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Cours du pétrole : pourquoi l’Arabie Saoudite pourrait rendre la hausse durable
©Reuters

Bonne nouvelle ?

Depuis mi-février 2016, les prix du pétrole sont sur une tendance haussière avec une revalorisation du baril de 70%. Si cette hausse est susceptible de contrarier la reprise de la croissance des pays occidentaux, l'impact sur l'économie mondiale sera limité.

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.

Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).

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Atlantico : Deux semaines après le sommet de l'OPEP à Doha qui s'est conclue par un échec des négociations, le cours du pétrole ne cesse de grimper. Comment expliquer cette hausse qui va à l'encontre des pronostics de la plupart des observateurs ? 

Stephan Silvestre : La hausse actuelle n’est pas liée à la réunion de Doha. Celle-ci n’a rien donné, mais c’était attendu. Les prix sont sur une tendance haussière depuis mi-février. L’équilibre entre l’offre et la demande n’a pourtant pas changé depuis cette date et l’offre est toujours excédentaire de 1,5 à 2 millions de barils par jours. Mais les marchés anticipent la baisse de l’offre qui est attendue au second semestre, surtout en raison du fléchissement de la production américaine de pétrole de schiste, et jouent la hausse. De plus, nous arrivons dans la driving season américaine, période durant laquelle la consommation américaine augmente sensiblement et les distributeurs profitent des cours bas pour constituer des stocks. Enfin, à cela s’ajoute l’affaiblissement du dollar depuis fin février. Or, les baisses durables du dollar entraînent toujours des hausses du pétrole par effet de compensation. 

Ce retour d'un prix du pétrole à la hausse est-il durable selon vous ?

La hausse est déjà largement engagée depuis février, avec une revalorisation du baril de 70%. Cette tendance devrait perdurer encore quelques mois et le cours du baril devrait se hisser entre 50 et 60$. Ensuite, les prix devraient se stabiliser avec l’arrivée sur le marché du pétrole iranien. De surcroît, à ce niveau de prix, la production américaine pourra repartir à la hausse à son tour, ce qui ravivera la concurrence internationale. Fondamentalement, l’offre restera suffisamment abondante pour contenir le baril au-dessous de 60$ le baril. La coalition du golfe Arabo-persique n’est plus en mesure de contrôler les prix et elle aura du mal à trouver des alliés pour l’aider. 

Quelles conséquences peut-on attendre de cette hausse sur l'économie mondiale en générale, et plus particulièrement sur la France ? 

Cette hausse est de nature à contrarier la reprise de la croissance mondiale, surtout en Occident. Cependant, en dessous de 60$/baril le pétrole reste abordable et l’impact sera limité. Pour la plupart des pays producteurs, ce niveau restera encore trop faible pour permettre l’équilibre des finances publiques et certains n’ont pas fini de manger leur pain noir. En France, on constate en ce moment l’effet de la baisse des cours de 2015, avec une croissance du PIB au premier trimestre légèrement supérieure aux trois précédents. Il ne faut toutefois pas s’attendre à plus que cela : la forte chute de 110$ à 50 $ en 2014 n’avait pas provoqué de hausse spectaculaire du PIB en 2015. De la même façon, la hausse actuelle du pétrole n’aura pas d’impact direct sur l’économie. Mais si elle s’accompagne d’une hausse de l’euro, cela pourrait provoquer un effet récessif au début 2017. 

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