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De quoi est réellement mort Staline, et pourquoi ses collaborateurs ont-ils attendu plus de 10 heures pour appeler les médecins ?
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Bonnes feuilles

Zola a-t-il été assassiné ? Robespierre s'est-il suicidé ? Comment Agnès Sorel a-t-elle trouvé la mort ? Complots, manigances, meurtres... Nombreuses dans l'Histoire sont les morts mystérieuses. Dans cet ouvrage, une quinzaine de cas exemplaires font l'objet d'une enquête inédite dont le récit alerte nous tient en haleine. L'auteur nous transmet ainsi avec pédagogie l'état de la recherche historique sur ces obscurs dossiers dont le mystère défie la raison. Extrait de "Les morts mystérieuses de l'histoire", de Michel Benoit, aux éditions Eyrolles (2/2).

Michel  Benoit

Michel Benoit

Michel Benoit est écrivain, essayiste, historien, auteur de théâtre. Ses  ouvrages historiques ont connu un large succès, entre autres  Saint-Just, Les grands  événements du nivernais, Les mystères du Cher. Son blog, «le blog de Michel Benoit», connaît une importante fréquentation depuis sa création. Il collabore régulièrement au magazine Les grandes affaires de l’Histoire. 

 

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La nouvelle parcourt le monde comme une traînée de poudre en ce 6 mars 1953 : Staline, le "guide soviétique", le "petit père des peuples" pour les uns, le "dictateur" et le "tyran sanguinaire" pour les autres, vient officiellement de succomber à une hémorragie cérébrale...

C’est dans sa datcha des environs de Moscou que Staline avait réuni les plus hauts membres du bureau politique du Parti communiste. Parmi eux, Beria et Nikita Khrouchtchev. Le lendemain, Staline demeurant toujours dans sa chambre, les employés de service et les gardes du corps s’interrogèrent toute l’après-midi sur l’absence du "grand guide". Contrairement à ses habitudes, Staline n’avait pas demandé à ce qu’on lui serve son repas. Aucun appel, aucune demande provenant de ses appartements. L’un des gardes du corps se décida alors à enfreindre le règlement et pénétra dans la chambre du "père des peuples". La pendule sonnait vingt-trois heures en ce 1er mars.

Quelle ne fut pas la surprise de l’homme de sécurité lorsqu’il vit Staline, allongé au sol, sa chemise et son pantalon trempés d’urine, articulant des mots inaudibles et incapable de se relever, tendre la main comme pour demander du secours. Les gardes du corps le levèrent avec soin et le déposèrent avec précaution sur un canapé. Les hauts dignitaires, prévenus, se rendirent à la datcha de Staline, mais en l’absence de Beria, qui seul avait le pouvoir de convoquer des médecins, les minutes passèrent et se transformèrent en heures sans qu’un secours approprié ne soit apporté au chef de l’URSS. Enfin, on retrouva Beria qui finit par se rendre lui aussi à la résidence de Staline.

Il est rare de constater autant de contradictions dans les témoignages rapportés par ceux qui assistèrent à ces heures historiques qui devaient être les dernières de celui qui avait gouverné l’Union soviétique d’une main de fer, et pourtant d’après certains, Beria aurait déclaré à plusieurs reprises :

"Voyons, surtout pas de panique ! Ne voyez-vous pas que le camarade Staline dort ? Allez-vous-en tous !"

Tous auraient donc quitté la chambre, laissant Staline seul pour la deuxième nuit consécutive. Seul et sans soins.

C’est le lendemain, le 2 mars 1953, que Beria donna l’ordre de faire venir les médecins. Beria avait à ce moment certainement le sentiment d’avoir tous les pouvoirs. Ancien chef du NKVD (police politique de l’URSS) et membre du Politburo, il avait gravi tous les échelons du pouvoir depuis qu’enfant il était parti d’Abkhazie pour s’engager dans l’armée bolchevique en 1917 afin de combattre les armées des Blancs. "Garantissez-vous la vie du camarade Staline ?" demandait-il aux médecins s’affairant autour du corps de Staline. Puis s’adressant à son maître :

"Camarade Staline, il y a ici tous les membres du bureau politique, dis-nous quelque chose".

Toutefois, l’homme qui avait tenu le monde entre ses mains ne disait plus rien et c’est à peine si l’on entendait sa frêle respiration. Ils veillèrent ainsi durant encore deux jours. Le 5 mars, le camarade Iossif Vissarionovitch Staline ouvrit les yeux, les plissa comme à son habitude, laissant échapper à la fois ruse, malice et fureur, et promena ses yeux horrifiés une dernière fois sur ceux qui avaient été ses proches collaborateurs et qui, déjà, se livraient à une guerre sans merci pour s’attribuer le pouvoir : Beria, Khrouchtchev, Malenkov, Boulganine, Kaganovitch...

Puis, il souleva le bras gauche, et d’un geste menaçant le hissa aussi haut qu’il le put, comme pour attraper une main bienfaitrice et libératrice. Alors, il laissa retomber son membre déjà froid et rendit l’âme quelques instants plus tard. Staline venait de mourir et tout de suite on se demandait pourquoi ses collaborateurs avaient attendu plus de dix heures pour appeler les médecins...

Sa fille présente à son chevet lors de sa mort devait confier plus tard : "Mon père était malade, mais il aurait pu être sauvé !" et "Il a reçu des médicaments absolument contraires à son état...".

Le 6 mars, à quatre heures du matin, Radio Moscou annonçait le décès, laissant le monde entier en pleine consternation : "Le cœur du compagnon d’armes de Lénine, le porte-drapeau de son génie et de sa cause, le sage éducateur et guide du Parti communiste et de l’Union soviétique, a cessé de battre le 5 mars 1953 à 21h50, heure de Moscou".

Qu’adviendra-t-il de l’URSS et de l’équilibre des forces mondiales demain ? Staline lui-même ne confiait-il pas par habitude à ses proches collaborateurs peu avant sa disparition : "Que feriez-vous sans moi, vous qui êtes plus impuissants que des chatons aveugles tout juste venus au monde ?". 

Extrait de "Les morts mystérieuses de l'histoire"de Michel Benoit, publié aux éditions Eyrolles Pour acheter ce livre, cliquez ici

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