Christian Estrosi : "La France est sans doute le seul pays au monde dont l’identité est avant tout culturelle"<!-- --> | Atlantico.fr
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L’élection de 2017 sera l’élection de la dernière chance. Il faudra donc que l’on propose aux Français un projet de redressement national pour bâtir pendant les 5 prochaines années une France nouvelle où l’économie sera redressée et l’autorité restaurée.
L’élection de 2017 sera l’élection de la dernière chance. Il faudra donc que l’on propose aux Français un projet de redressement national pour bâtir pendant les 5 prochaines années une France nouvelle où l’économie sera redressée et l’autorité restaurée.
©Reuters

Entretien politique

Affaire Bygmalion, primaire de la droite et du centre, soutien à Nicolas Sarkozy et attentat de Nice : le président de la région PACA Christian Estrosi s'exprime pour Atlantico sur l'actualité politique de la France, le regard déjà tourné vers 2017.

Christian Estrosi

Christian Estrosi

Christian Estrosi est Président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et premier adjoint au maire de Nice (LR). Il a été ministre chargée de l’Industrie de 2009 à 2010.

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Atlantico : Le parquet a annoncé lundi 5 septembre le renvoi en correctionnel de 14 personnes dont Nicolas Sarkozy, dans le cadre de l'affaire Bygmalion. Comment cette nouvelle a-t-elle été accueillie dans son équipe ? Et comment comptez-vous gérer l'agenda juridique de l'ex-chef de l'Etat au cours de sa campagne ?

Christian Estrosi : Tout d’abord, il s’agit de simples recommandations du parquet. Il appartiendra, par la suite, aux juges de les suivre ou pas. Bien entendu, Nicolas Sarkozy n’est pas au-dessus des lois, et ce n’est pas ce qu’il demande. Mais il ne saurait être en-dessous ! Il est donc toujours présumé innocent. Je note également qu’il n’a jamais été condamné et que la justice a systématiquement reconnu son innocence. Enfin, je ne peux que m’interroger sur le calendrier. Seulement quelques jours après l’annonce de sa candidature et alors qu’une réelle dynamique se crée autour de lui, le parquet rend public ses recommandations. C’est tout de même très curieux. J’ai un principe au sujet de la justice. Je n’aime pas quand la politique se mêle de la justice mais je n’aime pas non plus quand la justice fait de la politique.​

Vous avez annoncé fin août votre intention de soutenir Nicolas Sarkozy pour la campagne de la primaire dont le vote aura lieu fin novembre. Comment expliquez-vous votre choix ? Partagez-vous les mêmes idées ? 

L’élection de 2017 sera l’élection de la dernière chance. Il faudra donc que l’on propose aux Français un projet de redressement national pour bâtir pendant les 5 prochaines années une France nouvelle où l’économie sera redressée et l’autorité restaurée. Si je me suis engagé aux côtés de Nicolas Sarkozy, c’est parce qu’il est le meilleur pour faire emprunter cette voie à la France. C’est également le meilleur rempart au Front national. Pour faire durablement reculer le clan Le Pen, nous devrons mener trois batailles. Tout d’abord la bataille des idées. Il faudra engager un combat politique contre l’extrême-droite qui ne peut pas être considérée comme une droite extrême. Entre le FN et les Républicains, il y a une rupture de valeurs. Il faudra également réformer notre économie pour la libérer de ses carcans et recréer massivement des emplois. Si nous réglons les problèmes économiques de la France, alors le Front national reculera. Enfin, il faut engager la bataille culturelle. Au cœur de cette bataille, il y a la question de notre identité. La France est sans doute le seul pays au monde dont l’identité est avant tout culturelle. Nicolas Sarkozy est le seul candidat à avoir compris cet enjeu.

Qu'attendez-vous de cette campagne, et quel rôle souhaitez vous y tenir ? 

Cette campagne doit nous permettre de trancher définitivement la ligne politique et les propositions que nous ferons aux Français par la suite. L’élection présidentielle ne pourra pas se jouer uniquement sur les questions identitaires. Bien sûr, elles sont fondamentales, mais il y aura aussi un enjeu économique et social très fort. J’entends être la boîte à idées de Nicolas Sarkozy pour contribuer à nourrir le projet économique que nous proposerons aux Français. Il devra être en rupture très franche avec les années Hollande qui n’ont créé que de la désespérance dans notre pays !

Les différents candidats sont critiqués pour dessiner des programmes économiques peu en rapport avec le monde d’aujourd’hui. Ainsi, le G20 de ce week-end a abordé des questions telles que la faible croissance mondiale ou les inégalités. Quelles sont vos réponses à ces questions ? Comment inscrire l'économie française dans un discours européen, et comment inscrire l'Europe au sein de la mondialisation ?

L’Europe n’est pas un choix, c’est une nécessité. La France du Frexit que nous promet Madame le Pen, c’est une France sans voix et sans pouvoir car les 66 millions de Français que nous sommes, s’ils sont isolés, ne pourront pas se faire entendre face à 7 milliards d’êtres humains. Il faut donc relancer le projet européen non seulement sur le volet économique mais aussi sur le plan politique, tout en veillant à protéger la souveraineté des nations.

Un sondage Ifop pour Atlantico montre que les Français adhèrent de moins en moins aux valeurs et aux discours théoriques, leur préférant des éléments concrets (le sondage portait en l'occurrence sur les valeurs républicaines et sur l'identité nationale). Comment pensez-vous qu'il faut s'adresser aux Français en matière économique ?

Avec les chefs d’entreprise, on ne peut plus être dans la technique et les déclarations d’intention. Ils souffrent et sont inquiets de leur avenir économique. Notre devoir est au contraire de leur démontrer que lorsqu’on est aux responsabilités, ça fonctionne mieux. C’est ce que je m’efforce à faire en tant que président de Région. Lorsqu’avec Nicolas Sarkozy, nous plaidons pour baisser les impôts et les charges et que dans le même temps je supprime un impôt dans ma région, forcément cela crédibilise notre discours. Lorsque nous nous engageons pour une France qui encourage ses entrepreneurs à investir et qui instaure un climat de confiance dans les entreprises et que dans le même temps, le président de Région que je suis met en place un guichet unique pour les entreprises et implante 12 opérations d’intérêt régional sur son territoire, cela donne du crédit à nos propositions. C’est ainsi que nous devons aborder la prochaine élection présidentielle.

Nice, ville que vous administriez avant votre victoire aux élections régionales, a vécu cet été l'une des attaques terroristes les plus graves de ces deux dernières années. Après l'état de choc, au niveau local, et en lien avec l'actuelle mairie, quelles sont les réponses que vous avez pu apporter à la population ?  De manière plus personnelle, plus d'un mois après l'attentat, comment percevez vous les réactions de la population  ?

Nous avons vu la guerre sous nos yeux. La promenade des Anglais que nous empruntons chaque jour et qui dans le monde entier est le symbole du bien vivre ensemble était tout d’un coup devenu un champ de bataille. Jamais nous ne panserons ces plaies-là. Mais dans le même temps, c’est un message d’espérance que je veux porter. Nice est certes meurtrie, mais Nice est toujours debout. Les barbares qui ont voulu nous anéantir et nous diviser nous ont au final rassemblé contre eux. Toujours, sur la baie des Anges, le soleil brillera plus fort que l’obscurantisme.

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