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Terrorisme, canicule, accidents domestiques et Cie : petit mémo sur les plus grands risques de mort violente en France
©Reuters

Mort violente

Entre les 129 morts du 13 novembre et la presque centaine de tués du 14 juillet, les attentats ont fait de nombreuses victimes depuis 18 mois. Pour autant, cela ne reste qu'une goutte d'eau dans l'ensemble des décès violents chaque année.

France Meslé

France Meslé

France Meslé est démographe à l'INED.

Elle a plusieurs domaines de recherche parmi lesquels la mortalité dans le monde, et les causes de décès et leurs évolutions sur de longues périodes.

France Meslé collabore avec les revues Populations et Sociétés et la Revue Européenne de Démographie

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Atlantico : Si l'attention médiatique produit un fort optique sur les décès survenus au cours des attentats ayant frappé la France depuis 18 mois, est-il possible d'établir un classement des décès "non naturels" en France ? Dans quelles proportions ?

France Meslé : Nous disposons de statistiques de mortalité par cause détaillées. Il est ici questions de morts violentes, soit les morts provoquées par les accidents, les suicides ou les homicides. En France, l'ensemble de ces morts violentes correspond à environ 6% à 7% du total des décès d'une année, soit 35 000 à 40 000 décès, sur un total qu'on estime entre 560 000 et 600 000 décès selon les années. 

Il est tout à fait possible de hiérarchiser les causes de ces morts violentes. Dans la France d'aujourd'hui, la première d'entre elles est le suicide qui représente à peu près un quart des décès non naturelles, soit 10 000 morts par an. Pendant de longues années, les accidents de la route ont constitué la deuxième cause de morts violentes. Néanmoins, le nombre de morts liés à ces accidents a chuté au cours des dernières années. Aujourd'hui, les accidents de la circulation continuent à produire un nombre important de décès , mais qui n'est plus au niveau des suicides. En 2013, les accidents de la circulation ont été la cause d’environ 3000 morts.

Parmi les autres causes importantes de décès non naturels, on retrouve les accidents domestiques. Ceux-ci sont assez importants chez les jeunes enfants comme chez les plus âgés. Les chutes de personnes âgées, et les complications qu'elles impliquent le plus souvent, comptent pour environ 7000 décès par an. C'est impressionnant. On rencontre également beaucoup de "petites" causes qui, accumulées, sont à l'origine d’un nombre non négligeable de décès chaque année. Par "petite" cause, on entend notamment celles qu'on retrouve occasionnellement dans les médias : noyades, incendies, accidents de traitement, chirurgie, etc. Tout cela figure parmi les causes accidentelles et compte pour quelques milliers de décès par an.

Les homicides, dans un pays comme la France, s’élèvent à quelques centaines de décès : 400 en 2013. Ce n'est évidemment pas complètement négligeable, mais cela reste clairement marginal par rapport aux autres causes de morts violentes. Quand les statistiques seront réalisées pour les années 2015 et 2016, les victimes des attentats seront comptées dans cette catégorie, ce qui fera naturellement augmenter les morts par homicides sur les années concernées. Cela étant, sur le total des morts violentes cela pèse peu. Finalement  le risque de mourir dans une attaque terroriste est bien moindre que celui que l’on prend  en partant en week-end en voiture ou en traversant la rue.

Toutes les catégories de la population ne sont pas exposées de la même façon aux morts violentes. Elles touchent d'ailleurs plus les hommes (60%) que les femmes (40%). Les suicides sont très fortement masculins, puisqu'ils touchent à 75% les hommes et seulement à 25% les femmes. Des causes comme les chutes sont, en revanche, réparties assez équitablement entre les sexes. Les adolescents et les jeunes adultes sont le plus souvent victimes d'accidents de la route ou, plus tardivement, de suicides. Les progrès de la médecine font qu'aujourd'hui, avant 40 ans, on meurt rarement d'une autre cause que violente.

Dans le cadre de la sécurité routière, on sait d'ores et déjà les politiques mises en place. Il s'agit d'un cheval de bataille depuis 1970 et de nombreuses mesures ont été prises (ceintures & casques obligatoires, contrôle rigoureux de la vitesse, de l'alcoolémie, etc). Elles ont montré leur efficacité en réduisant le nombre d’accidents.  Il va de soi, également, sur des questions d'ordre accidentelles, que tout ce qui permet une régulation en matière d'aménagement et de sécurité des bâtiments (pentes douces, barres pour se tenir dans les escaliers, etc) va dans le bon sens. Cela contribue à minimiser les risques, au même titre que les bouchons de sécurité sur les produits toxiques, susceptibles de sauver la vie d'enfants. Il s'agit de politiques générales d'aménagement de l’environnement quotidien. Enfin, il va de soi que pour les suicides la situation est plus complexe… Certaines études témoignent du fait que le taux de suicide, chez les personnes d'âges actifs, augmente en période de crise économique. Pour s'en prémunir, il faut probablement se tourner vers une politique générale, plus large, susceptible de jouer sur ces éléments socio-économiques. Il faut également penser la prise en charge et le soutien des individus à risque..

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