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L’énigme de la cité perdue s'épaissit : au Cambodge, des villes de la taille de Phnom Penh découvertes sous la jungle
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Hello Angkor

La découverte est excitante précisément parce que les historiens et les archéologues admettent ne (quasiment) rien savoir de la plus importante cité du monde préindustriel.

Une ancienne cité perdue a été exhumée de la jungle cambodgienne, aux alentours d'Angkor. Mais cette fois-ci, l'affaire est autrement plus sérieuse que celle de l'adolescent québécois dont l'apparent génie avait créé de faux espoirs dans le monde entier. Le Journal of Archaeological Science révèle lundi la topographie minutieuse qu'un chercheur australien a pu mettre au point grâce à la télédétection par laser (LIDAR).

Avec le soutien de l’École française d’Extrême-Orient située à Siem Reap (EFEO), de l’université de Sydney (Australie), et d’Apsara (Autorité nationale du site d’Angkor), le Pr Damian Evans a mené deux prospections, une en 2012 et l'autre en 2015, afin de répondre aux nombreuses interrogations qui entourent l'empire Khmer, qui a régné sur toute la péninsule indochinoise du 9ème au 16ème siècle de notre ère.

Ci-dessous : en rouge, l'empire Khmer aux alentours de 900 après J.-C.

Et qu'est-ce que la topographie du professeur Evans a permis d'établir ? Que le site d'Angkor – une des capitales de l'empire – est d'une taille encore plus monumentale qu'on l'imaginait : il constituait le plus important complexe urbain du monde préindustriel. Il était lié à plusieurs villes médiévales tout à fait inconnues, rejointes par des routes et des canaux d'irrigation dont le savoir-faire semble avoir plusieurs siècles d'avance sur les hypothèses des historiens.

Ainsi, en 2012, une ville avait déjà été décelée : Mahendraparvata, sous le mont Kulen. Mais les scans récents ont mis au jour que le complexe de Preah Khan de Kompong Svay, qui comprend Mahendraparvata, fait au moins la taille de Phnom Penh, la capitale cambodgienne.

L'empire Khmer, cette inconnue

Angkor représente un des principaux sites archéologiques mondiaux, patrimoine de l'Unesco et destination de près de quatre millions de touristes annuels. Mais la centaine de temples qu'il abrite n'a été progressivement redécouverte qu'au début du 20ème siècle par les colons français. A la densité de la jungle s'ajoute le danger des mines antipersonnelles, vestiges de l'ère de Pol Pot qui s'est achevée il y a une petite vingtaine d'années : autrement dit, les fouilles humaines sont compliquées.

Et pourtant, l'enjeu est de taille : les historiens et les archéologues ne connaissent pas grand-chose du développement de l'empire khmer, et moins encore de son déclin. D'abord parce qu'à la découverte de ces temples, leur restauration constituait l'objectif prioritaire des chercheurs ; et aussi parce que les hypothèses successives ont été relativement invalidées. Dans les années 1950, Bernard-Philippe Groslier suggérait qu'Angkor se distinguait par sa gestion de l'eau, ce qui lui permettait de stabiliser les cycles mousson/sécheresse, mais que le site avait fini par être lui-même inondé. Depuis les années 90, l'hypothèse d'une invasion thaïe est privilégiée : elle aurait conduit les Khmers à migrer vers le sud. Et pourtant, la topographie du Pr Evans la remet fortement en cause, puisqu'elle ne montre aucune ruine méridionale susceptible d'avoir accueilli les réfugiés khmers.

C'est la raison pour laquelle les archéologues sont fébriles quant aux résultats de l'étude ; cette dernière éclaire d'un jour nouveau l'effondrement d'Angkor. Le Pr Evans raconte au Guardian : "depuis dix ans, on marchait sur tout ça, on le survolait, mais on ne voyait rien à cause la végétation". Le chercheur a été salué par de nombreux collègues, qui y voient "la principale avancée dans la recherche depuis le petit siècle de connaissances accumulées sur Angkor".

La découverte n'aurait pas été possible sans la précision de la technologie employée. Le LIDAR correspond à un grand nombre de rayons lasers embarqués sur un hélicoptère dont le trajet, la vitesse et l'altitude sont prévus. L'aller-retour du rayon permet de déterminer l'élévation des sols, et, une fois les données analysées, il permet de mettre au jour tout ce qu'on ne voit pas à hauteur d'homme. 

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