Sarkozie et même la Jospinie d’une certaine façon avaient tenté des choses). Il faut juste espérer que la colère des faibles s’apaise avant des dérives malsaines et protectionnistes (ça sert à quoi un déficit à 2,9% du PIB financé à 0,2% avec des extrêmes à 45% qui rendent le pays ingouvernable ?).

Deusio, ne pas se bercer d’illusions pour septembre 2017 : les Allemands resteront allemands, unanimes à soutenir la Bundesbank, arc-boutés sur des dogmes, des totems et des tabous monétaires qui impressionneront toujours l’énarque franchouillard dont la culture monétaire se résume à 3troiscours à Sciences-po dans les années 1980 (pour rester gentil). Un système de représentations et de formation des élites, ça ne se change pas rapidement.

Tertio, ne pas se bercer d’illusions pour 2018, 2019, 2020, etc. Car on a donné à la BCE de quoi défendre ses bastions même en cas de (très improbable) réveil du peuple ou de ses représentants : par exemple, en plus des taux d’intérêt et des taux de changes, et autres moyens de pression, la supervision des banques (qui, concrètement, autorise la BCE à faire chanter n’importe qui n’importe quand : que valent les 3% de déficits s’ils nous disent un jour qu’il manque 15 milliards de capital à la Société Générale et autant au Crédit Agricole, sachant qu’il faudra bien alors calmer les marchés... avec de l’argent public si j’en crois le cas italien ?).

Sans rire, la BCE vient de créer un comité d’experts (!) chargé de forcer la main des gouvernements en matière de "réformes structurelles", un domaine qui, si l'on a pris la peine de lire le Traité européen, n’est pas du tout sous sa juridiction (à propos, le même Traité stipule que la politique de taux de changes est à la main des ministres des Finances : il paraît qu’à Francfort on en rigole encore). Personne n’en parle, et c’est ça le pouvoir : quand les médias se focalisent sur 3,5% plutôt que 2,9%, au lieu de parler des OPA institutionnelles qui se multiplient, toujours dans le même sens, le sens des autorités monétaires indépendantes, inamovibles, non-élues et (si j’en crois les chiffres de PIB et d’inflation depuis 2008) pas même compétentes.

Voilà comment je vois les choses : sur la place publique, le commissaire du peuple Moscovici (prix RH du reclassement préventif) fera son numéro tous les trois mois sans trop de conviction (de si bons conseils après de si fâcheux exemples), et Notre Président Juppé haussera un jour la TVA si on lui demande de coller aux 3% (il l’a déjà fait…) : l’avenir, si bien expliqué et préparé par le pouvoir actuel, s’annonce radieux pour la BCE.

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