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Campagne de débauche pour un gouvernement fantôme FN : Marine Le Pen appuie là où ça fait mal à droite
©Reuters

Qui franchirait le Rubicon ?

Aussi bien dans l'objectif de gagner la présidentielle de 2017 que de constituer la principale force d'opposition après cette échéance, le FN serait en train de constituer un cabinet fantôme dont les membres seraient recrutés en dehors des frontières du parti.

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton est actuellement professeur à l'Université catholique de Lille. Il est également auteur de notes et rapports pour le think-tank GénérationLibre.

 

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Atlantico : Selon France Info, Marine Le Pen aurait décidé de mettre en place un"cabinet fantôme" en vue de la présidentielle de 2017. Quelle est la fonction de ce type de cabinet d'une manière générale, et pour le FN en particulier ? Est-ce une pratique politique répandue en France ? 

Raul Magni-BertonIl s'agit d'une pratique institutionnalisée au Royaume-Uni et dans les pays qui ont hérité de son système. Puisqu'il y a généralement deux partis, le parti d'opposition forme un gouvernement parallèle - le shadow cabinet - qui permet aux électeurs de savoir ce que l'opposition aurait fait s'il avait été au gouvernement. En France, il y a eu plusieurs tentatives d'imiter ce système.Mitterrand avait tenté l'expérience dans les années 1960, puis plusieurs autres partis d'opposition ont relancé l'initiative, surtout ces dernières années. Récemment, c'est surtout l'opposition centriste qui a fait des cabinets fantômes. A ma connaissance, aucune de ces initiatives n'a particulièrement servi au parti qui l'a pratiquée, ni n'a laissé de traces dignes d'être racontées. Avec cette initiative, le FN tente quelque chose de plus, pour essayer d'obtenir, aux yeux de l'électorat, le statut d'opposition officielle. Mais le but est surtout de rester visible. 

Afin de constituer ce cabinet, le FN a fait des appels, directs ou indirects, à des personnalités politiques de droite hors-FN comme Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Henri Guaino, ou bien encore Jacques Myard (LR), Alain Marsaud (LR) et Eric Ciotti (LR). Comment interpréter cet appel ? Pourquoi, jusqu'à présent, le FN n'est-il pas parvenu à recruter des personnalités politiques en dehors de ses frontières ? 

C'est une pratique courante que de faire un cabinet fantôme de coalition. Il faut habituer les politiciens qui représentent un espace politique donné à coopérer, et indiquer aux électeurs qu'il y a un troisième pôle politique capable de se coaliser et de gouverner. Il est aussi naturel que le FN veuille attirer les autres politiciens de droite qui ont une dent contre Les Républicains.L'objectif pour le FN est de réussir à gagner des deuxièmes tours et, pour cela, mobiliser son propre électorat ne suffit pas :  il faut en conquérir de nouveaux. 

Dans quelle mesure ces personnalités précédemment citées pourraient-elles répondre favorablement à cet appel ? N'est-ce pas risqué pour leur carrière politique respective, et notamment vis-à-vis de leur électorat ? 

Difficile à dire. En même temps, c'est le moment idéal, pour ces personnes, pour pouvoir passer des accords avantageux avec le FN, car c'est le moment où ce dernier a le plus besoin d'eux. Chacun fera ses calculs.

Les législatives de 2017 pourraient marquer l'entrée d'un certain nombre de personnalités du FN à l'Assemblée nationale. Cet événement pourrait-il avoir un effet positif pour le FN quant à la constitution d'alliances avec des personnalités politiques hors FN/des partis politiques autres ? 

Bien-sûr. D'une part, l'attractivité d'un parti dépend des voix qu'il reçoit. Si le FN aura des députés, c'est que des électeurs auront pour lui, donc il deviendra attractif pour des alliés potentiels. D'autre part, l'Assemblée nationale est aussi un lieu de rencontres où les députés travaillent parfois au sein des mêmes commissions. Pour isoler un parti, il faut minimiser les interactions entre les membres de ce parti et les autres. Quand cela devient difficile, en particulier lorsque les membres de ces partis se côtoient à l'Assemblée nationale, les coopérations augmentent, ce qui constitue la base de la naissance d'alliances.

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