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Les 10 thèses pessimistes de Bloomberg pour le monde en 2016
©Reuters

Et sinon bonne année

Bloomberg présente à son public ses 10 scénarios catastrophe pour 2016. Nous les résumons et rajoutons deux notes sur 10 : une pour la probabilité du scénario, une pour sa gravité.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Voici les 10 scénarios catastrophe de Bloomberg pour 2016

1. Le pétrole à 100 dollars

Une série d'évènements néfastes se succède : l'Etat islamique lance des attaques contre des infrastructures pétrolières clé ; la production mondiale est également perturbée par une recrudescence de violence dans le delta du Niger, un coup d'Etat au Vénézuela et la mort d'Abdelaziz Bouteflika en Algérie. L'OPEC ne peut pas augmenter la production pour contrecarrer ces effets. Le pétrole grimpe à 100 dollars, la Chine entre en récession, les alternatives au pétrole voient un regain d'investissement.

Probabilité : 3/10. Chacun de ces évènements a une probabilité relativement élevée, mais la probabilité qu'ils aient tous lieu dans l'espace de 12 mois est, elle, faible.

Gravité : 7/10. Une explosion du prix du pétrole, alors que l'économie mondiale, et notamment chinoise et européenne, est en position de fragilité, mènerait probablement à une véritable récession mondiale. Mais l'exploitation des gaz de schiste se renouvèlerait et le prix du pétrole baisserait progressivement à nouveau.

2. Le Royaume-Uni quitte l'Union européenne

David Cameron annonce un référendum pour quitter l'UE en juin. Boris Johnson, le maire de Londres ultra-populaire, décide de mener la campagne du "non" pour déloger Cameron, et la remporte. Cameron démissionne. Les banques et les fonds d'investissement quittent la Grande-Bretagne, suivis par le reste de l'activité économique.

Probabilité : 4/10. Il est fort peu probable que le Royaume-Uni quitte l'UE. Les Britanniques sont eurosceptiques, mais également avers au risque, et la campagne de référendum sera une campagne de peur où toutes les autorités expliqueront que quitter l'UE sera une catastrophe.

Gravité : 1/10. Bloomberg se laisse aller à son scénario. Le fait pour le Royaume-Uni de quitter l'UE aurait des conséquences économiques bénignes. Le Royaume-Uni n'est pas dans l'euro, donc la monnaie ne serait pas remise en question. Le pays ne s'isolerait pas du monde mais resterait sans doute dans l'Espace économique européen, comme la Norvège et la Suisse, qui ne sont pas dans l'UE et sont plus prospères que l'UE.

3. Une série de cyber-attaques contre le système financier

Une alliance de hackers russes et iraniens, en réponse aux sanctions contre leurs pays, lancent une attaque coordonnée contre le système financier américain. La compromission du système de compensation -celui qui valide les transactions financières- met en jeu la crédibilité de tous les marchés financiers, dont le fonctionnement est interrompu. Le dollar et les valeurs financières s'effondrent, les actifs-refuge comme l'or et l'immobilier haut-de-gamme explosent. 

Probabilité : 5/10. Les risques liés aux cyber-attaques sont très importants étant donné la complexité des systèmes informatiques contemporains.

Gravité : 7/10. L'attaque en tant que telle, mais surtout la baisse de crédibilité des institutions financières et des systèmes informatiques en général qui sous-tendent l'activité économique, mèneraient sans doute à une récession mondiale.

4. La fin de l'Union européenne

L'Europe est frappée par une série d'attaques sur le modèle de celles du 13 novembre à Paris, en même temps que les flux de réfugiés et de migrants du Moyen-Orient continuent à croître. Angela Merkel est poussée à la démission à cause de sa décision d'accueillir les migrants. Le FN se rapproche du pouvoir ainsi que les autres mouvements populistes à travers l'Europe. La crise renouvelle les peurs sur l'euro. La monnaie unique et Schengen, et progressivement toutes les institutions européennes, se détricotent.

Probabilité : 4/10. La probabilité d'attaques terroristes tonitruantes dans un monde globalisé reste toujours élevé, ainsi que celle que la crise des migrants continue de renforcer les mouvements populistes ; mais les institutions européennes ont déjà résisté à une crise très grave avec plus de robustesse qu'on aurait pu le croire a priori.

