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Chômage de masse, augmentation des embouteillages… Pourquoi l’arrivée des voitures sans chauffeur n’est pas forcément une aubaine pour les villes de l’Hexagone
©Reuters

A contresens

De nombreux acteurs automobiles imaginent les avantages et inconvénients liés à l'apparition des voitures autonomes. Dans l'idéal, ces voitures pourraient réduire l'engorgement des villes. Mais selon certains experts, elles pourraient augmenter grandement le trafic et causer de nombreux soucis logistiques et structurels.

Laurent  Meillaud

Laurent Meillaud

Laurent Meillaud est journaliste, écrivain et consultant spécialisé dans l'automobile et les nouvelles technologies. Il anime le blog Voitures du Futur.

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Atlantico : Comment les voitures autonomes pourraient-elles générer plus de trafic ? Qui sont les acteurs potentiels pouvant être intéressés par ce type de transports ?

Laurent Meillaud : Une étude qui me parait très intéressante est celle menée par l’OCDE sur la ville de Lisbonne et qui est arrivée au résultat suivant : avec 10 fois moins de voitures, on pourrait répondre aux besoins de mobilité de tous les habitants. Cela signifie avoir moins de voitures qui restent 90% du temps garé et plus de voitures autonomes qui permettent de déposer quelqu’un à la volée, de l’emmener au travail etc. Je pense que cela pose des questions nettement plus intéressantes.

Cette observation a également été faite par d’autres organismes, comme les gestionnaires d’une ville nouvelle près de Boston, qui ont passé un accord avec Audi pour faire rouler des voitures autonomes. Qui dit voiture autonome dit voiture qui roule tout le temps, ou en tout cas une bonne partie du temps, qui peut se garer toute seule dans les parkings souterrains par exemple -ce qui libère de la place pour les parkings en surface-. Il faut tout de même rappeler que la voiture capable de rouler toute seule n’existe pas encore. Mais quand ce sera une réalité dans 5 ans, 10 ans ou plus, elle pourra apporter des services différents de ce que nous avons aujourd’hui. On peut très bien imaginer des transports à la demande comme des navettes collectives comme cela existe déjà. Navya (constructeur de navettes autonomes français) va mettre en place un service de navettes dans le quartier de la Confluence à Lyon par exemple, au début du mois de septembre. On constate que des services de ce genre peuvent être lancés dans des sites fermés ou dans des quartiers bien spécifiques pour remplacer des transports en commun qui, bien souvent, n'existent pas, qui s'arrêtent à une certaine heure ou offrent trop peu de fréquences pour répondre aux besoins de mobilité des usagers. Des transports autonomes peuvent répondre aux besoins des personnes âgées, qui à partir d’un certain âge, ont peur de conduire ou ne sont plus en capacité de le faire.

Quelles seraient les précautions à prendre pour éviter un engorgement massif des routes par les voitures autonomes ?

Je pense que le véhicule autonome doit devenir un maillon du transport et que les barrières entre transports collectifs et individuels vont probablement s’effacer. Le véhicule autonome, ou en tout cas un véhicule que l’on peut appeler à la demande et peut prendre d’autres personnes au passage, peut devenir une alternative pour des villes ou des zones peu desservies ou qui ne sont pas dotées de plusieurs types de transports comme le métro, le tramway ou le bus. Une navette autonome peut très bien remplacer une ligne de bus, qui a des impératifs horaires. Sachant que ces navettes sont électriques, elles permettraient d’économiser des milliers de litres de gazole d’un bus fonctionnant au diesel. Un véhicule autonome n’est pas qu’un véhicule qui automatise la conduite. Il peut s’inscrire dans le schéma de transport tel qu’on le connaît, au travers d’une entreprise publique, un transporteur ou par un autre acteur, comme Uber ou la RATP par exemple. Le fait d’avoir un véhicule contrôlé à distance et qui puisse fonctionner sur une plage horaire très étendue permettrait de répondre à des besoins de mobilité conséquents et d’apporter des services complémentaires, pour les transports qui ne sont pas assurés la nuit.

Quelles autres modifications et adaptations impliquerait le développement de la commercialisation des voitures autonomes ?

Il ne s’agirait pas forcément de voitures individuelles mais plutôt de véhicules capables de transporter plusieurs personnes. De nombreux concepts sont à l’étude, dont des petites navettes pouvant former des trains ou des convois de navettes autonomes. Nous ne sommes qu’au balbutiement de cette industrie, mais il est clair que cela peut permettre de réaménager différemment les schémas de transports et d’imaginer des villes de demain où le transport sera entièrement automatisé. La ville de Singapour est intéressante à examiner car, étant une île, elle souhaite automatiser tous les services de transports. Le plan véhicules autonomes tel qu’il a été conçu en France ne concerne que la voiture, les transports en communs, les camions etc. mais on peut très bien imaginer des autoroutes avec des camions exclusivement autonomes, ce qui réduirait les accidents et la gêne. L’automatisation du transport en général est un pan pouvant offrir des services totalement différents.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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