Le Danemark peut-il sauver la zone euro sans en faire partie ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le Danemark prend la présidence tournante du Conseil européen.
Le Danemark prend la présidence tournante du Conseil européen.
©Reuters

Bonne chance !

Depuis ce dimanche, le Danemark a pris la présidence tournante du Conseil européen. Entre Berlin et Londres, ce petit pays qui traverse plutôt bien la crise va devoir jouer les médiateurs... alors qu'il ne fait pas partie de la zone euro. Le gouvernement a en tout cas décidé de mettre la main à la pâte.

Claus Kragh

Claus Kragh

Journaliste au journal danois Mandag Morgen.

Claus Kragh est spécialisé sur les questions européennes. Il intervient régulièrement sur RFI.

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Atlantico : Le Danemark prend la présidence tournante du Conseil européen. Fédérer les États membres en pleine crise sans être dans la zone euro, c’est possible ?

Claus Kragh : Notre ministre d’Etat [NDLR : chef du gouvernement danois], Helle Thorning-Schmidt, s’est rendue à Berlin début décembre pour rencontrer madame Merkel. Elle a suggéré que le Danemark puisse être un intermédiaire entre les 17 de la zone euro et les autres membres de l’Union. Ce sera de toute façon assez compliqué car le Danemark ne participe pas aux réunions de l’Eurogroupe. Nous savons très bien que cette rencontre est plus importante que l’Ecofin des 27 au cours de laquelle il y a souvent des Français et des Allemands qui sont déjà partis.

Ce sera l’heure de vérité pour le Danemark en tant que pays membre de l’Union. Nous savons qu’il faut rester le plus proche possible de l’Allemagne. Les Danois ont le sentiment que le train européen est en train de partir et que malgré tout, il vaut mieux y être. C’est pour cette raison que la ministre d’Etat veille à ne pas sombrer dans le jeu de la Grande-Bretagne qui a essayé de créer un club des 10 face au club des 17.

La présidence de l’Union européenne n’est plus aussi importante qu’avant. Aujourd’hui, c’est le président permanent du Conseil, Herman Van Rompuy, qui a l’oreille des Allemands et des Français. A ce niveau, les Danois souhaitent faire le maximum dans la machine européenne tout en étant conscients que nous ne sommes pas sur le pont.

Donald Tusk, le Premier ministre polonais, a conclu la présidence de son pays en admettant la difficulté pour un pays extérieur à l’euro de mobiliser les volontés des 17. Comment éviter de tomber dans les mêmes pièges ?

La Pologne est un grand pays dont ça a été la première présidence. Le Danemark fait partie de l’Union depuis 1973 et le gouvernement sait qu’il vaut mieux avancer avec modestie à Bruxelles. D’autre part, les Polonais souhaiteraient rejoindre la zone euro. Les Danois eux, ont voté contre l’intégration monétaire même si la couronne, en étant fixée sur l’euro, reste une monnaie stable contrairement à la livre britannique et la couronne suédoise qui peuvent être dévaluées.

La politique budgétaire danoise est historiquement orientée vers la stabilité. Notre monnaie est indexée sur le deutschmark allemand depuis 1982. Nous rejoignons en cela la volonté des Allemands pour la zone euro.

La crise européenne est-elle un sujet de préoccupation pour les Danois ?

Il est évident que ce n’est pas maintenant qu’il faudrait reproposé aux Danois de rejoindre la zone euro. La monnaie européenne a mauvaise presse en ce moment au Danemark. En même temps, la majorité parlementaire danoise est toujours en faveur de l’euro et d’une politique budgétaire stable.

Les mauvaises perspectives de la zone euro, en termes de croissance, ont un impact sur notre économie. Une grande partie de nos exportations va vers les 17.

L’administration qui est au pouvoir à Copenhague maîtrise-t-elle les questions européennes ?

Helle Thorning-Schmidt, la ministre d’Etat, a fait ses études au collège de l’Europe à Bruges. Elle a été membre du Parlement européen et est donc très à l’aise à Bruxelles. Elle sait très bien comment s’y prendre avec les mécanismes et les personnalités européens. Par contre, il n’y a pas beaucoup de gouvernements de centre gauche en Europe, elle pourrait se sentir isolée sur ce plan.

En 2002, lors de la dernière présidence européenne danoise, nous avions Anders Fogh Rasmussen comme Ministre d’Etat. Il était très attentif aux questions européennes. Il était conscient de l’importance de la scène européenne pour les intérêts danois et le sommet de Copenhague de décembre 2002 a été l’occasion d’admettre les 10 nouveaux pays dans l’Union.

Avec la mise en place d’un ministre des Affaires européennes, Nicolai Wammen, le gouvernement montre que l’Europe est une priorité. C’est aussi un moyen de diminuer la pression sur les autres ministres. Avec le Traité de Lisbonne, il est important de s’assurer une majorité de soutien au Parlement européen : c’est lui qui devra entretenir des relations de travail avec les eurodéputés.

L’administration précédente, très eurosceptique, avait fait des frontières un enjeu. Cette politique déplaisait fortement à Berlin. D’où une volonté de rupture de la part du nouveau gouvernement qui a abandonné ce projet.

Le Danemark a déjà annoncé sa volonté de faire de l’environnement une priorité pour l’Europe au cours de sa présidence. N’est-ce pas une drôle d’idée ?

Ce sont des objectifs assez techniques. Ils veulent surtout travailler sur la directive liée aux économies d’énergie. Les 27 avaient décidé en 2008 de faire 20% d’économies d’énergie d’ici 2020. Le sujet peut paraître marginal mais c’est pourtant crucial. Nos pays savent que ces économies d’énergie sont indispensables à la réforme de nos économies. L’idée n’est pas ici de sauver le climat ou l’ours polaire mais bien de montrer que l’économie verte est une piste intéressante pour augmenter la compétitivité de l’ensemble de l’économie.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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