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Ces huit mois qui ont ébranlé le multiculturalisme
©Reuters

Prise de conscience

Le multiculturalisme est en crise. En France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, mais aussi aux États-Unis, l’idéologie selon laquelle la société doit être organisée autour d’une pluralité de langues, de communautés, de religions, connaît des ratés majeurs

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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En quelques mois, les certitudes diffusées depuis plusieurs décennies, tant en Europe qu’en Amérique, se sont fortement lézardées.

Le multiculturalisme américain au bord du gouffre

L’embuscade tendue à des policiers à Bâton Rouge montre à quel point l’idéal multiculturel aux États-Unis est en souffrance. Contrairement à tout ce qu’on avait pu croire depuis plusieurs années, le fossé entre Blancs et Noirs ne s’est pas rempli. Il s’est même creusé et enflammé.

Alors que les Afro-Américains représentent 13% de la population américaine, la politique de discrimination positive dont ils ont bénéficié ne semble pas véritablement avoir atteint son objectif.

D’un côté, le mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte) exacerbe fortement les tensions avec la police. Il illustre l’échec massif d’une politique de lutte contre les discriminations par les quotas.

D’un autre côté, la communauté WASP n’hésite plus, avec Donald Trump, a affirmé des valeurs de rupture avec cette politique héritée des années 70. On lira par exemple ce genre de message sur Twitter, qui en dit long sur l’état d’esprit émergent à l’occasion de la campagne présidentielle américaine:

Hey #BatonRouge, how’s that glorious diversity working out?????#NiggersKillpic.twitter.com/dqbNLItyCS

— TheSouthWasRight (@GodBlessRELee) 17 juillet 2016

Le multiculturalisme français après l’attentat de Nice

En France, la multiplication des campagnes officielles en faveur de « l’unité » prouve là encore que le sujet ne coule pas de source dans l’opinion. Incontestablement, la survenue d’attentats commis par des Français radicalisés, issus de l’immigration maghrébine, jette un puissant doute sur le multiculturalisme et ses bienfaits. L’absence de désapprobation claire de ces massacres par les Musulmans de France n’a pas aidé à dissiper le flou…

De fait, et depuis plusieurs mois, l’éloge du « multi » rassemble de moins en moins de partisans. Si ceux-ci restent majoritaires dans les médias, le discours dominant accepte de plus en plus l’idée d’une remise à plat du concept.

Cette prise de conscience devrait d’ailleurs contribuer à une mise en minorité du Front National. Celui-ci n’a plus le monopole du discours sur le sujet.

Le Brexit est-il un rejet du multiculturalisme?

Si la Grande-Bretagne a longtemps fait figure de poste avancé du multiculturalisme et du communautarisme en Europe, le Brexit semble avoir donné un sévère coup d’arrêt au phénomène. La majorité des Britanniques s’est exprimée contre une politique migratoire ouverte, imposée par l’Allemagne.

Comme l’ont souligné les eurolâtres, ce sont d’abord les ruraux et les plus âgés qui ont exprimé leur refus de voir la société britannique « se mélanger ».

L’Allemagne prend ses distances avec le modèle multiculturel

Les turpitudes de la Nuit de la Saint-Sylvestre, à Cologne notamment, ont modifié en profondeur la perception du modèle multiculturel en Allemagne. Angela Merkel peut se féliciter des disputes internes au mouvement AFD, et de la victoire du « Leave » en Grande-Bretagne. Le parti nationaliste allemand est en perte de vitesse.

Il n’en reste pas moins qu’Angela Merkel est désormais obligée de modifier son discours. Non seulement, elle a fermé ses frontières, mais elle prend de fortes distances avec Erdogan. La ligne pro-islamique est de moins en moins facile à tenir en Allemagne.

L’éducation plutôt que le multiculturalisme

Par quoi remplacer le multiculturalisme?

Les pays occidentaux ne feront pas l’économie d’une réflexion en profondeur sur l’importance d’un projet éducatif pour les allogènes. Accueillir, soigner, héberger, ne suffit plus. Il faut encore former, éduquer, intégrer culturellement.

Là encore, il est très probable que les technostructures actuelles ne soient pas « équipées » pour relever ce défi. Un séisme sera nécessaire pour régler le problème démographique global auquel nous sommes confrontés.

Cet article a été initialement publié sur le site www.eric-verhaeghe.fr

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