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François Hollande promet des lois pour la culture (mais pas l'ombre d'un crédit supplémentaire)
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Calinothérapie

François Hollande a dévoilé jeudi à Nantes les grandes lignes de son programme culturel. Faute de moyens financiers, son action semble devoir passer avant tout par la création de nouvelles lois.

 Authueil

Authueil

Authueil est un célèbre blogueur.

Soutier dans un grand paquebot de la république, il fréquente régulièrement les couloirs de l'Assemblée Nationale.

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François Hollande vient de prononcer un discours qui se veut important sur sa future politique culturelle. C’est un beau discours, bien construit (bravo à la plume) qui nous en apprend beaucoup. Premier constat, François Hollande aime la culture, aime les artistes et considère que la culture est importante, essentielle même pour la cohésion sociale. Un discours qui ne le différencie guère des autres candidats, Sarkozy compris, qui nous sortira sans doute de belles tirades de la même eau.

Première grande impression, le fil rouge de ce discours en fait, c’est que François Hollande, même s’il le déplore et s’en attriste, n’a pas de sous, et n’entend pas augmenter les crédits dédiés à la Culture. Il n’y aura pas de corne d’abondance ! Pour François Hollande, l’État doit être un fédérateur des initiatives et des énergies. Traduction en clair : l’État lance des chantiers et des politiques, et les collectivités locales passent à la caisse. C’est déjà ce qui se passe, et ça ne changera pas...

La grande action de François Hollande en direction du monde de la Culture consistera à voter des lois.
Un peu comme Nicolas Sarkozy qui fait voter à la chaîne des lois pénales sur les récidivistes, pour faire croire qu’il agit, alors que la vraie solution, c’est de mettre les crédits et les moyens humains sur le terrain. Faute d’argent, on fait de l’agitation législative, la recette est éprouvée, François Hollande compte bien la reprendre à son compte.

On aura donc une loi d’orientation sur le spectacle vivant. A mon avis, davantage de subventions seraient plus efficaces. On aura aussi une belle loi sur l’exception culturelle (comprendre : protectionnisme commercial en faveur des industries culturelles).
Autre engagement généreux sans le moindre commencement d’augmentation des crédits, la diplomatie culturelle. C’est vrai que les centres culturels français à l’étranger ont bien souffert, mais la solution est malheureusement connue : davantage de crédits budgétaires. J’ai beau lire et relire le discours de François Hollande, je cherche encore le passage où il dit sans la moindre ambiguïté qu’il augmentera substantiellement ce budget… Pareil pour les intermittents du spectacle. Il voit qu’il va y avoir un problème avec l’arrivée à échéance, en 2013, de la convention d’indemnisation chômage. Sa réponse : "il faudra trouver des solutions". Lesquelles ? Pas le moindre début de commencement de réponse.

Enfin, François Hollande reprend un certains nombre de chantiers déjà engagés par Nicolas Sarkozy, dont il conservera l’ossature globale, quitte à changer quelques décorations extérieures. Le centre national de la musique verra le jour (avec quels moyens, silence radio), l’éducation artistique sera renforcée avec création d’une structure interministérielle (qui existe déjà de fait). Il reprend aussi à son compte les tentatives des industries culturelles pour faire payer les fournisseurs d’accès à Internet et les industriels. Sarkozy ne l’a pas attendu pour ça, avec des dispositifs (assez fragiles et contestés) comme la taxe COSIP ou la redevance pour copie privée. François Hollande garantira aussi le système de la chronologie des médias, qui permet aux industries culturelles d’organiser le rationnement du public (il faut attendre plusieurs mois entre la sortie en salle et la sortie en DVD, et encore du temps pour la diffusion TV d’un même film). Cela permet de faire payer plusieurs fois pour le même produit.
Il y a quand même quelques propositions. François Hollande parle de "simplifier la gestion des droits d’auteur sur internet". Je serais curieux de savoir ce qu’il entend par là… Licence globale ? Il parle aussi de faire de l’histoire de l’art une discipline scolaire à part entière. Mais pas un mot sur la discipline sacrifiée (les emplois du temps des collégiens et lycéens sont déjà saturés).

Bref, François Hollande n’a pas d’argent pour la Culture, même s’il aime beaucoup les artistes, et encore plus les industries culturelles. La preuve, le seul engagement financier ferme, c’est un retour à la TVA à 5,5% sur les biens culturels (ce qui veut dire au passage qu’il ne reviendra pas sur le passage global de 5,5 à 7% du taux réduit de TVA). Il n’a pas besoin d’en dire plus. La calinothérapie ne remplacera jamais les crédits budgétaires. Le monde de la Culture n’a pas plus à attendre de François Hollande que ce que Nicolas Sarkozy lui a déjà donné. Il fera voter toutes les lois qu’ils veulent, leur offrira tous les outils pour racketter d’autres secteurs économiques (comme le numérique), qui ont quelque argent. Mais c’est tout…

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