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Au fait, si on décidait de fabriquer un iPhone en Occident plutôt qu'en Chine, ça coûterait vraiment si cher que ça ?
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Hello America

Un chercheur du MIT a voulu répondre sérieusement à la question, même si Steve Jobs, en février 2011, avait déjà répondu à Barack Obama que l'argent n'était pas le seul facteur.

"J'obligerai Apple à fabriquer ses fichus ordinateurs et autres trucs du genre dans notre pays, et non plus à l'étranger". Ces mots sont ceux de Donald Trump, candidat républicain à l'élection présidentielle américaine, dans un discours de janvier 2016 à la Liberty University en Virginie. Mais il n'est pas le seul à partager cette volonté : Bernie Sanders s'est également prononcé pour le rapatriement des usines d'Apple. Plus près de chez nous, la mode du "made in France" continue d'avoir le vent politique en poupe : les gouvernants gagneraient à ce que les 1,6 million d'employés d'Apple ou de ses sous-traitants soient relocalisés en Occident.

Ainsi, Konstantin Kakaès du Massachussetts Institute of Technology (MIT) a voulu répondre sérieusement à la question : dans quelles conditions l'entreprise Apple pourrait-elle fabriquer ses produits aux États-Unis ?

A l'heure actuelle, 69 sous-traitants sur 766 sont situés aux États-Unis, contre 346 en Chine, 126 au Japon et 41 à Taiwan. Le modèle s'articule véritablement autour d'un "made in monde" dont il serait difficile que l'entreprise se détache. Un autre problème se pose : celui du recrutement des ingénieurs. Apple revendique 8 700 ingénieurs pour superviser les 200 000 ouviers d'assemblage ; or, à la différence de la Chine, il faudrait au moins neuf mois à l'entreprise pour rassembler un tel nombre d'ingénieurs qualifiés aux États-Unis.

Admettons que ces points soient résolus. Combien coûterait l'iPhone ? 100 dollars de plus, au maximum.

Les raisons de l'enchérissement

Le chercheur du MIT estime que, rapporté au prix d'un iPhone 6s Plus ($749, mais 859€ en France), le coût de la main-d'œuvre ne représente que 4 à 10 dollars.

Le magazine Forbes remarque que ce qui alourdit l'addition, c'est d'abord la fiscalité. En effet, Apple n'est taxé qu'à hauteur de 2% de ses profits réalisés à l'étranger, contre 35% si sa production était rapatriée. Or, BFM Business explique qu'un "tiers des bénéfices d'Apple sont réalisés à l'étranger, soit 18 milliards pour [2015]. Si on applique le nouveau taux d'imposition de 35% (moins 2% qu'Apple pourrait déduire de ses profits réalisés à l'étranger), la facture fiscale totale atteindrait 5,9 milliards de dollars".

Mais 100 dollars de plus, ce n'est tout de même pas rien. On peut supposer que l'entreprise américaine jouerait le risque de ne pas baisser ses marges, tout en promouvant ses nouveaux téléphones "made in USA", ce qui lui donnerait un vrai plus en termes de marketing – et encore, uniquement en Occident alors même que la Chine et le Japon sont les marchés les plus prometteurs pour Apple . D'ailleurs, les ventes de la marque risquent de baisser pour la première fois en 2016, alors même si elle était fondée, la stratégie est trop audacieuse.

Rappellons d'ailleurs qu'Apple déclare depuis longtemps que la flexibilité des entreprises chinoises est un argument dont le poids pèse plus que la faiblesse des salaires.

Encore et toujours, les terres rares

"Il n'y a pas de produit technologique qui puisse être fabriqué de la mine à l'assemblage dans un seul pays du monde", affirme David Abraham, auteur de The Elements of Power. En effet, le secteur du high-tech recourt nécessairement au marché global pour mettre au point ses composants, étant donné qu'il utilise un grand nombre de terres rares. Concernant l'iPhone, le Pr Alex King du Ames Laboratory y compte 75 métaux du tableau périodique des éléments, soit deux tiers d'entre eux.

Rien que l'extérieur du téléphone contient de l'aluminium, lequel vient de la bauxite qui n'est minée nulle part aux États-Unis. Et précisément, 90% des terres rares sont minées en Chine, qui ne serait sans doute pas ravie de voir la manne de Foxconn City se tarir. 

Par conséquent, il semble qu'en appellant de ses voeux la fabrication des produits Apple sur le sol américain, Donald Trump n'ait pas longuement réfléchi à la question. Business Insider suggère la piste suivante : en 2015, le candidat républicain a reçu 150 000 dollars pour une conférence donnée à Samsung Electronics America. Coïncidence ? Le journal ne pense pas. 

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