Et pan pour les tenants de la stagnation séculaire ? Les Etats-Unis enregistrent une croissance spectaculaire du revenu médian de tous les ménages en 2015<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Et pan pour les tenants de la stagnation séculaire ? Les Etats-Unis enregistrent une croissance spectaculaire du revenu médian de tous les ménages en 2015
©wikipédia

Golden year

Selon les données publiées par le Census Bureau, le revenu médian des ménages américains aurait progressé de 5.2% entre 2014 et 2015. Ces données confirment que l’économie américaine se trouve dans une situation quasi-optimale et que le marché du travail est en situation de plein-emploi.

Christopher Dembik

Christopher Dembik

Avec une double formation française et polonaise, Christopher Dembik est diplômé de Sciences-Po Paris et de l’Institut d’Economie de l’Académie des Sciences polonaise. Il a vécu cinq ans à l’étranger, en Pologne et en Israël, où il a travaillé pour la Mission Economique de l’Ambassade de France et pour une start-up financière. Il est responsable de la recherche économique pour le Groupe Saxo Bank. 

Voir la bio »

Atlantico : Selon les données publiées par le Census Bureau, le revenu médian des ménages américains aurait progressé de 5.2% entre 2014 et 2015. De la même façon, 3.5 millions de familles sont passés au-dessus du seuil de pauvreté, soit une baisse de 1.2 point du taux de pauvreté dans le pays. Que nous disent ces chiffres de la situation économique et sociale des Etats-Unis ? 

Christopher Dembik : Ils prouvent sans l’ombre d’un doute que la reprise économique aux Etats-Unis est bien là. Bien évidemment, la croissance est à un rythme inférieur aux précédentes phases de sortie de crise mais c’est un phénomène qu’on observe partout dans le monde et qui ne concerne pas que les Etats-Unis. Comparé aux autres pays développés, à l’exception du Royaume-Uni avant le Brexit, les Etats-Unis affichent une excellente santé économique et financière. Le marché du travail est en situation de plein emploi, avec un taux de chômage officiel qui représente 4,9% de la population active. Le ralentissement au niveau des créations d’emplois qu’on avait constaté au printemps n’était que passager. En juillet dernier, il y a eu ainsi 255 000 nouveaux jobs créés. Certes beaucoup sont des emplois low-cost mais il n’en demeure pas moins que le panorama économique américain est plutôt sain. On peut également ajouter que le système bancaire est plus solide qu’avant 2008, car il a été massivement purgé de ses prêts non performants, ce qui n’est pas le cas partout en Europe, par exemple en Italie. On peut toujours critiquer le modèle économique américain, le fait qu’il soit porteur d’un accroissement des inégalités mais il est en mesure de créer rapidement de la richesse et de l’emploi, même après avoir connu une crise économique qui était d’une ampleur inégalée depuis 80 ans.

Quelles ont été les politiques menées aux Etats-Unis qui ont fonctionné et permis de tels chiffres de progression des revenus ?

Il faut faire la part des choses. Il y a aux Etats-Unis pas moins d’une centaine de politiques sociales et économiques différentes menées à tous les échelons administratifs, avec un poids prépondérant des Etats. Washington, autrement dit le gouvernement fédéral, est surtout là pour orienter certains grands projets depolitique industrielle, ce qui a été fait sous Obama en particulier en direction des énergies renouvelables, ou stimuler l’économie via des baisses massives d’impôt, levier qui avait été actionné à deux reprises avec succès par G. Bush en 2001 et en 2006. Dans le détail, il y a toutefois un fait marquant qui peut expliquer la progression des revenus, qui elle-même résulte d’une situation de plein-emploi sur le marché du travail. Il s’agit de la politique monétaire ultra-accommodante de la banque centrale américaine qui a consisté à baisser les taux d’intérêt proches de zéro, ce qui a permis une relance de l’investissement des entreprises, et qui a abouti à des rachats d’actifs sur les marchés financiers. Une telle politique monétaire n’est pas exempte de critiques : elle a plus avantagé Wall Street que Main Street et a conduit à faire progresser le prix des actifs financiers dans des proportions inquiétantes. On peut craindre la formation de bulles sur certains segments de marché, comme les valeurs internet et les valeurs biotechs. Toutefois, dans le même temps, elle a permis un rétablissement du marché du travail plus rapidement que prévu. Comme l’indique la théorique économique, une situation de plein-emploi est propice à une hausse des salaires. Cela s’est vérifié dans les chiffres. Ainsi, en juillet dernier, l’augmentation du salaire moyen fut de 0,3% sur un mois et se situe désormais à son plus haut niveau depuis la Grande Récession.

Au regard de ces statistiques, quelles conclusions peut-on tirer ? 

Pour l’économiste de banque, les bonnes données qui viennent d’être publiées vont dans le sens d’une augmentation prochaine des taux de la banque centrale américaine. Lorsqu’on met en parallèle la hausse des revenus avec des indicateurs suivis par la Fed, comme le NAIRU (niveau auquel l’économie est en équilibre et les pressions inflationnistes ne sont ni à la hausse ni à la baisse) ou encore le niveau de l’inflation (1,6%), tout indique que le 21 septembre prochain, l’institution a les mains libres pour durcir sa politique monétaire si elle le souhaite. Pour les marchés financiers, c’est une échéance très importante d’où la certaine fébrilité qu’on constate actuellement sur plusieurs classes d’actifs, comme les indices ou les indicateurs de volatilité (comme le VIX).

Pour l’économiste de banque, les bonnes données qui viennent d’être publiées vont dans le sens d’une augmentation prochaine des taux de la banque centrale américaine. Lorsqu’on met en parallèle la hausse des revenus avec des indicateurs suivis par la Fed, comme le NAIRU (niveau auquel l’économie est en équilibre et les pressions inflationnistes ne sont ni à la hausse ni à la baisse) ou encore le niveau de l’inflation (1,6%), tout indique que le 21 septembre prochain, l’institution a les mains libres pour durcir sa politique monétaire si elle le souhaite. Pour les marchés financiers, c’est une échéance très importante d’où la certaine fébrilité qu’on constate actuellement sur plusieurs classes d’actifs, comme les indices ou les indicateurs de volatilité (comme le VIX).

Le sujet vous intéresse ?

À Lire Aussi

Helen Pearson : "L'étude que nous avons menée sur 70 ans a montré que les personnes nées en 1970 ont des revenus beaucoup plus bas que leurs parents ou que celles nées en 1958"Croissance en berne, stagnation des revenus, angoisses et populisme en hausse… et si l'explication était limpide : le monde a trop de travailleurs (mais voilà ce qu'on peut faire)

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !