Sophie de Menthon : "Il y a un manque de confiance absolu entre les entreprises et les administrations qui les contrôlent"<!-- --> | Atlantico.fr
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Adidas, qui fait du bien-être de ses salariés à travers le sport une culture d'entreprise, a voulu faire bénéficier gratuitement ses salariés de certaines installations.
Adidas, qui fait du bien-être de ses salariés à travers le sport une culture d'entreprise, a voulu faire bénéficier gratuitement ses salariés de certaines installations.
©Adidas

A quelle sauce ?

Selon la Présidente d'Ethic, les entreprises subissent de plein fouet les cadres légaux qui leurs sont défavorables. Une situation qui les amène à rester dans l'ombre, même lorsque leurs agissements pourraient être perçus comme positifs.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Atlantico : Comment décririez-vous les relations actuelles entre les entreprises françaises et l'administration ?

Sophie de Menthon : Les entreprises françaises en ont peur, et cela entraîne une forme de paralysie de leur part, de volonté d'être discrètes. Elles n'osent pas se montrer, même lorsque leurs agissements sont positifs parce qu'elles craignent les réactions de la part des syndicats, des médias ou encore des politiques.

Elles craignent notamment la presse. Les patrons que j'entends se disent qu'il n'y a que des coups à prendre en s'exposant dans les médias, que les propos tenus seront déformés. Il n'y a pas un patron qui souhaite s'exprimer sur d'autres supports que BFM TV. Certains titres de presse n'hésitent pas à couper les propos des patrons, ou à ne les appeler que pour illustrer leurs idées plutôt que de faire un vrai travail d'enquête. Comment voulez-vous qu'ils se défendent ?

Mais il y a également d'autres motifs de crainte : récemment par exemple, Adidas, qui fait du bien-être de ses salariés à travers le sport une culture d'entreprise, a voulu faire bénéficier gratuitement ses salariés de certaines installations. Puis l'Urssaf a effectué un contrôle, et a décrété qu'il s'agissait d'un avantage en nature. Adidas et ses salariés devaient donc payer des charges supplémentaires, et Adidas a décidé de porter plainte. Nous avons protesté, les réseaux sociaux également, et puis Adidas a changé de stratégie suite à cette mise sur la place publique. Ils avaient porté plainte, mais ont décidé de faire marche arrière, en élaborant un discours d'apaisement avec l'administration, leur volonté de coopérer avec elle, de ne pas prendre partie etc. En réalité Adidas avait peur des représailles.

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Quel type de représailles Adidas pouvait-il craindre selon vous ?

Plusieurs types de représailles sont possibles : par exemple, un contrôle fiscal, dont on ne sort jamais indemne. Mais aussi un contrôle de l'Urssaf plus pointilleux. Je me souviens d'une entreprise qui avait abattu des vestiaires à la demande de ses salariés pour en faire une salle de détente avec un écran, des canapés. L'Urssaf a effectué un contrôle et a estimé que cela empêchait les salariés de ranger leurs affaires. L'entreprise ne respectait donc par la loi, et l'Urssaf a donc demandé que la salle soit reconstituée. Les salariés étaient eux-même outrés de cette décision. 

Les entreprises peuvent également craindre une inspection du travail : la complexité du code du travail permet de toujours trouver une faute, comme le disent souvent certains syndicats. Il est quasiment impossible de respecter totalement la législation.

Quelles sont les conséquences de ce climat ?

L'entreprise, faute de pouvoir se défendre, demeure coupable. Elle demeure donc cachée. Mais on assiste aussi dans le même temps à un manque de confiance absolu dans les organismes qui les contrôlent, ce qui est grave. Les entreprises considèrent que leurs décisions se feront à la tête du client, que la bonne foi ne sera pas prise en compte. Nous avons donc demandé à Ethic, que si des entreprises faisaient défaut à la législation, par exemple si leur vitrine dépasse légèrement sur la voie publique, qu'on leur donne un mois pour se mettre en conformité.

J'aimerais aussi dénoncer certaines dispositions votées dans la loi Macron et qui seront applicables à partir du mois de juillet prochain comme celle qui donnera la possibilité à l'inspection du travail et à l'Urssaf de donner des sanction immédiates contre les entreprises. De même, certaines amendes pénales, comme le fait de faire obstacle à un contrôle, seront décuplées et passeront de 3 750 euros à 37 500 euros... J'estime qu'il s'agit-là d'une régression.

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