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Non, la vie sur Terre ne sera jamais éternelle, mais quelques bonnes habitudes suffisent à augmenter son espérance de vie
©Reuters

Bonnes feuilles

Aujourd'hui, la mort ne présente plus ce caractère inéluctable qui, par nature, est le sien. Des médecins, assistés par un personnel soignant dévoué, luttent pour en repousser les limites, voire la vaincre. Un médecin, un chirurgien et une philosophe relatent ici leur expérience au chevet des malades et ont à coeur de méditer le rôle de la main comme prolongement du cerveau dans la relation à l'autre…. Extraits de "La vie au bout des doigts" d'Henri Joyeux, Laurence Vanin et Jacques Di Constanzo, aux éditions Desclée de Brouwer 2/2

Pr Henri Joyeux

Pr Henri Joyeux

Henri Joyeux est chirurgien cancérologue et chirurgien des hôpitaux, professeur honoraire de chirurgie digestive et de cancérologie à la faculté de médecine de Montpellier. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à l'écologie humaine, notamment sur l'alimentation. Parmi ses dernières publications, "Vaccins, comment s'y retrouver ?","Tout savoir pour éviter Alzheimer ou Parkinson" (en collaboration avec Dominique Vialard) et le best-seller "Changez d'alimentation".

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Jacques di Costanzo

Jacques di Costanzo

Jacques di Costanzo est docteur en médecine, docteur en sciences, praticien hospitalier, spécialiste en médecine interne, en réanimation médicale et gastroentérologie. Il est également directeur de recherche en chirurgie expérimentale et médecin en chef de la Marine nationale.

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Laurence Vanin

Laurence Vanin

Laurence Vanin est philosophe, docteur en philosophie politique et épistémologie. Elle enseigne à l'université de Toulon où elle est directrice pédagogique de l'université du Temps Libre. Elle est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages et dirige plusieurs collections, notamment « Chemins de Pensée » aux éditions Ovadia.

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Prévention et préservation de soi

Jacques di Costanzo : Le rôle du médecin interniste ou généraliste reste essentiel dans le domaine du dépistage et de la prévention. Le dépistage, à un stade précoce, de maladies graves qui impliquent secondairement des soins longs et coûteux demeure, en effet, la première étape indispensable à toute augmentation des chances de guérison et à des économies de santé.

D'autre part, en présence de facteurs de risques familiaux détectés par une étude génétique, ou bien en cas d’antécédents personnels susceptibles de faire le lit d’une maladie grave, le dépistage systématique revêt une importance capitale. Il concerne essentiellement les sujets en apparente bonne santé ; il permet de prévenir l’apparition de maladies graves et donc de réduire la mortalité générale de la population ainsi que les dépenses de santé inhérentes au traitement de ces pathologies si on leur avait laissé la possibilité de s’exprimer. C’est ainsi que les études organisées à l’échelon national ont permis, en quelques années, de réduire d’environ 30 % l’incidence des cancers du poumon, du sein ou du côlon, pour ne citer que les principaux.

La prévention de l’émergence de certaines pathologies reste du domaine de l’éducation du grand public. Dans cet ordre d’idée, l’alimentation moderne demeure un facteur déterminant dans l’expression d’un nombre important de maladies puisque 70 % d’entre elles, affectant aussi bien le cerveau, le système cardiovasculaire ou le tube digestif, sont révélées ou provoquées par une alimentation en inadéquation avec nos possibilités physiologiques et métaboliques.

