Une épave d'un navire de Vasco de Gama, perdue depuis des siècles, vient d'être retrouvée près d'Oman<!-- --> | Atlantico.fr
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Vasco de Gama arrivant à Calicut.
Vasco de Gama arrivant à Calicut.
©wikipédia

Histoire

L'Esméralda, pilotée il y a 500 ans par un oncle de l’explorateur portugais Vasco de Gama, renferme des trésors extraordinaires.

Les côtes de l'île Al-Hallaniyah, au sud d'Oman, sont déchiquetées et très escarpées. Un bel endroit pour un naufrage. Et la réalité a rattrapé la fiction puisqu'une découverte qui met en émoi toute la communauté des archéologistes et des scientifiques : l’épave d’un navire piloté il y a 500 ans par Vicente Sodré, un oncle de l'explorateur portuguais Vasco de Gama et descendant du noble Frederick Sudley, a été retrouvée au large des côtes d’Oman.

L'Esméralda a sombré corps et âme

Cette épave est censée être celle de l'Esmeralda, qui faisait partie d'une flotte dirigée par le légendaire navigateur, lors de son deuxième voyage en Inde, entre 1502 et 1503, comme l'explique le Washington Post. Pris dans une tempête survenue en mai 1503, l’Esmeralda a sombré dans les profondeurs marines. L'équipage ainsi que le capitaine ont trouvé la mort dans la catastrophe.

Premier navire des grandes découvertes

L'épave a été initialement localisée en 1998 et le ministère de l'Héritage et de la Culture (MHC) d'Oman, en collaboration avec la société britannique Blue Water Recoveries Ltd (BWR), dirigée par David Mearns, ont entrepris les travaux d'excavation de ce qui se présente comme le premier navire de la période des grandes découvertes européennes trouvé et examiné scientifiquement par une équipe d'archéologues. Professionnels, leurs remarquables résultats ont été publiés le 14 mars 2016 dans la revue Journal of Nautical Archaeology.

Comme le navire s'est échoué dans des eaux peu profondes, il ne reste que très peu d'éléments de l'embarcation.

Un vaste trésor archéologique

L'exploration de la zone a toutefois mené à la mise au jour d'un vaste trésor archéologique, livrant de précieux renseignements, et des milliers d'artefacts déterrés à partir du site de l'épave doivent encore être analysés.

Au total, plus de 2800 objets ont été remontés permettant de confirmer l’identité de l’épave. Parmi ce vaste inventaire, on compte notamment une cloche en bronze pourvue d’une inscription suggérant que la navire remonte à 1498, un disque en alliage de cuivre frappé des armoiries royales portugaises faisant certainement partie d'un astrolable, et extrêmement rare, un petit médaillon en argent connu sous le nom de pièce de monnaie de Dom Manuel I. Cette pièce de monnaie, appelée « Indio », commandée par Dom Manuel en 1499, était spécialement destinée à des échanges commerciaux avec l’Inde. Il n'en existait auparavant qu'un seul exemplaire au monde.

Les archéologues ont également retrouvé des pièces en or cruzado frappées à Lisbonne à la fin du 15ème siècle et des boulets de canon en pierre portant les initiales V.S. qui correspondraient au nom du commandant du navire Vincente Sodré.

De plus, de la grenaille de plomb disséminée sur le site a permis de géolocaliser les minerais qui proviennent des mines d'Espagne, du Portugal et d'Angleterre.

Les grandes explorations

L'âge d'or des grandes explorations se réfère à une période située entre le milieu du 15ème et du 17ème siècles, lorsque les pays européens recherchaient des routes commerciales maritimes mondiales. Une grande partie de cette activité a été initialement alimentée par des tentatives pour atteindre les marchés d'épices du sous-continent indien. La recherche infructueuse de Christophe Colomb pour trouver une route maritime occidentale vers l'Inde a donné lieu à la découverte des Amériques en 1492, mais c'est Vasco de Gama qui a finalement établi la fameuse route de l'Inde, après avoir navigué autour de l'Afrique et dans l'océan Indien, pour finalement atterrir à Calicut (Kozhikode aujourd'hui), en Inde, en 1498.

Six mois de recherche et des hypothèses

L'équipe de Mearns a passé six mois à rechercher dans les archives portugaises les lieux potentiels du naufrage de l'Esmeralda avant de localiser le site de l'épave en 1998. « Notre équipe s'est tenue au-dessus de l'île et a regardé les vagues déferler, en se mettant à la place des portugais. Nous avons construit des hypothèses pour déterminer où les marins avaient pu ancrer leur navire pendant la tempête avant qu'il ne se brise sur les côtes », a expliqué David Mearns dans le National Geographic. Puis des plongeurs équipés de simples tubas ont nagés sur la zone déterminée et après 20 minutes, ils ont commencé à apercevoir des boulets de canons qui étaient évidemment ceux d'un navire européen.

Le destin mystérieux des marins

On ignore toujours le sort de l'équipage de l'Esméralda. D'après plusieurs sources du XVIème siècle, ses membres sont morts sur l'île Al-Hallaniyah, suite au naufrage. Néanmoins, les scientifiques n'ont découvert aucun reste humain lors de l'analyse des tombeaux non musulmans. Dans l'ensemble, les archéologues estiment qu'il pourrait y avoir près de cent membres de l'escadron portugais enterrés sur Al-Hallaniyah. Mais les sépultures étant peu profondes, les corps des marins, exposés aux éléments et aux animaux, auraient disparu sans laisser de trace…

David Mearns, qui a également localisé le HMS Hood et le cuirassé japonais Musashi, a expliqué au National Geographic que ce sont à ces hommes disparus qu'il pensait pendant sa longue quête de l'Esmeralda. « Un site de naufrage n'est pas une jolie chose. « Il est la scène d'une tragédie... Il est un endroit que vous avez à traiter avec respect parce que beaucoup de gens y sont morts ».

Les artefacts sont actuellement conservés et étudiés, et seront finalement exposés au Musée national d'Oman.

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