Alerte à la déflation : pourquoi les 0% d'inflation de l'année 2015 doivent être lus entre les lignes car ils indiquent une (légère) amélioration de la situation économique<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Alerte à la déflation : pourquoi les 0% d'inflation de l'année 2015 doivent être lus entre les lignes car ils indiquent une (légère) amélioration de la situation économique
©Reuters

C'est pas ce que tu crois

Malgré l'annonce par l'INSEE de la parfaite stabilité des prix pour l'année 2015, l'analyse des différentes composantes de l'indice permet de mettre en avant la régression de la menace déflationniste qui pesait sur le pays fin 2014.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

Voir la bio »

Ce 13 janvier 2015, L'INSEE publiait les chiffres de l'inflation de l'année 2015, et ceux-ci ont été stables, soit 0% de progression sur les douze derniers mois. Un résultat qui traduit un fléchissement de la pression sur les prix rapport à l'année 2014 (+0.5%) et à l'année 2013 (+0.9%). Ainsi, la menace déflationniste qui avait pu être identifiée par le gouvernement lors de l'année 2014, ne serait toujours pas éradiquée. Pourtant, en regardant les chiffres de plus près, il apparaît que cette crainte, bien qu'encore présente, est en cours de régression.

Afin de démontrer la dissipation progressive de cette menace déflationniste, il reste utile de définir clairement les composantes de l'inflation. Ceci afin de distinguer les éléments qui traduisent une véritable menace de ceux qui relèvent plus du contexte extérieur. En règle générale, le calcul de la hausse des prix a pour objectif de renseigner sur ce que subit réellement le consommateur. L'ensemble des biens et services consommés sont analysés. Or, les évolutions de prix peuvent avoir différentes causes, bonnes ou mauvaises, et il devient alors périlleux de déterminer si la stabilité des prix est une bonne ou une mauvaise chose.

Dans l'objectif de se détourner de cet écueil, il est alors pertinent de s'éloigner de la réalité vécue par le consommateur pour s'attacher à l'observation d'une évolution des prix reposant sur le seul contexte économique du pays. En l'occurrence, Il s'agit de produire un indice des prix permettant de refléter la confrontation entre offre et demande sur le territoire. Si la demande est forte, mettant en avant un contexte économique favorable et une pression à la hausse sur les prix, l'indice progressera. Inversement, en cas de situation de faible activité, la pression sur les prix sera faible, voire négative, ce qui aura pour effet de produire une baisse de l'indice en question. Et cette sous-catégorie d'inflation est dénommée "inflation sous-jacente", et définie comme suit par l'INSEE :

"L'indice d'inflation sous-jacente est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l'évolution des prix. Il traduit l'évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l'offre et de la demande (…). L'inflation sous-jacente est ainsi plus adaptée à une analyse des tensions inflationnistes, car moins perturbée par des phénomènes exogènes." La construction de cet indice repose sur l'exfiltration des variables les plus volatiles (comme le pétrole) et sur une correction des mesures fiscales prises par le gouvernement.

Reste à observer l'évolution de l'inflation sous-jacente afin de déterminer si l'état de la situation économique, c’est-à-dire la demande :

Indice d'inflation sous-jacente. INSEE. Evolution annuelle en %.2013-2015

Cliquez pour agrandir

Alors que la période 2013 et 2014 est témoin d'une baisse significative de l'indice, signifiant une chute de l'activité au sein de l'économie française, la fin de l'année 2014 marque une rupture de la tendance. Entre les mois de novembre 2014 et de décembre 2015, l'inflation sous-jacente est passée du seuil de -0.15% à 0.78%. La demande, bien qu'encore atone, est donc en progression. De la même façon, et si celles-ci sont également insuffisantes, les créations d'emplois ayant eu lieu au cours de cette même année 2015 en sont une autre preuve.

Dès lors, il est possible de considérer que la composante d'inflation significativement dangereuse pour l'économie française, c’est-à-dire celle traduisant la faiblesse de la demande, est en cours de "guérison". A l'inverse, ce sont les éléments non pris en compte par l'inflation sous-jacente qui ont entrainé l'indice global d'inflation vers le bas. C’est-à-dire, pour la plus large part, la baisse du prix du pétrole. Ainsi, au cours de l'année 2015, la composante d'inflation "produits pétroliers" a baissé pour sa part de -10.8%. Mais cette baisse a plutôt été favorable au consommateur français, et ne peut donc être considérée comme une menace en elle-même. Il s'agit là d'une baisse des prix ayant eu un caractère favorable à l'économie française alors qu'une baisse de l'inflation sous-jacente aurait été le symptôme d'une crise économique en voie d'aggravation.

La conclusion de ce décorticage est que l'économie française est en convalescence. Le niveau d'activité est encore bien trop faible pour parler de véritable reprise. Mais la tendance est favorable.  Ce qui n'est rien d'autre que la conséquence de l'action menée par la Banque centrale européenne depuis le début de l'année 2015. C’est-à-dire le plan d'assouplissement quantitatif de plus de 1000 milliards d'euros mis en place par Mario Draghi, dont l'objectif était, notamment, de ramener le taux d'inflation de la zone euro à un niveau proche mais inférieur à 2.00%. La France en est encore loin, mais elle s'en rapproche. Signe que le plan de la BCE fonctionne mais que celui reste insuffisant. Mais entre-temps, la menace déflationniste s'est légèrement éloignée.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !