Le niobium, ce métal méconnu et rarissime dont ne pourra pas se passer l'industrie du futur<!-- --> | Atlantico.fr
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Le niobium est très recherché. A fortiori parce qu'il n'est exploité que dans trois endroits au monde : deux carrières au Brésil et une au Canada. L'essentiel du marché est estimé à 4 milliards de dollars.
Le niobium est très recherché. A fortiori parce qu'il n'est exploité que dans trois endroits au monde : deux carrières au Brésil et une au Canada. L'essentiel du marché est estimé à 4 milliards de dollars.
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Un métal pour les allier tous

Ce métal rare est la proie d'une lutte commerciale autour des trois seules mines de la planète.

Depuis le début de l'année 2015, le prix des matières premières dégringole. Le pétrole est passé sous les 30 dollars en janvier dernier ; mais aussi le cuivre, le soja, le sucre, le café, le platine, le porc et d'autres encore ne valent plus leurs prix d'antan.

Il y en a un, pourtant, qui s'en sort plutôt bien. Estimé à 40 dollars le kilo, le niobium reste la coqueluche des investisseurs. D'après Bloomberg, le mois dernier, une entreprise chinoise du nom de China Molybdenum Co. a raflé un marché au nez et à la barbe de quinze autres concurrents, pour l'acquisition d'une mine brésilienne évaluée à 1 milliard de dollars. Pour triompher, les Chinois l'ont payée 500 millions de plus.

Autrement dit, le niobium est très recherché. A fortiori parce qu'il n'est exploité que dans trois endroits au monde : deux carrières au Brésil et une au Canada. L'essentiel du marché est estimé à 4 milliards de dollars, et pourtant qui nous dira à quoi sert le niobium ?

Il faut se plonger dans les publications spécialisées. On y apprend que ce métal, pour lequel la géopolitique reprend ses droits, fait partie des métaux rares, extrêmement résistants aux très hautes températures et à la corrosion, extrêmement conducteur d'électricité. Il est utilisé "dans l'industrie automobile, les infrastructures et les ingénieries lourdes, le secteur pétrochimique, les centrales électriques, la construction d'oléoducs et de gazoducs". Il permet de mettre au point un acier léger, à toute épreuve.

Un exemple ? Le Viaduc de Millau a utilisé de l'acier contenant 0,0025 % de niobium afin de réduire son épaisseur de 4,6 à 4,2m (sur 2500 mètres de long), ce qui est crucial "dans la mesure où l'épaisseur du viaduc détermine sa surface exposée à la force du vent dans la vallée", d'après Damien Deltenre, chercheur à l'université de Louvain.

En somme, une guerre commerciale se mène en sous-main, à propos de ce métal rare. Etant difficile à trouver et à exploiter, le stock mondial dépend largement des trois mines actuelles. Mais l'une d'entre elles, la Cia Brasileira de Metalurgica & Mineracao au Brésil, est relativement plus grosse que les autres : elle contrôle plus de 80 % de la production mondiale. Ce quasi-monopole est aux mains d'une seule famille milliardaire, qui est entrée dans les affaires il y a seulement 5 ans.

Or, pour le meilleur ou pour le pire, le niobium va progressivement passer au premier plan. En effet, la volatilité des prix du pétrole – et la volonté d'une transition énergétique – conjuguée aux risques du nucléaire poussent les investisseurs vers le gaz de schiste. Comment acheminer ce dernier ? Par des gazoducs qui contiennent du… niobium. Même pour les forages de pétrole en Arctique ou dans la taïga sibérienne, les températures exigeant un métal résistant. Lequel ? Vous avez deviné. Quel métal est, également, essentiel aux turbines des moteurs d'avion, du fait de ses caractéristiques exceptionnelles ? Quel est celui qui, pour quelques grammes, permet aux voitures de peser 100kg de moins, réduisant leur consommation, donc leur poids énergétique, respectant ainsi les normes écologiques de plus en plus strictes ?

En d'autres termes, l'utilisation du niobium – et sa recherche avide – augmentera avec l'expansion humaine. Ce métal on ne sait grand-chose sera vite sous les feux des projecteurs.

Pour finir, une note plus insolite qui satisfera ceux qui aiment la mythologie, les ironies de l'histoire et les choses bien rangées. Le niobium tire son nom de Niobé, une Grecque qui défia l'Olympe en prétendant que sa progéniture était plus belle que les enfants des dieux. Fille de Tantale, lui-même châtié dans l'ancien temps, elle se situe juste au-dessus de lui dans le tableau périodique des éléments, et le remplace dans certains de ses usages.

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