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Christine Boutin : "Avec sa réforme du quotient familial, François Hollande planifie une véritable destruction de la famille"
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Familles, je vous aime

Plus on fait d'enfants, plus on a de réductions d'impôt. C'est le principe de la règle du quotient familial qui, selon Bercy, profite surtout aux familles les plus aisées. François Hollande envisagerait de supprimer cette règle au profit d'un crédit d'impôts. Christine Boutin voit dans le projet du Parti socialiste un danger majeur pour la valeur symbolique de la famille.

Christine Boutin

Christine Boutin

Christine Boutin est la présidente du Parti chrétien-démocrate.

Elle a été ministre du Logement et de la Ville puis uniquement du Logement, de mai 2007 à juin 2009.

Elle est l'une des instigatrices du droit au logement opposable.

 

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Atlantico : Bercy confirme que le quotient familial, qui permet des réductions d'impôt en fonction du nombre d'enfants, profite surtout aux plus aisés. François Hollande proposerait de la remplacer par un crédit d'impôt pour réduire les inégalités. Bonne ou mauvaise idée ?

Christine Boutin : Un tel crédit d’impôt est une mauvaise idée. Cette proposition de François Hollande correspond à l’absence de politique familiale de son projet. Le Parti socialiste, dans ces conditions, planifie selon moi une véritable destruction de la famille. La suppression du quotient familial en le remplaçant par un ersatz de crédit d’impôt n’est pas une proposition salvatrice.

L'idée de la famille portée par le Parti socialiste, pour ce que j'en ai compris, est fondée sur la culture, sans prendre en compte de différences de genre. Je pense que la famille est fondée sur la différence sexuelle : il faut un homme et une femme. La suppression du quotient familial proposée par François Hollande est un affaiblissement général de la famille. Le quotient familial est perçu par les associations de familles comme une protection symbolique de la valeur famille. Le projet du Parti socialiste va en détruire les fondements.

Je souhaite remplacer le quotient familial par une solution de remplacement qui assurerait la protection des familles : un revenu de base pour éviter de tomber dans la précarité et une familiarisation de la CSG qui bénéficierait de réductions en fonction du nombre d'enfants. Ce revenu de base est accordé à tous les Français, de la naissance à la mort. Il s’élèverait à 200 euros avant 18 ans puis à 400 euros de la majorité jusqu’à la mort. Ce revenu serait beaucoup plus favorable que tout ce qui existe aujourd’hui.

En parallèle, nous souhaitons mettre à plat l’ensemble de la fiscalité française. Tout le monde paiera l’impôt, dès le premier euro perçu. Pour que chacun puisse s’y retrouver, il y aura deux tranches. De 1 à 20 000 euros de revenus, l’impôt s’élèvera à 10%. Au-delà de 20 000 euros, il grimpera à 15%.

Comment s’assurer que les bénéficiaires des aides soient ceux qui en ont le plus besoin ?

Nous avons pris conscience de cette réalité. Le quotient familial tel qu’il est appliqué en France bénéficie plutôt aux familles les plus riches. D’où notre volonté de le supprimer au profit de notre projet de revenu de base qui favorise les classes les plus populaires.

Ce revenu de base est une nouvelle répartition de toutes les prestations sociales. Les classes populaires y gagnent largement. Les classes moyennes en profitent également à moindre mesure. Les Français les plus aisés y perdent en avantages. Son application cherche à rétablir une équité entre les différentes catégories de revenu.

Comment faire pour que les classes moyennes, souvent oubliées par les mesures d’aides sociales, n’aient pas le sentiment d’être laissées de côté ?

Nous essayons d’avoir le plus d’équité possible. Les plus fragiles ne doivent pas être oubliés et les classes moyennes ne doivent pas se sentir lésées. Les plus riches peuvent être appelés à faire preuve de plus de solidarité. La difficulté consiste à faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’assistanat : c’est même tout le contraire.

L’objectif est bien de dire : « Que tu sois riche ou que tu sois pauvre, tu représentes une richesse », valorisée par ces  400 euros. Nous souhaitions au départ mettre en place un revenu de 400 euros dès la naissance. Nous nous sommes rendu compte qu’une telle somme empêchait d’atteindre l’équilibre et engageait l’Etat à un effort supplémentaire. En la réduisant de moitié jusque 18 ans, nous n’avons pas besoin de rallonge budgétaire pour atteindre une meilleure répartition des aides sociales.

Les ménages qui profitent le plus de mon système sont les couples avec un ou deux enfants vivant avec de un smic à un smic et demi. Ils bénéficieront de 25% d’aide supplémentaire par rapport à aujourd’hui. Les classes moyennes toucheront approximativement la même chose. La moitié haute des revenus perdra de 5 à 10% d’aide tandis que les 10% les plus riches perdront tous les crédits d’impôt et exonérations. Autre catégorie qui va bénéficier de cette mesure : les jeunes de 18 à 25 ans qui, actuellement, n’accèdent même pas au RSA.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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