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Moteur caché dans le vélo : une cycliste belge suspendue 6 mois, pendant que d’autres courent toujours...
©Capture d'écran

Dopage mécanique

Une cycliste belge a été suspendue pour avoir eu recours à un moteur, une pratique illégale. Ce nouveau scandale éclate alors que le Tour de France se prépare.

Longtemps le doute et les rumeurs ont circulé sur le dopage mécanique, ces petits moteurs illégaux nichés dans les vélos du peloton des cyclistes professionnels. Déjà en 2010, on se souvient des accélérations fulgurantes du Suisse Fabian Cancellara qui déposait ses concurrents lors du Tour des Flandres et du Paris-Roubaix.

Mais il a été réellement détecté pour la première fois en compétition dans le vélo d’une jeune Belge, Femke Van den Driessche, aux championnats du monde de cyclocross, fin janvier 2016. Elle a écopé de 6 mois de suspension et 20 000 francs suisses d'amende.

La propulsion du vélo doit être assuré uniquement par les jambes

Du coup, l'UCI (Union Cycliste Internationale) s'est vue dans l'obligation de rédiger un article spécifique dans son règlement : "La propulsion de la bicyclette est assurée uniquement par les jambes (chaîne musculaire inférieure) dans un mouvement circulaire à l’aide d’un pédalier sans assistance électrique ou autre. Il est interdit d’ajouter un système mécanique ou électrique servant d’assistance au coureur. L’utilisation de groupe électrique pour le changement de vitesse uniquement est autorisée pour autant que leur mise en place sur la bicyclette ne contrevienne à aucune règle". Depuis lors, l'UCI a intensifié ses contrôles et analyse régulièrement des vélos lors de grandes compétitions. Mais trop lourd et facilement repérable avec une caméra thermique, le moteur à l'intérieur du cadre n'a plus la cote chez les coureurs qui veulent tricher en tout discrétion.

Un système commandé par une montre

Selon les informations du Corriere della Sera en Italie et de Stade 2, les tricheurs ont désormais opté pour un système électro-magnétique dissimulé dans les roues arrières en carbone, commandé par le cardio-fréquencemètre du coureur ou une simple montre. Le coût avoisinerait les 200 000 euros et apporterait 20 à 80 watts supplémentaires de puissance (pour développer 100 watts, une personne doit soulever approximativement une charge de 10 kg à la vitesse de 1 m/s). Les journalistes ont découvert la supercherie en utilisant une caméra thermique. "En action, la batterie et le moteur, au-dessus du pédalier, dégagent de la chaleur. En imagerie infrarouge, cette partie du cadre, plus chaude que le reste, apparaît incandescente", explique Thierry Vildary dans son reportage.

Moteurs de pédaliers et aimants

A l'aide de cette imagerie thermique, lors de deux courses en Italie en mars dernier, ils ont montré que cinq coureurs utilisaient des moteurs de pédalier et deux autres coureurs utilisaient des systèmes d'aimants installés sur la roue arrière. Les journalistes, selon le site spécialisé Deadspin, se sont alors rendus chez  Alessandro Bartoli en Italie. Pour 10 000 euros, l'homme fabrique des moteurs qui entrent dans le tube diagonal d'un vélo et génèrent 250 watts de puissance. Mais si les types de moteurs vendus par Bartoli sont puissants et peu chers, ils sont relativement faciles à détecter.

Des roues électromagnétiques

Stade 2 a également envoyé un journaliste à Budapest pour rencontrer Istvan Varjas, un ingénieur hongrois, qui équiperait certains grands noms du vélo de roues électromagnétiques. Ce serait une forme de tricherie plus subtile : des batteries sont cachées à l'intérieur de la roue arrière et une bobine nichée sous le siège génère une force d'induction qui offrirait 60 watts supplémentaires de puissance, le tout commandé par un activateur Bluetooth. Le coût de ce joujou technologique est de 50 000 euros.

Des contrôles avec des iPads

Un simple contrôle des cadres avec une mini caméra comme cela était pratiqué en 2015 semble voué à l'échec. L'UCI s'est donc associée avec des chercheurs pour trouver la parade et mettre au point des outils fiables. "La technologie nous permet désormais d'effectuer de nombreux tests grâce à des appareils très légers, qui peuvent notamment être connectés à un iPad, a assuré le président de l'UCI, Brian Cookson. Nous procéderons à des contrôles avant et après les courses et, si nécessaire, pendant les courses." Une bonne idée si elle est mise en pratique et si la technologie permet de détecter les champs magnétiques générés par ces roues du futur, estime le service des sports de France Télévision.

Surveiller tous les médaillés

En février 2016, une opération coup de poing a été menée sur la Méditérranéenne. Trois contrôleurs de l'UCI ont scanné au laser la totalité des cadres et des roues appartenant aux formations françaises Delko, Roubaix-Lille Métropole, Auber 93, italiennes Bardiani et Androni Giocattoli et belge Veranclassic. Tous les vélos ont été déclarés conformes. Depuis, les commissaires de l'UCI ont poursuivi leurs contrôles à l'abri des yeux indiscrets et des caméras. Brian Cookson veut étendre le nombre de contrôles dès que possible. "Pour le moment, les contrôles sont aléatoires mais nous ambitionnons de les systématiser à toutes les courses et dans toutes les disciplines, explique-t-il. A court terme, il faut par exemple que tous les vélos des médaillés soient contrôlés". Le service minimum pour ne pas discréditer encore plus les compétitions cyclistes.

Le moteur du vélo de Contador activé par Bluetooth ?

Sans donner de noms, Stade 2 a dévoilé plusieurs images où une activité anormale est détectée lors de la dernière édition des Strade Bianche, une course italienne. L’émission revient également sur le Giro 2015 où l’on voit le mécanicien d’Alberto Contador, vainqueur du dernier Tour d’Italie, qui s’affaire auprès de son vélo tout en tripotant sa montre, où l'activateur Bluetooth a été vraisemblablement logé, avant un contrôle de l’engin de l’Espagnol...

L'UCI doit de nouveau faire face à l'un de ses plus grands défis depuis les scandales de dopage qui ont émaillé les années 1990 et 2000. La crédibilité du cyclisme professionnel en dépend...

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