Mimi Alford, la Monica Lewinsky de John Fitzgerald Kennedy<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Mimi Alford en 1962.
Mimi Alford en 1962.
©Collection personnelle de Mimi Alford

Un secret bien gardé

Ce jeudi sort en France l'autobiographie de Mimi Alford, cette jeune stagiaire à la Maison Blanche de 19 ans qui aura fréquenté de près le Président des Etats-Unis pendant plus de 18 mois. Extrait d'"Une singulière histoire d'amour".

Mimi Alford

Mimi Alford

Mimi Alford a fait un stage au service de presse de la Maison Blanche en 1962. Dans "Une singulière histoire d'amour", elle raconte sa relation intime avec le Président John F. Kennedy.

Voir la bio »

La piscine, au-dessus de laquelle se trouvent désormais le service de presse et la salle de réunion, était une véritable petite oasis dont le décor était calqué sur celui d’une île tropicale. Sur trois côtés, des fresques murales laissaient voir des palmiers et des petits bateaux à voile qui glissaient sur les flots turquoise. C’était là un cadeau de Joseph Kennedy à son fils John, orchestré par Jackie. Le dernier mur était quant à lui recouvert de miroirs, pour donner de la profondeur. En passant devant, j’ai jeté un coup d’œil discret à mon reflet et je poussai discrètement un soupir de soulagement. Si je n’avais pas beaucoup de rondeurs, je n’étais pas si mal que ça avec mes grandes jambes, mon mètre quatre-vingts et ma taille fine.

Dave Powers s’est joint à nous, enfin en quelque sorte. Après avoir enlevé ses chaussures, relevé le bas de son pantalon, il s’est assis au bord de la piscine pour se tremper les pieds dans l’eau. Quant à moi, j’ai plongé, pressée de me rafraîchir et de retrouver Fiddle et Jill déjà en train de barboter. À ma grande surprise, l’eau était aussi chaude que dans une baignoire. J’ai appris ensuite, qu’à la demande de Kennedy, elle était toujours à 32°, afin de soulager ses douleurs dorsales qui revenaient régulièrement. J’étais en train de faire du surplace en compagnie de mes collègues et de leur demander si les sandwiches et les boissons que l’on voyait au bord de la piscine étaient pour nous, quand arriva Kennedy.

Il s’arrêta au bord de la piscine. Bronzé, il avait fière allure en costume-cravate.

— Ça vous dérange si je nage avec vous ? nous demanda-t-il.

— Je vous en prie, monsieur le Président, lui répondit Fiddle, qui ne se démontait jamais.

Il partit se changer dans le vestiaire, et revint peu après en maillot de bain de couleur sombre. Pour un homme de quarante-cinq ans, il avait un corps parfait, avec un ventre plat et des bras musclés. Fiddle et Jill n’eurent pas l’air étonnées de le voir se baigner, preuve qu’elles en avaient l’habitude et que ça n’avait donc rien de bizarre.

Kennedy se glissa dans l’eau et me rejoignit à la nage.

— Vous vous appelez Mimi, c’est ça ?

— Oui, monsieur le Président.

— Et vous travaillez au service de presse cet été, c’est ça ?

— Oui, monsieur le Président.

— Est-ce que Pierre est gentil avec vous ?

— Oui, monsieur le Président. Je le trouve très sympathique.

— Qu’est-ce qu’il vous a donné à faire ?

Je lui parlai de mes trois activités principales, couper les bandes des télex, assurer la permanence téléphonique et archiver les photos de presse.

— J’espère que ce ne sera pas trop fastidieux. Vous vous êtes trouvé un logement convenable pour l’été ?

— Oui. J’habite à Georgetown avec une femme qui travaille au Département d’État.

— Bon, j’ai été ravi de vous voir, Mimi.

Il s’éloigna pour aller retrouver Fiddle et Jill. J’ai fait le tour du bassin, puis j’ai engagé la conversation avec Dave. Kennedy sortit de l’eau, ce qui signifiait, m’annonça mon interlocuteur, que la récréation était finie. Je mangeai un morceau, puisque cette petite séance de natation s’était substituée à ma pause-déjeuner, puis je me changeai et regagnai mon bureau.

Une fois dans le local exigu réservé au service de presse, entourée de femmes qui travaillaient pour Kennedy depuis qu’il était entré en fonction, je compris enfin à quelles réactions m’exposait mon comportement. Je me sentis soudain très gênée, comme si tout le monde savait où j’étais allée et m’observait avec désapprobation. Ce n’était d’ailleurs pas très difficile de le deviner, il n’y avait qu’à voir mes cheveux mouillés – qui de surcroît empestaient l’eau de Javel. Personne, cependant, ne me fit la moindre remarque. Et de mon côté je n’avais pas l’intention d’en parler, surtout que mes collègues risquaient de ne pas apprécier que je me sois trouvée en présence de Kennedy, et cela dans des circonstances très particulières. Barbara Gamarekian, par exemple, affirmait qu’elle avait participé à toute sa campagne et qu’elle travaillait déjà depuis un an et demi à la Maison-Blanche avant qu’il ne se décide à l’appeler par son nom. C’est ce qu’elle reconnaît dans son témoignage recueilli sur bande magnétique et qui est conservé à la bibliothèque John-Kennedy de Boston. « Quand j’ai regagné le bureau, j’étais au Septième Ciel, je m’en souviens, et je disais à tout le monde : “Il sait comment je m’appelle, vous vous rendez compte !” »

_______________________________________

Extraits de Une singulière histoire d'amour, Oh Editions (9 février 2012)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !