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Musique trop fort, surdité pour tous ? Comment convaincre ses enfants de ne pas faire la sourde oreille aux graves risques qui les menacent
©Reuters

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La part des 18/35 ans ayant un usage fréquent et intensif d'écoute de musique amplifiée avec casque et écouteurs a triplé depuis 2007, passant de 4 % à 13 %, selon une étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'institut de veille sanitaire. Une habitude qui peut provoquer des dommages auditifs irréversibles.

Shekkzy  Chahda

Shekkzy Chahda

Shekkzy Chahda, est médecin, et responsable de l'audition à l'OMS.

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Atlantico : Selon des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de février 2015, environ 50 % des jeunes de 12 à 35 ans des pays à haut et moyen revenus sont exposés à des niveaux sonores trop élevés : de l’ordre de 85 décibels pendant huit heures d’affilée et de 100 décibels pendant quinze minutes. Quels risques courre-t-on à écouter de la musique trop fort et trop fréquemment avec un casque ou des écouteurs ?

Docteur Shekkzy Chahda : L’exposition des tympans à des niveaux sonores trop élevés pendant une longue durée ou à répétition entraîne d'abord une fatigue des cellules ciliées de l’oreille. Il s’ensuit alors dans un premier temps d'une perte auditive temporaire ou l'apparition d'acouphènes (des sifflements continus dans l’oreille).

Lorsque le niveau d’exposition est particulièrement élevé, régulier ou prolongé, il peut causer une altération permanente des cellules ciliées et des structures environnantes, ce qui entraîne une perte d’audition irréversible.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 1,1 milliard de jeunes à travers le monde pourraient courir un risque de perte auditive irréversible due à des habitudes d’écoute dangereuses.

Près de 10% des jeunes de moins de 25 ans présentent déjà une perte auditive pathologique. Comment faire comprendre aux jeunes qu'écouter de la musique trop forte à répétition est mauvais pour leur santé, et qu'il s'agit d'un sujet aussi grave que la consommation d'alcool, de drogue ou de cigarette ?

Pour changer les mauvaises habitudes d'écoute des jeunes, nous devons d'abord leur créer un environnement sonore sécurisé. Il faut surveiller leurs lieux de vie de manière à ce qu'il ne soit pas exposés à des bruits trop forts, dont l'accoutumance dérègle le niveau sonore normalement supporté.

Les parents et les enseigants ont aussi un rôle important à jouer. En donnant l'exemple, en premier lieu, puis dans un second temps en les mettant en garde dès la préadolescence des dangers auxquels ils s'exposent, notamment à la perte définitive de l'ouie, en insistant sur le fait que c'est un mal ultra-handicapant, les solutions technologiques pour soigner la surdité étant encore limitées. Les jeunes doivent donc être conscients que l’ouïe, quand elle est perdue, ne revient jamais.

Quelles types de solutions préventives pourrait-on mettre en place pour lutter contre ce problème de santé publique ?

Les fabriquants d'écouteurs et de casque audio devraient d'abord fabriquer des produits ne permettant pas aux jeunes d'écouter de la musique aussi fort, ou au moins mettre un message d'information quand le son monte trop haut, ce que font certains appareils mais pas tous. Les fabricants peuvent aussi faire figurer des mises en garde bien visibles sur les produits eux mêmes, ainsi que sur les emballages extérieurs et les notices d’utilisation accompagnant leurs appareils.

Ensuite, les directeurs et gestionnaires des lieux dans lesquels les volumes sonores sont élevés (boîtes de nuit, discothèques, bars, cafés, cinémas, concerts, événements sportifs et même cours de fitness) ont un rôle important à jouer dans la protection de l'audition du public qui fréquente ces endroits. Afin de maintenir des niveaux d’écoute sans danger ils peuvent : veiller au respect des limites de volume sonore fixées par l’établissement lui-même ; utiliser des limiteurs de volume sonore afin de contrôler l’intensité du son ; fournir gratuitement à leurs clients des bouchons d’oreilles avec des instructions sur la façon correcte de les utiliser et aménager des lieux de "récupération", où le volume sonore est contrôlé et maintenu dans des limites raisonnables ; et afficher bien en vue des messages sur les risques de perte auditive lorsque le volume sonore dépasse les niveaux considérés comme sans risque.

De leur côté, les gouvernements sont vivement encouragés à mettre en place des lois plus strictes concernant les bruits non liés à des activités professionnelles. Les Etat peuvent aussi sensibiliser le public à cette question par des campagnes ciblées d’information, mettant l’accent sur les conséquences dramatiques d’une perte auditive. Comme le prouvent les campagnes anti-tabac, changer les comportements n’est pas une tâche facile, mais le développement et la réalisation d'une forte campagne de sensibilisation publique pourrait améliorer sinon la prévention, du mois une amorce de prise de conscience du danger.

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