Super Bowl : plus qu'un sport, un rite initiatique américain<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Ce dimanche 5 février se tiendra le « Super Bowl XLVI », la finale du championnat de football américain.
Ce dimanche 5 février se tiendra le « Super Bowl XLVI », la finale du championnat de football américain.
©Reuters

Trans-Amérique Express

Ce dimanche se tiendra le « Super Bowl XLVI », la finale du championnat de football américain. Aux Etats-Unis, c’est l’Événement sportif et médiatique de l’année !

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

Voir la bio »

Le match aura lieu au Lucas Oil Stadium d’Indianapolis et opposera les « Patriots » de Nouvelle Angleterre aux « Giants » de New York. La même affiche qu’en 2008. Pour une revanche. Mais ce n’est pas le plus important.

Le spectacle organisé pendant la mi-temps sera assuré par Madonna et les acrobates du Cirque du Soleil. Une artiste « world class », comme dit le communiqué de la National Football League, producteur de l’événement. Mais ce n’est toujours pas le plus important.

Le plus important c’est que le Super Bowl, est devenu constitutif de l’identité américaine. Un élément à part entière de la culture populaire, comme le rock’n roll, le hamburger ou les westerns. Regarder le match entre amis au cours d’une « super bowl party » est un rituel américain, au même titre que le dîner du Thanksgiving ou le barbecue de la Fête Nationale, (4 juillet).

Aux États-Unis, le sport est une voie d’accès à l’américanité. La nation se reconnaît dans les valeurs sportives. Le sport et la compétition occupent une place prépondérante dans l’éducation, et au sein des universités. Le vocabulaire politique est truffé de métaphores sportives. Tous les sports professionnels cultivent le patriotisme. Les rencontres sont systématiquement précédées de l’hymne américain. Que l’on écoute debout, la main sur le cœur. Et que personne, jamais, ne siffle !

Le football américain n’est pas un sport, c’est un jeu

Dans ce contexte, le Super Bowl est devenu un unifiant culturel, un moment de communion où la nation se soude dans la célébration de valeurs essentielles : parmi celles-ci, l’esprit de compétition et de jeu, car le football américain n’est pas un « sport », comme la course à pied, c’est un jeu, « a game » ; le dépassement de soi et le culte de l’exploit individuel, mais un exploit porté par un effort collectif au bénéfice de l’équipe ; enfin le respect des règles et de l’adversaire. Le football américain, qui peut apparaître comme une mêlée confuse au profane est en fait un ballet millimétré aux règles minutieuses, et ces règles sont perpétuellement rappelées au public par un code gestuel qui permet aux arbitres de justifier chacune de leurs décisions, accompagnant même désormais ces gestes d’une explication à haute voix. 

 «  Jouer selon les règles du jeu » est un des piliers du « contrat social américain ». Quand le président Obama fustige ceux qui, sur le plan économique, ne jouent pas « selon les règles », chacun sait ce que cela veut dire. Car récemment la machine économique et sociale américaine s’est grippée. Travailler dur n’est plus une garantie de réussite, ceux qui y parviennent le font parfois par des moyens litigieux… Ainsi le succès du football s’explique aussi parce qu’il est devenu un refuge. Le dernier lieu où l’honnêteté, l’inventivité et le talent l’emportent, et où la tricherie est débusquée et sanctionnée.

Un rite initiatique américain

Mais le Super Bowl est populaire parce que c’est, avant tout, un spectacle haletant. Spectacle dont l’essor est lié à celui de la télévision. Le premier Super Bowl date de 1967. Les deux ligues de football alors en concurrence, la « AFL » (american football league) et la NFL ( National Football League) décidèrent d’organiser une « super finale » entre les premières équipes de chaque ligue. Le nom de « Super Bowl » s’imposa dans les médias à partir de 1970 et est entré depuis dans le vocabulaire. Bowl signifie « bassin » ou « cuvette », c’est la forme qu’ont en général les grands stades. Pour désigner une finale de football, on utilise aujourd’hui inévitablement le mot « bowl ».

Le football américain est parfaitement adapté au format télévisé. L’action est sans cesse arrêtée, ce qui permet la diffusion instantanée de « ralentis », pour revivre un moment fort. C’est un jeu brutal mais propre. Les contacts sont systématiques, violents, dangereux, mais pas déchaînés. Au contraire du rugby, les blessures avec saignement sont rares. Grâce aux protections que portent les joueurs et qui leur donnent des airs de gladiateurs modernes, casqués et pourvus d’épaules extra-larges. Les actions enfin sont spectaculaires, longs lancers de balle, réceptions acrobatiques, courses folles…

Dès ses premières années le Super Bowl est devenu l’événement le plus regardé à la télévision américaine. Chaque année battant le record de l’année précédente. En 2011 il a rassemblé 111 millions de téléspectateurs. Et sans doute plus car l’évaluation ne tient pas compte de l’audience des bars et restaurants.

Le fait n’a pas échappé aux annonceurs qui en ont fait un rendez-vous marketing de premier choix. Les publicités diffusées durant le match, outre leur prix exorbitant, 3 millions de dollars environ pour trente secondes, ont la particularité d’être suivies avec intérêt. Les spécialistes de la communication en dressent le palmarès. Les meilleures sont rediffusées (gratuitement) sur YouTube. Le spot d’Apple pour son Mackintosh, inspiré du livre 1984, et diffusé en 1984 justement, est resté dans les mémoires. En 2002 la bière Budweiser conçut une publicité en hommage aux victimes du 11 septembre…

Tout le monde regarde … C’est d’ailleurs parce que le Super Bowl est un spectacle pour « toute la famille » que le sein dénudé, et arborant un piercing, de Janet Jackson, au final de son spectacle, fit un tel scandale en 2004 !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !