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Comment arrêter scientifiquement une invasion de zombies
©Reuters

Scénario catastrophe

Les épidémies de zombies inspirent des scénarios de fiction populaires et fantaisistes. Mais ce n'est pas leur seul intérêt. La figure du zombie est un puissant outil de communication permettant aux gens de s'informer sur des épidémies réelles qui pourraient être tout aussi (voire plus) dangereuses.

Simon Cauchemez

Simon Cauchemez

Simon Cauchemez est responsable de l'unité de Modélisation Mathématique des Maladies Infectieuses à l'Institut Pasteur

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Atlantico : Dans quelle mesure le fait d'étudier l'hypothèse d'une invasion de zombies (ou mort-vivants) peut-il être intéressant pour nous aider à comprendre comment une épidémie se répand, s'il devait y en avoir une de cette ampleur ?

Simon Cauchemez : Je ne pense pas qu'étudier une épidémie de zombies soit intéressant pour comprendre les épidémies. Généralement, quand on étudie le fonctionnement d'une épidémie, on s'intéresse avant tout à des scénarios réalistes.

En revanche, là où ça peut être intéressant, c'est en se servant d'un outil de communication. Si l'on communique autour d'épidémies, de virus ou de pathologies terre-à-terre, cela ne captera pas forcément l'attention des gens. Alors que si on parle de zombies, qui apparaissent comme un fantasme pour beaucoup, les gens seraient plus à même d'être attirés et d'écouter. Les épidémies de zombies sont en soi un puissant outil de communication.

Cela permet de mieux communiquer autour des épidémies et de faire connaître aux gens ce qui peut être mis en place. A ce sujet, le CDC (Center for Disease Control) avait lancé une campagne de communication sur les situations de crise en cas d'épidémies de zombies, qui avait connu un grand succès.

Il y a un aspect ludique et informatif dans cette approche, notamment sur les comportements à adopter et les interventions possibles, car ce sont les mêmes qu'en cas d'inondations, d'incendies etc. Si cette campagne n'avait pas été lancée, peut-être que le nombre de personnes qui auraient vu le message aurait été beaucoup moins important.

Par quels moyens, et surtout comment, les épidémiologistes envisageraient-ils de traiter ce type d'épidémie ? Quelles stratégies seraient-ils susceptibles de suivre ?

Je pense qu'ils traiteraient cette épidémie de la même manière que lors d'une épidémie animale, comme le montre l'étude (voir ici), avec la mise en quarantaine, l'abatage des individus et des zones infectées. Il faut adapter les stratégies présentes lors des épidémies, car il faut prendre en compte tous les éléments qui composent le pathogène, comme son mode de transmission, si c'est par voie respiratoire ou par contact. Beaucoup de travaux de planification ont été mis en place pour des situations d'attaques terroristes, d'anthrax, de varioles etc. au début des années 2000. On s'est ensuite intéressé aux variantes de grippes pandémiques sévères. Les interventions à mettre en place vont donc varier d'un pathogène à l'autre, selon le mode de transmission, sa sévérité ou sa transmissibilité. Les questions liées à la gestion d'épidémies et à ses conséquences ont été très largement traitées dans la littérature scientifique, et l'état et le gouvernement ont des plans à mettre en place dans ces situations. 

Quels types de maladies ou de virus pourraient être semblables à une épidémie de mort-vivants ? Est-on capable de les enrayer ?

Je pense à la rage, dans le sens où il y a un changement des comportements de l'individu. Mais bien entendu, aucun virus n'a le potentiel de propagation d'un virus zombie. L'autre agent pathogène similaire qui peut être intéressant, c'est la toxoplasmose. C'est un pathogène que l'on retrouve chez le chat. Il est décrit comme un prédateur qui va contrôler une souris pour atteindre un chat. Il va donc pousser la souris à se faire manger par ce dernier. Des études ont démontré que ce pathogène – la toxoplasmose – change le comportement de la souris, qui a normalement peur des odeurs de chat et qui s'en éloigne le plus possible, et fait qu'elle n'en a plus peur et va même jusqu'à s'en approcher. Cela a été observé à la fois chez la souris avec le chat, mais aussi chez le singe et les grands félins. Certains pathogènes sont suceptibles de changer le comportement des individus pour faciliter la transmission mais nous sommes très loin des conséquences liées à une invasion de type zombies. Enfin, pour ce qui est du traitement de ces pathogènes, la rage en particulier, car la toxoplasmose n'atteint pas l'homme, nous sommes tout à fait capable de les traiter.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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