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Les nuages d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier (ou plus exactement ne sont plus du tout aux mêmes endroits sur la planète)
©Capture / Youtube

Tout se perd

Depuis les années 1980, la répartition des nuages dans l’atmosphère s’est considérablement modifiée. Une étude américaine récemment parue dans l’hebdomadaire en ligne "Nature" interprète le déplacement des nuages comme une conséquence flagrante du changement climatique. Et inversement, que les nuages ont une influence sur le réchauffement climatique.

Jessica Vial

Jessica Vial

Jessica Vial a fait sa thèse doctorale sur "les blocages atmosphériques et les événements extrêmes de température et précipitation dans les moyennes latitudes" au Climatic Research Unit (CRU) de l'université d'East Anglia en Angleterre de 2008 à 2012. Elle est désormais chercheur post-doctorante en France sur le réchauffement global et les processus internes au système climatique qui l'influencent (dont les nuages).

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Atlantico : Ces derniers jours, la France a connu un ciel sans nuage. Ou presque. Mais il semble évident qu'il ne pourrait pas en être ainsi tous les jours : quels sont les différents rôles qu'occupent les nuages dans la régulation climatique de notre planète ?

Jessica Vial : Le rôle des nuages dans la régulation du climat dépasse une échelle strictement météorologique, c’est-à-dire ayant avoir précisément avec les nuages que l’on aperçoit au dessus de notre tête en ce mois de juillet. A plus grande échelle, on peut identifier deux fonctions majeures des nuages agissant sur la température à la surface de la terre. Tout d’abord, ils réfléchissent le rayonnement du soleil, refroidissant ainsi la surface terrestre. Ensuite, et ceci concerne particulièrement les nuages hauts, ils ont un rôle d’"effet de serre" : ils renvoient les rayonnements infrarouges vers la surface de la terre, ce qui la réchauffe. C’est en toute logique, donc, que l’étude américaine met en avant le lien évident entre les nuages et le réchauffement climatique.

Avec le processus de réchauffement climatique, on constate en effet des changements nuageux, tel que ceux qui s’opèrent au niveau de leur distribution géographique, leur altitude, leur composition et leur couverture. Et tout l’intérêt de cette relation causale réside dans le fait qu’elle est à double sens. En effet, ces changements nuageux se répercutent sur la température - via leurs effets radiatifs exercés dans l’atmosphère- amplifiant ou atténuant le réchauffement climatique global. Concrètement, on observe depuis les années 1980, un déplacement du rail des dépressions des moyennes laltitudes (zone préférentielle des systèmes nuageux dépressionnaires des moyennes latitudes, en provenance de l’ouest, voyageant sur tout l’atlantique jusqu'aux côtes européennes) vers le Nord. Cette délocalisation progressive n'est pas sans conséquence sur le climat : les températures sont sujettes à des modifications car les nuages sont plus proches des pôles que de l'équateur – zone de convergence habituelle. Or en ces lieux, la quantité de rayonnements du soleil qui atteint la couverture nuageuse est moins importante  (à cause d'une moyenne de rayonnements solaires plus faible sur l'année). En conséquent, les nuages réfléchissent moins de rayonnements, ce qui amplifie l'augmentation des températures.

Peut-on en conclure que le nuage un des élément naturel les plus importants à surveiller à l'avenir ?

Le nuage est un élément naturel à surveiller de part sa corrélation avec le changement climatique et de part les nombreuses incertitudes qui le définissent. Mais c’est à double tranchant : s’il est à surveiller, reste que l’incertitude des projections climatiques auquel il est lié reste importante.

Si l’on peut tenir pour ferme que les changements nuageux – provoqués par le changement climatique, ont bien un effet sur la température – on ne peut pas encore se rendre compte de tous les potentiels changements que les nuages vont subir, ni même ceux qu’ils vont produire.  Aujourd’hui, les instruments de mesure ne permettent pas d’englober tous les types de nuages. Quant aux modélisations climatiques qui permettent de prévoir lévolution des nuages, elles sont ou bien trop vagues, ou bien très précises, mais alors non applicables à l’ensemble de l’atmosphère. Il demeure néanmoins un point encourageant : les chercheurs américains, d’après l’étude récemment publiée auraient remarqué que les changements nuageux observés par satellites depuis trente ans, corroborent avec les modèles du climat qu’ils avaient prévu.

Peut-on imaginer une catastrophe naturelle "nuageuse" ?

Si vous entendez par catastrophe naturelle "nuageuse",  les modifications de la composition des nuages, ou encore leur répartition géographique, alors non, on ne peut pas parler de catastrophe, ou d’évènements extrêmes telles que de fortes pluies, des vagues de température. Si les nuages influencent la température, et la circulation atmosphérique, on ne peut pas parler de catastrophe.

Quelles sont les mesures les plus importantes aujourd'hui pour éviter ces potentielles catastrophes, et au moins, les changements nuageux et  le réchauffement climatique qui leur est lié ?

Les mesures à prendre ne concernent pas seulement les nuages, mais aussi et surtout l’élévation des gaz à effets de serre, et les problèmes écologiques de manière générale. Et ceci peut se faire en adoptant un mode de vie plus sobre, en essayer de s’adapter à ce changement climatique, qui est en court, et qu’on ne peut que essayer de limiter, que ce soit à l’échelle des pouvoirs publics ou bien individuelle.

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