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Fusion à froid : la révolution énergétique que tout le monde pensait impossible… jusqu'à ce que milliardaires et fonds d'investissement commencent à y croire (mais seront-ils plus forts que les autres ?)
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Pas pour demain

Andrea Rossi, un ingénieur italien, pense avoir la solution. Fausse route ou vrai espoir ?

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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La fusion à froid, c'est la source d'énergie ultime : propre, sûre, infinment abondante, pas chère. Le seul problème est que personne n'est jamais arrivée à la mettre en place. 

Le principe de la fusion à froid est relativement simple à expliquer. Tous les atomes contiennent énormément d'énergie concentrée. Il y a plusieurs moyens de dégager cette énergie. Il y a la radioactivité--certains matériaux ont des atomes tellement lourds qu'ils éjectent des rayons et des particules, qui peuvent être utilisées comme source d'énergie ; c'est le principe qui fait fonctionner les centrales nucléaires. Il y a la fission--lorsque des atomes sont brisés, ils dégagent de l'énergie ; c'est le principe des bombes nucléaires. Et il y a la fusion : lorsque des atomes sont fusionnés pour faire des gros atomes, ils dégagent de l'énergie, beaucoup plus d'énergie par unité de masse que par les autres moyens ; c'est la fusion qui nous donne la lumière du soleil, et de toutes les étoiles de l'Univers. On sait relativement bien faire de la fusion à chaud--lorsqu'on chauffe très fort des atomes, il est relativement aisé de les faire fusionner. Le problème, c'est que la fusion dégage tellement d'énergie qu'il est impossible de la maîtriser. L'idéal serait d'avoir une fusion contrôlée, "à froid", qui dégage assez d'énergie pour faire tourner une centrale électrique, mais pas assez pour faire exploser ladite centrale. 

En 1989, deux chercheurs, Stanley Pons et Martin Fleischmann, avaient prétendu avoir créé un réacteur de fusion à froid parfaitement fonctionnel qui tenait sur leur table de cuisine. L'expérience s'est révélée être un faux--et depuis, toute la communauté scientifique considère la fusion à froid comme quelque chose d'impossible, comme la machine à mouvement perpétuel. Mais la machine à mouvement perpétuel n'est pas une hypothèse crédible car elle va à l'encontre des lois de la thermodynamique. Par contre, même si personne n'a réussi à la faire fonctionner en pratique, en principe, la fusion à froid est complètement conforme aux lois de la physique.

Et, comme le signale Brian Dumaine du magazine Fortune, de plus en plus de startups et d'investisseurs s'intéressent à ce projet. Peter Thiel, co-fondateur de PayPal et premier investisseur de Facebook, finance Helion Energy ; Paul Allen, co-fondateur de Microsoft, soutient Tri­Alpha Energy, qui aurait levé plus de 140 millions de dollars auprès d'investisseurs privés ; Jeff Bezos finance General Fusion. Une autre startup, en Caroline du Nord, Industrial Heat, se base sur les travaux d'Andrea Rossi, un ingénieur italien.

Peut être est-ce justement la réputation de mythe de la fusion à froid qui fait qu'on devrait s'y intéresser. Tout le concept est considéré comme pestiféré par la communauté scientifique à cause d'une fraude qui a eu lieu il y a plus de 25 ans. D'après Huw Price, épistémologiste, écrivant dans le magazine Aeon, "la question reste ouverte", les travaux de Rossi semblent porter fruit. Des équipes de scientifiques suédois et italiens réputés, qui ont eu accès aux travaux de Rossi, ont rapporté dans deux rapports, en 2013 et 2014, des niveaux de chaleur dépassant ce qui est explicable chimiquement. D'autres rapports reproduisant les résultats de Rossi ont eu lieu en Russi et en Chine. Rossi a reçu un brevet pour un de ses appareils, alors que jusqu'à présent celui-ci lui avait été refusé parce qu'il n'apportait pas assez de preuves que sa technique fonctionnait. Selon certaines sources, il y a un réacteur d'1 mégawatt en Caroline du Nord qui produit plusieurs fois l'énergie qu'il consomme. Deux physicistes suédois réputés, Rickard Lundin et Hans Lindgren, ont proposé un méchanisme qui explique les résultats de Rossi, et qui disent que "les résultats expérimentaux de Rossi et de ses collègues et de leur réacteur E-Cat fournissent la meilleure vérification expérimentale" de leur mécanisme. Un des investisseurs de la startup de Rossi a déclaré qu'il a conduit un "processus rigoureux d'enquête avant investissement qui a pris deux ans et demi."

Comme l'explique bien Price, rien de tout ça n'est parfaitement concluant. Il pourrait y avoir fraude, ou tout simplement erreur. Mais depuis quelques années, il y a quand même--pour la première fois en plus de 20 ans--assez de mouvement autour de la fusion à froid pour se dire que quelque chose de commercialement et pratiquement viable pourrait émerger, ce qui serait une véritable révolution. Sujet à suivre...

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