Le logiciel qui permet de prédire les crimes : quand Minority Report devient la réalité<!-- --> | Atlantico.fr
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Tom Cruise dans le film Minority Report.
Tom Cruise dans le film Minority Report.
©© UFD

Madame-Irma-tographe

Le Département américain de la sécurité intérieure a mis en place un programme qui permettrait de repérer à distance les criminels avant qu'ils aient commis une action répréhensible, en passant au crible des éléments physiologiques comme le rythme cardiaque ou la température du corps.

Un programme de recherches du Département américain de la sécurité intérieure fait songer au film Minority Report de Steven Spielberg, où trois mutants doués d'un don de divination préviennent une agence gouvernementale chaque fois qu'un crime va être commis. Conduisant ainsi à l'arrestation des meurtriers potentiels alors même qu'ils n'ont encore rien fait.

Dans cette fiction censée se dérouler en 2054, le programme se nomme PréCrime. Dans la réalité des Etats-Unis d'aujourd'hui, il s'appelle FAST, l'acronyme de Future Attribute Screening Technology. De la novlangue qui pourrait se traduire par "Technologie de surveillance des attributs futurs". D'abord intitulé Project Hostile Intent (Intention hostile), ce programme, directement motivé par les attentats du 11 septembre 2001, a coûté 20 millions de dollars selon Discovery Magazine.

Le concept de FAST repose sur la théorie controversée de ce que les anglophones nomment "malintent", (qui peut se traduire par "l'intention de faire du mal"). Cette théorie consiste à dire qu'un terroriste aura un comportement anormal lorsqu'il tentera de perpétrer son crime : le fait de cacher ses intentions aux policiers ou au personnel surveillant d'un aéroport par exemple, se traduira nécessairement sur le plan physiologique.

A noter, toujours selon cette théorie, que les marqueurs de mauvaises intentions augmentent en fonction de la gravité du crime : un terroriste qui prévoit de poser une bombe sera toujours plus facile à repérer qu'un homme qui prévoit de tromper sa femme pendant un voyage d'affaires.

Actuellement, 3 000 membres du Département de la sécurité sont déjà présents dans les aéroports américains. Derrière leurs scanners, ils scrutent les comportements suspects des voyageurs, dans le cadre du programme Screening of Passengers by Observational Techniques (SPOT). Avec FAST, le gouvernement entend faire mieux en repérant ce qui est invisible à l’œil nu.

Ce nouveau système est composé d'un ensemble d'éléments permettant de détecter à distance la volonté supposée des personnes. Il comprend : un capteur cardiovasculaire et respiratoire, un autre capteur qui suit les mouvements de l’œil à distance, des caméras thermiques, un système vidéo haute résolution analysant les expressions faciales et les mouvements du corps, un système audio analysant les changements de tons dans la voix et des capteurs permettant de détecter les phéromones.

Aspect pratique de la chose : tous ces paramètres physiologiques sont mesurés à distance, sans même que le public sache qu'il est observé, ce qui, dans le cas d'un aéroport, ne ralentit pas le flot des voyageurs. Si FAST décide que vous n'avez pas l'air d'avoir la conscience tranquille, vous avez droit dans la foulée à un interrogatoire en bonne et due forme.

Les critiques estiment que ce système pourrait avoir pour conséquence de causer du tord à d'innocents voyageurs à l'air faussement coupable. De son côté, le Département américain de la sécurité intérieure assure que FAST ne fait qu'améliorer le plus vieux - et aussi le plus faillible - système de prédiction des crimes : le jugement humain.

Le Département américain de la sécurité a testé FAST sur plus de 2 000 sujets et réalisé diverses expériences. Des chercheurs ont par exemple demandé à des personnes d'assister à un événement (comme une exposition). Ils ont ensuite demandé à certaines de ces personnes d'effectuer une "action répréhensible" - sans aller jusqu'à se balader avec une bombe, mais par exemple de voler un objet. Ceux qui devaient commettre une "action répréhensible" étaient équipés de différents capteurs et surveillés par des caméras.

Résultat : sans prouver la fiabilité absolu de FAST, les expériences menées montrent que le système est loin de tout laisser au hasard. Il est parvenu à identifier dans 78% des cas si une personne allait commettre une action malveillante.

Marie Slavicek

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