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C'est pas tout ça de coloniser Mars : comment organise-t-on la politique une fois qu'on y est ?
©Image promotionnelle

The Martian

Avec les premières missions prévues dans les années 2020 et 2030, il faut en réalité se poser la question dès maintenant, et des chercheurs ont des idées.

La colonisation de Mars n'est plus seulement une lubie de science-fiction. La NASA a reçu une directive d'envoyer des hommes sur Mars dans les années 2030. La fondation Mars One prévoit une première mission sur Mars, préparant une colonisation humaine, d'ici à 2024. Et évidemment, il y a Elon Musk, le fondateur de SpaceX, la plus connue des entreprises privées d'exploration spatiale, dont l'objectif très sérieux est de coloniser Mars.

Mais c'est bien rigolo de coloniser. Une fois qu'on a colonisé, il faut organiser - sinon c'est le Far West. Comme on l'a vu dans tous les westerns, une colonie sans système politique ne fonctionne pas très bien…

Ce n'est pas une blague : il y a plusieurs décennies à attendre, au moins, avant d'avoir des colonies sur Mars, mais il faut que le cadre juridique encadrant cette tentative soit conçu, négocié, et mis en place avant.

Ça tombe bien : des chercheurs affiliés au Blue Marble Space Institute of Science ont réfléchi au sujet. Ils ont présenté leur proposition dans un article du très sérieux journal Space Policy.

Voilà en gros le résumé de leur vision : aucun pays n'aurait le droit d'établir de la souveraineté sur Mars, même s'il pourrait éventuellement posséder des droits de propriété sur des ressources minières. Au lieu de cela, il y aurait une autorité centrale appelée le Secrétariat de Mars, mais soni serait limité. La plupart du pouvoir reviendrait aux habitants des colonies locales. N'importe qui peut établir une colonie et recevoir les droits sur le territoire dans un rayon de 100 kilomètres, mais ne peut empêcher le droit de traverser ou d'habiter le territoire. Les colons restent sous la juridiction de leur nation. Les conflits sont résolus soit par des tribunaux martiens temporaires, composés de représentants des autres colonies, ou par de la diplomatie sur Terre.

Le Traité de l'espace de 1967 impose que les revenus de l'exploration spatiale soient au bénéfice de toute l'humanité. Les auteurs proposent donc quelques possibilités : la création de "parcs planétaires" qui préserveraient des sections de Mars pour des raisons culturelles et scientifiques, et la réaction d'un "impôt martien" tiré de l'exploitation des ressources de Mars, qui serait reversé à tous les pays sur Terre.

La vision des chercheurs se distingue de celle d'Elon Musk, comme l'explique Michael J. Coren du site Quartz. Pour lui, un des avantages de la colonisation spatiale est de "rebooter" le système de gouvernance des humains, comme l'a fait la Convention constitutionnelle des Etats-Unis en 1789. Dans une interview récente à la conférence Recode, il a suggéré un système de démocratie directe. Les gens pourraient voter sur presque tous les sujets liés au gouvernement, et les lois auraient toutes une date d'expiration, et pourraient être sujettes à approbation si 40% de la population vote pour, ce qui assurerait qu'il est "plus facile de retirer une loi que d'en créer une." Vision donc très libérale qui pourrait se heurter à la vision plus organisée des chercheurs. Ce sera peut-être tout simplement celui qui arrivera le premier qui décidera...

Que Musk pourra peut-être appliquer : il prévoit sa première mission vers Mars en 2018, suivie d'une nouvelle mission tous les 2 ans. Le premier vol habité aurait lieu dans les années 2020 - avec une décennie d'avance sur la NASA. D'ici à 2040, on aurait une première ville martienne, et d'ici à 2070 au moins un million d'habitants…

Bref, les juristes doivent travailler dur dès maintenant. 

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