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Devenir le Manuel Valls du futur candidat de la droite en 2017 : le délicat pari de NKM
©Reuters

Marche-pied

L'ancienne ministre de l'Environnement doit annoncer, ce mardi, sa candidature à la primaire de la droite et du centre. Si elle compte pour l'instant peu de soutiens, et ne pèse pas lourd dans les sondages, elle mise sur ces primaires pour s'imposer comme un personnage incontournable en cas de victoire de la droite en 2017.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Atlantico : Nathalie Kosciusko-Morizet doit annoncer aujourd'hui sa candidature à la primaire des Républicains. Elle ne pèse pas grand-chose dans les sondages, que peut-elle espérer de ce tour de piste ?

Christelle Bertrand : Comme de nombreux autres quadras, Nathalie Kosciusko-Morizet a observé, intéressée, le parcours de Manuel Valls depuis la primaire du PS en 2011. L'actuel Premier ministre est arrivé avant-dernier du premier tour devant Jean-Michel Baylet avec 5,63% des voix, le patron du PRG en réunissant 0,64%. Ce qui démontre en passant que son courant de pensée était loin d'être majoritaire auprès des sympathisants de gauche. Mais il sera le premier, le soir du premier tour, à apporter son soutien à François Hollande. Un geste déterminant qui va contribuer à faire basculer les autres candidats. Il y gagne son poste de directeur de la campagne présidentielle. Tout en gérant les journalistes, en jouant les pacificateurs entre Valérie Trierweiler et Ségolène Royal, durant des mois il va orienter la campagne du candidat Hollande et commencer à glisser ses idées. Durant cette période, il acquiert aussi la confiance du futur Président qui va le nommer place Beauvau puis à Matignon. Nathalie Kosciusko-Morizet, comme d'autres, espère être le Manuel Valls de la droite, être la première à se rallier à l'un des deux gagnants du premier tour, et s'imposer ainsi comme l'artisan principal de sa victoire. Et elle a, en effet, toutes les chances d'être cet élément-clé d'autant qu'elle est, pour l'instant, la seule femme en lice. Son soutien pourrait donc être essentiel même si le nombre de voix qu'elle obtient n'est pas énorme. Les symboles en politique pèsent parfois plus lourd que le réel poids électoral.

Mais si NKM espère jouer le rôle de Manuel Valls, qui pourrait être le François Hollande de NKM ? A qui apportera-t-elle son soutien entre les deux tours ?

Tout d'abord, si les sondages désignent aujourd'hui Alain Juppé et Nicolas Sarkozy comme les probables finalistes, rien n'est encore joué. Mais si les deux hommes accèdent, en effet, au second tour, le choix pour la candidate ne semble pas évident. Elle a longtemps été très proche de l'ancien Président, c'est même l'une des rares politiques à être intime de la famille. Elle est l'amie de Carla Bruni. Même si son récent départ de la direction des Républicains a quelque peu distendu leurs rapports, Nathalie Kosciusko-Morizet n'est pas fâchée avec l'ancien Président. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy n'ignore pas que depuis un an son ancienne ministre réfléchit à cette candidature. Et, alors que l'ancienne candidate à la Mairie de Paris sait qu'elle va avoir un problème de parrainages, elle répète à qui veut l'entendre que Nicolas Sarkozy les lui apportera car sa candidature lui rend service en rognant sur le socle électoral d'Alain Juppé.

NKM entend en effet incarner une droite qu'elle dit moderne, libérale en économie et tolérante sur les questions sociétales. Elle reconnaît d'ailleurs partager nombre d'idées avec le maire de Bordeaux mais accuse l'homme de manquer de courage. Elle en veut pour preuve son ralliement au ni-ni en bureau politique alors qu'il s'y était opposé dans la presse. NKM semble donc d'ores et déjà écarter un rapprochement avec le maire de Bordeaux même si elle se sent plus proche de lui idéologiquement,  pour des raisons liées à sa personnalité. En cas de soutien à Nicolas Sarkozy, NKM tentera, en revanche, d'imposer quelques-unes de ses idées. Elle le dit elle-même : "Moi, je m’en fous d’être minoritaire à un moment donné ! Cela ne signifie pas qu’on a tort sur le long terme". Elle n'aura déjà pas à batailler sur la question du mariage pour tous puisque Nicolas Sarkozy a affirmé récemment qu'il ne reviendrait pas sur la loi Taubira.

Quel poste pourrait espérer obtenir Nathalie Kosciusko-Morizet contre son ralliement au second tour ?

C'est bien difficile à dire. Dans quelle situation serons-nous en 2017 ? Qui l'emportera ? La droite, la gauche ? Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ? Celui qui sera élu devra constituer un Gouvernement d'équilibre, qui fasse la place à toutes les composantes de la droite : de la Droite Forte au centre. Traditionnellement, est nommé à Matignon un proche du nouveau chef de l'Etat mais aussi quelqu'un issu de son courant politique. NKM semble incarner des idées bien trop différentes de celles de Nicolas Sarkozy pour espérer s'installer rue de Varenne. Son caractère bien trempé n'en fait pas non plus la personne idoine, Nicolas Sarkozy préférant, sans doute, un Premier ministre docile comme François Fillon l'a été durant 5 ans. En cas d'élection d'Alain Juppé, que se passera-t-il ? Lui aussi pourrait préférer un proche en qui il a toute confiance. On se rappelle qu'en 2012, la logique aurait voulu que François Hollande nomme Martine Aubry au Gouvernement afin de rassembler le PS. Il a préféré son ami, Jean-Marc Ayrault.  Il est un peu tôt pour imaginer des scénarios qui ne soient pas de pure politique fiction. Ce qui est certain, c'est que Nathalie Kosciusko-Morizet ne manque pas d'ambition et se verrait bien, elle-même, Premier ministre voire même un jour la première femme président de la République française.

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