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Nicolas Dupont-Aignan : "Le Hijab day est une initiative pernicieuse, provocatrice, qui vise à banaliser la soumission de la femme"
©Reuters

Défaite auto-prescrite

Créé par des étudiants de Sciences-Po Paris, l'appel à "se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée" pour lutter contre "la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France" correspond à une défaite des élites, pour le candidat à la présidentielle de 2017.

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan préside Debout la France, parti politique se revendiquant du gaullisme et est l'auteur de France, lève-toi et marche aux éditions Fayard. 

 

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Atlantico : que vous inspire le Hijab Day organisé à Sciences Po Paris pour dédramatiser le port du voile ?

Nicolas Dupont-Aignan : Je pense qu'il s'agit d'une initiative pernicieuse, provocatrice, qui vise à banaliser la soumission de la femme. Il est surréaliste de voir l'une des écoles les plus prestigieuses de notre pays permettre cette aliénation. 

Je ne fais pas d'opposition entre les Français et les musulmans pour autant. N'oublions pas qu'en Tunisie, le président Bourguiba avait lui-même interdit le port du voile... Je souhaite que l'on ne nous fasse pas de chantage à la liberté religieuse, et j'estime que le rôle de la République, c'est de protéger les femmes françaises musulmanes de la pression d'une tradition. On peut tout à fait vivre sa foi musulmane tout en respectant le principe d'égalité des sexes.

Coïncidence, hier, notre Bureau national a arrêté la position de Debout la France sur l'interdiction du voile à l'université. Et selon nous, la République ne peut accepter que l'inégalité des sexes soit favorisée et véhiculée en son sein. 

Le port du voile n'est ni illégal en soi, ni interdit dans les établissements publics d'enseignement supérieur. A quel titre cette opération devrait-elle être empêchée ?

Au titre de l'égalité entre les hommes et les femmes, principe républicain fondamental ! Le voile signifie la soumission de la femme : il implique que pour pouvoir sortir de chez elle, la femme doit cacher sa féminité. C'est un archaïsme qu'il faut interdire dans les services publics autant que dans les universités. Dans l'espace public, chacun peut se vêtir comme il veut mais dans les lieux fermés, nous pensons que la banalisation de l'inégalité des sexes n'est pas tolérable. 

Je me souviens du débat sur la loi du voile à l'école. Lorsqu'elle a pu être mise en place, ce sont les mères et leurs filles musulmanes qui ont remercié la République de les avoir protégées. 

La laïcité à la française, c'est le respect des religions et des lieux de cultes, mais ces mêmes religions doivent se plier aux principes de la République. 

Sur Twitter, vous avez dénoncé la "démission de plus d'une élite fatiguée". Dans une tribune, vous ajoutez que cette journée du voile "mérite une réaction rapide de la République." Vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle. Comment auriez-vous réagi si vous aviez été élu ?

J'estime que l'école de la République, les services publics, les entreprises sont des lieux qui forgent la cohésion nationale et le sentiment d'appartenance à la nation, et que la nation française ne reconnaît pas les communautarismes. J'estime, tout comme Manuel Valls, qui gagnerait d'ailleurs à passer aux actes, qu'il faut frapper fort et vite. Si on ne le fait pas, des centaines de milliers de jeunes filles seront fortement incitées. Et c'est là que l'initiative des étudiantes de Science-po est particulièrement perverse: elle banalise encore une fois la soumission de la femme.

Vous déclarez dans cette même tribune "qu'il ne faut à aucun prix mettre le doigt dans l’engrenage car après il sera trop tard pour reconquérir notre liberté." Qu'entendez-vous par-là ?

A partir du moment où l'on acceptera la généralisation du voile, les jeunes femmes de confession musulmane ne pourront pas résister à la pression de certains radicaux, et c'est ce que l'on constate dans certains quartiers. A chaque fois d'ailleurs que je vais à des séances de dédicace, il y a des hommes de confession musulmane qui me disent que leurs enfants sont Français, et me remercient pour ce que je défends car ils ne sont pas venus en France pour que leurs filles subissent des pressions comme dans leur pays d'origine. 

Ce micro-événement exclusivement parisien doit-il vraiment être commenté, même pour s'en indigner ? N'est-ce pas lui donner trop d'importance, et lui donner un retentissement qu'il n'aurait jamais eu autrement ?

C'est une vraie question, et c'est probablement ce que cherchaient les promoteurs de cet événement. Mais dans le même temps il est symbolique d'une dérive de nos élites. En effet il est surprenant qu'à Sciences-po, les Françaises de toutes origines n'aient pas plus protesté, ni que la direction de l'école n'ait réagi. C'est le signe d'une faiblesse, d'une soumission mentale, que l'on retrouve à l’hôpital aussi quand un médecin homme accepte de ne pas soigner une femme pour des raisons religieuses et vice-versa. Il faut réagir.

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