Si l’homme préhistorique, notre ancêtre, pouvait encore s’alimenter correctement et de manière intuitive, nous n’avons plus cette possibilité au XXIe siècle. En effet, il y a neuf mille ans environ lorsque l’homme du Néolithique se sédentarisait et cultivait des végétaux en créant ainsi les premiers OGM, et lorsqu’il commençait à élever des animaux dont la viande était riche en graisses saturées, il rompait l’harmonie et la symbiose qui existaient entre lui et la nature. Mettant ainsi en péril son propre équilibre physiologique par une alimentation désormais en inadéquation avec ses possibilités métaboliques, il favorisait, bien inconsciemment, l’expression de certains gènes jusqu'alors quiescents mais potentiellement porteurs de pathologies plus ou moins graves. C’est ainsi que s’expriment, de nos jours et selon un mode « épigénétique », les gènes d’un nombre incalculable de pathologies graves qui affectent, à différents degrés, tous les organes. Il est donc probable que si l’on avait la sagesse de revenir à une alimentation qui se rapprocherait de celle de nos ancêtres de la préhistoire, donc plus en adéquation avec nos possibilités métaboliques qui n’ont pratiquement pas varié depuis quarante mille ans, nous augmenterions notablement la longévité de l’espèce humaine. Pourtant, me direz-vous, la durée de vie moyenne de nos ancêtres devait se situer autour de vingt-cinq ans malgré une alimentation optimale. Certes mais ces pauvres créatures mourraient souvent et en bas âge, de causes que nous avons identifiées et maîtrisées depuis longtemps comme les grossesses pathologiques, le post partum compliqué, les infections virales ou bactériennes actuellement banalisées – une simple appendicite tuant alors aussi sûrement qu’une péritonite sans traitement de nos jours –, les traumatismes, les pressions de sélection liées à l’environnement comme les variations climatiques etc.

En quoi consisterait alors une alimentation équilibrée au XXIe siècle ? Il s’agirait de réduire fortement les apports en graisses saturées et en acides gras polyinsaturés de la série oméga 6 (huiles végétales, viandes rouges…) en leur préférant ceux de la série oméga 3 (poissons gras, colza, lin, soja, noix…) ; d’éviter les sucres rapides, les desserts à index glycémique élevés qui stimulent l’appétit tout en favorisant le stockage des graisses ; d’augmenter nos apports en protéines et en végétaux et enfin d’éviter les ajouts de sel. Cela paraît simple mais en réalité très complexe devant la tentation permanente générée par l’industrie alimentaire moderne. Et puis que dire de notre inaction et de notre manque de pratique régulière du sport ? 

À titre d’exemple, l’homme de Néandertal, le premier Européen avec qui le Sapiens que nous sommes a cohabité pendant plus de dix mille ans, avait un périmètre de chasse de cent kilomètres. Nous sommes bien loin de la distance qui sépare généralement notre table du réfrigérateur ! Il est cependant toujours vrai que la pratique régulière d’exercices physiques, soit environ trois heures par semaine, prévient non seulement l’émergence d’un nombre important de maladies mais améliore également les performances cérébrales. N’envions pas pour autant nos ancêtres de la préhistoire qui avaient à lutter en permanence pour s’alimenter et survivre dans un milieu au mieux indifférent, voire souvent hostile. Restons dans notre époque tout en appliquant le principe de Paracelse : « Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose détermine ce qui n’est pas un poison » ; en d’autres termes, cultivons comme un bien précieux la modération en toutes choses si l’on veut vivre longtemps. Mais vivre longtemps n’est désormais pas suffisant pour le commun des mortels ; il s’agit pour lui de vivre longtemps mais dans de bonnes conditions physiques et intellectuelles. Y arrivera-t-il ? Certainement, si l’on compare l’aspect physique et les performances cérébrales des femmes ou des hommes de plus de quatre-vingts ans actuels à ceux d’il y a seulement cent ans. Cela tient probablement aux avancées de la médecine mais aussi au mode de vie qui a fondamentalement changé et aux moyens de communication modernes ultra rapides qui ont permis des échanges culturels ou scientifiques féconds, sources de progrès.

Alors pourquoi ne pas rêver et envisager, dans un avenir proche, une espérance de vie de cent vingt ans, semble-t-il programmée par nos gènes. Attendons de voir !

Extraits de La vie au bout des doigts d'Henri Joyeux, Laurence Vanin et Jacques Di Constanzo, publié aux éditions Desclée de Brouwer, avril 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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