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Perquisition antiterroriste à Forest : comment s'articule la coopération entre services français et belges sur place
©Reuters

Entraide judiciaire

Selon le bourgmestre Marc-Jean Ghyssels (PS) peu emballé par ce coup de projecteur sur sa commune qui a voulu se montrer le plus rassurant possible, il s’agissait d’une perquisition « normale » qui s’est déroulée dans un quartier à forte « mixité » où il y a de nombreux marchés et écoles.

Dominique Dumont

Dominique Dumont

Dominique Dumont est une journaliste belge.

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Une fois de plus, la Belgique s’invite au cœur de l’actualité antiterroriste. Cette fois, les caméras du monde sont braquées sur la commune bruxelloise de Forest où une fusillade a éclaté ce mardi après-midi à la suite d’une perquisition menée vers 15h dans le cadre d’une opération antiterroriste conjointe de la police belge et de la DGSI liée aux attentats du 13 novembre.

Selon le bourgmestre Marc-Jean Ghyssels (PS) peu emballé par ce coup de projecteur sur sa commune qui a voulu se montrer le plus rassurant possible, il s’agissait d’une perquisition « normale » qui s’est déroulée dans un quartier à forte « mixité » où il y a de nombreux marchés et écoles. Irrité par un journaliste qui lui demandait si Forest était « un autre Molenbeek », le maire s’est défendu en insistant sur le fait que ce type d’incidents pouvaient se dérouler « dans n’importe quelle ville », « partout dans le monde ». En Belgique, on ne recule devant rien et on n’hésite plus à convoquer la planète entière et la fatalité pour nier toute responsabilité dans l’état de pourrissement de certains quartiers.

En réalité, il s’agit encore d’une poche urbaine au cœur de la capitale de l’Europe totalement en proie au communautarisme. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’hostilité manifestée par les riverains vis à vis de l’équipe télévisée de la RTBF déployée sur le terrain pour couvrir ce nouvel assaut qui aurait eu beaucoup de mal à terminer son duplex sans une présence policière rapprochée… Quant à la présence de membres de la DGSI, elle plaide plutôt pour une opération peu ordinaire, liée au démantèlement de la cellule djihadiste incriminée dans les attentats de Paris. Et si ce n’était pas le cas, il faudra conclure que le djihadisme a définitivement et durablement intégré la normalité de notre quotidien.

Le scénario d’aujourd’hui n’est pas sans rappeler les événements qui avaient secoué la ville de Verviers en janvier 2015 à la différence qu’ici, à Forest, l’assaut n’était pas planifié, mais simplement envisagé. Finalement, après plusieurs heures de confinement pour de nombreux enfants au sein des quatre bâtiments scolaires situés dans le périmètre de sécurité et un bouclage complet du quartier, un individu aurait finalement été abattu par la police vers 19h. En revanche, il semblerait que deux de ses complices aient réussi à prendre la fuite.

Du côté des forces de l’ordre, on dénombre quatre blessés. Trois belges et une française, précise le parquet. La présence de membres de la DGSI s’explique par la mission conjointe (Joint Investigation Team) mise en place entre la France et la Belgique au lendemain des attentats de Paris dont les auteurs présumés proviennent pour la plupart de Belgique.

La possibilité pour des Etats membres de mettre sur pied une équipe commune d’enquête a été introduite par la convention du 29 mai 2000 relative à l'entraide judiciaire en matière pénale entre les États membres de l'Union européenne. Le terrorisme, où les commissions rogatoires internationales sont fréquentes, est une des matières où ce mécanisme prouve toute son efficacité.

Concrètement, dans le cadre d’une mission conjointe, l’agent étranger peut accompagner des collègues locaux. Néanmoins, il ne peut poser aucun acte et n’est autorisé à porter aucune arme. Toutefois, l’intérêt de ce type d’équipe est réel explique Vincent Gilles du Syndicat Libre de la Fonction Publique - Police qui souligne l’apport des informations pouvant être apportées par des policiers proches de l’enquête. « Dans le cadre d’une perquisition, nous pouvons par exemple retrouver certains éléments qui vont prendre un sens particulier auprès d’un policier familiarisé avec certains éléments de l’enquête. Prenons l’exemple d’une bouteille de parfum qui pourrait passer pour un élément banal mais qui peut se révéler significative pour un proche de l’enquête. Pouvoir bénéficier de cette information au moment de la perquisition se révèle souvent très précieux, voire déterminant pour l’issue de l’enquête. » explique-t-il

Voilà qui remontera le moral des troupes. En effet, la cellule antiterroriste a été pointée du doigt à plusieurs reprises ces derniers jours. Le quotidien la DH avait même consacré ce 15 mars un dossier sur les « manœuvres toxiques » qui visaient l’antiterrorisme. On pouvait y lire les étranges révélations d’une certaine Nadia, membre de cette cellule. Début mars, les Belges apprenaient consternés, lors de l’intervention en faveur d'une commission parlementaire sur les attentats de Paris du député CDH Dallemagne, qu’un agent de l’antiterrorisme avait réveillé son supérieur en juillet 2014 pour l’informer d’un projet d’attentat des frères Abdeslam en l’accusant de ne pas avoir fait remonter l’information. Des propos aussitôt démentis par le parquet fédéral avant même d’apprendre quel agent était à la manoeuvre.

Dans son enquête, la DH a retracé le parcours atypique de cette policière d’origine marocaine qui a toujours veillé à entretenir des relations très étroites avec ses supérieurs à la police locale comme, plus tard, à la police judiciaire et qui a été citée dans plusieurs enquêtes. La quête de pouvoir aurait-elle amené cet agent à se mettre au service du CDH, parti d’opposition de l’ex-ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet ?

Quand on apprend que cette dernière est elle-même inquiétée par la justice pour la possible constitution d’un cabinet fantôme composé de collaborateurs exclusivement issus de l’immigration, qui auraient pu agir dans le but de capter des votes communautaires durant la campagne de 2014, la question prend soudain un autre relief... 

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