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Bactéries, nos amies pour la vie : surpoids, maladies cardiaques, addictions, stress... nos ennemies d’hier pourront bientôt remplacer antibiotiques et psychotropes
©Reuters

La fin de Monsieur propre

Nous serions à l'aube d'une révolution médicale : de nouvelles armes thérapeutiques basées sur des profils de bactéries favorables voient le jour et pourront bientôt aider à guérir des maladies comme la maladie de Crohn, l'obésité, le stress ou le diabète, en remplaçant, dans certains cas, l'utilisation d'antibiotiques ou de psychotropes.

Gabriel  Perlemuter

Gabriel Perlemuter

Gabriel Perlemuter est le co-auteur du livre Les bactéries, des amies qui vous veulent du bien (éditions Solar).

Il est également Professeur des Universités en hépato-gastroentérologie (maladies du foie et du tube digestif). Il enseigne à l'université Paris-Sud et dirige une équipe de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur le microbiote intestinal et le foie. Il est chef du service d'hépato-gastroentérologie et nutrition à l'hôpital universitaire Antoine-Béclère à Clamart. Gabriel Perlemuter est membre de plusieurs sociétés savantes (Association française pour l'étude du foie, Société nationale française de gastroentérologie, Association européenne pour l'étude du foie). Il est auteur de nombreuses publications scientifiques et didactiques, et donne régulièrement des conférences nationales et internationales sur l'implication de nos bactéries digestives, notre microbiote, dans notre santé.

 

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Atlantico : Quelles sont les bactéries qui sont bonnes ou mauvaises pour la santé ?

Pr Gabriel Perlemuter : Il n'y a pas de bactéries qui sont bonnes et d'autres moins bonnes pour la santé. Il faut parler de "profil de bactéries".

Quels sont les effets positifs des bons profils de bactéries sur notre santé ?

100 000 milliards de bactéries, soit environ 1,5 kilos de microbes, peuplent notre tube digestif pour notre plus grand bien. C'est un univers intérieur qui nous aide à mieux digérer, à fabriquer des vitamines, qui participe au développement de notre immunité et qui explique de nombreuses inégalités entre nous.

De bons profils de bactéries ont, par exemple, un effet favorable sur certaines colites inflammatoires ou infectieuses. Lorsqu’on traite une infection par un antibiotique, certaines colites peuvent apparaître, secondaires aux antibiotiques et elles-mêmes très difficiles à traiter. Il y avait un risque de récidive.Depuis deux ans, la recherche s'est rendue compte concernant ce type de maladie qu’un traitement par un tranfert de selles (donc l'ensemble des bactéries) d'une personne qui va bien à la personne qui est malade permet de guérir la personne malade définitivement.

Pourquoi ces bons profils de bactéries sont-ils menacés ?

Globalement, plus on a de bactéries, plus elles sont diversifiées, meilleures elles vont être bonnes pour la santé.

Le développement d'une excellente hygiène dans les pays occidentaux (grâce la disparition des épidémies comme il y en avait encore il y a 50 ans ou un siècle), une alimentation devenue moins diversifiée, plus riche en graisses, en sucre et moins riche en fibres, souvent industrialisée, constituent des évolutions qui ont modifié notre système immunitaire.

D'autres maladies sont donc apparues ou se sont développées suite à la dégradation de nos bons profils de bactéries, comme les allergies, les colites inflammatoires, le surpoids, les maladies cardiaques, les addictions ou l'autisme.

Pourquoi dites-vous que nous sommes à l'aube d'une révolution médicale ?

De nouvelles armes thérapeutiques fondées sur des profils de bactéries favorables vont probablement bientôt voir le jour, et pourrons aider à traiter des maladies comme la maladie de Crohn, l'obésité, le stress, le diabète ou des maladies du foie.

Concernant le stress par exemple, traité aujourd'hui principalement par des médicaments psychotropes (la France est l'un des pays du monde qui en consomme le plus), des essais sont en cours pour voir s'il y a des bactéries favorables (appelés aussi probiotiques) qui pourrait remplacer ce type de médicament.

De plus, si les chercheurs arrivent dans un futur proche à identifier les signatures bactériennes favorables ou défavorables de chacun, il sera possible de dépister les personnes à risque et prendre en charge les maladies plus tôt, avant même la mise en place du traitement.

Comment s'assurer d'avoir d'assez bons profils de bactéries ?

Il faut d'abord arrêter les césariennes de convenance, parce que vous pénalisez l'enfant pour toute sa vie (le microbiote nous envahit dès le premier instant de notre vie). Si vous êtes obligé(e) de faire une césarienne, des études en cours suggèrent de mettre l'enfant au contact de l'anus ou du vagin de la maman, ou de badigeonner l'enfant après sa naissance avec les microbes maternels, afin de renforcer son système immunitaire.

Il est aussi important de ne pas prendre d’antibiotiques de façon inutile au dernier trimestre de la grossesse et pendant les premières années de vie de l'enfant.

Il faut ensuite avoir une alimentation diversifiée, non restrictive, idéalement riche en nourriture pour vos bactéries, appelées prébiotiques. On peut trouver des prébiotiques dans certains aliments, comme en particulier dans : les fibres, les choux, les haricots, le topinambour, les fruits rouges, le blé, l'orge, l'avoine, les pommes et les amandes. Il ne faut pas abuser des viandes.

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