Gravité : 8/10. Le détricotage désordonné de l'UE mènerait à une crise politique très grave et fondamentale en Europe. Mais la fin de la monnaie unique et de l'Union économique de la première zone économique au monde mènerait à une crise économique mondiale. A terme, cependant, la fin de l'euro permettrait la relance de la plupart des économies européennes.

5. Crise économique et politique en Chine

Il s'avère que l'économie chinoise est en bien plus mauvaise posture qu'on ne le croyait. Le chômage de masse mène à des émeutes dans les zones industrielles en Chine. Le gouvernement répond par la répression, la censure, et cherche une cause populiste. En parallèle, les Etats-Unis, sous un président plus autoritaire, entrent en confrontation avec la Chine au sujet de la Mer de Chine du Sud et de Taiwan. L'armée chinoise prend le pouvoir, et une crise géopolitique internationale explose.

Probabilité : 6/10. L'aspect chinois du scénario est, malheureusement, très crédible. Les statistiques officielles chinoises sont menteuses, et l'économie chinoise ressemble de plus en plus à un château de cartes, et un qui tremble. Les institutions politiques chinoises sont faibles, et le rôle politique de l'armée beaucoup plus important que la Chine ne le laisse paraître officiellement. Et la possibilité d'une confrontation entre les Etats-Unis et la Chine est toujours là. 

Gravité : 7-10/10. La gravité dépend de la direction du scénario. A minima, une crise économique et politique en Chine générerait une récession économique mondiale. A maxima, une crise géopolitique avec les Etats-Unis pourrait mener à la guerre nucléaire...

6. Israël attaque l'Iran

Benjamin Netanyahu décide d'attaquer l'Iran, convaincu que la théocratie approche trop du seuil nucléaire. Cette décision mène à une conflagration au Moyen-Orient- l'Iran contre-attaquerait à coup sûr à travers le Hezbollah au Liban qu'il contrôle.

Probabilité : 4/10. L'accord entre les Etats-Unis et l'Iran, qui n'impose pas à l'Iran d'inspections crédibles, augmente certainement la probabilité qu'Israël attaque l'Iran, à la fois en renforçant son programme nucléaire et en augmentant la conviction qu'Israël n'a d'autre choix que d'agir seul. Ceci dit, Netanyahu a déjà eu des opportunités de faire une telle attaque et il semble pencher à ce stade pour des méthodes non-militaires pour empêcher l'Iran d'atteindre le seuil nucléaire.

Gravité : 8/10. Les conséquences seraient très graves, sans doute, même si peut être moins graves qu'un Iran nucléaire. Il y aurait une conflagration au Moyen-Orient, aux conséquences potentiellement incalculables,  une explosion du prix du pétrole et une récession économique mondiale.

7. Poutine arrive à ses fins

Vladimir Poutine prend le contrôle de la Syrie en organisant une transition qui renforce le régime d'Assad, dans le cadre d'une coalition internationale contre l'EI menée par la Russie. Les Etats-Unis sont écartés du jeu et décrédibilisés. Les flux de migrants vers l'Europe s'amenuisent et Angela Merkel, déjà pro-russe, cède à ses lobbies économiques et détricote les sanctions économiques placées sur la Russie depuis son invasion de la Crimée. Poutine obtient tout ce qu'il veut : l'Ukraine est à lui sans conséquences négatives, la Russie étend son influence au-delà des anciennes frontières de l'Union soviétique, il marginalise les Etats-Unis dans le jeu international.

Probabilité : 6/10. Poutine est très intelligent et joue le jeu géopolitique avec beaucoup de talent ; a contrario, l'administration Obama s'est toujours faite dépasser par Poutine depuis le début. Un tel scénario est donc fortement crédible. 

Gravité : 7/10. Les conséquences à court-terme ne seraient pas très graves, voire légèrement positives économiquement avec la fin de la crise des migrants et des sanctions contre la Russie. Mais à long terme, elles seraient très graves, car les Etats-Unis seraient décrédibilisés dans leur rôle habituel de superpuissance garante de l'ordre géopolitique international, avec des répercussions graves -sur l'Otan et la Chine notamment- difficiles à anticiper. 

8. Le changement climatique s'aggrave

Comme prévu, la COP21 ne change rien. 2016 devient une nouvelle année de chaleur record. Les dérèglements climatiques s'accroissent. De nombreux incendies en Asie du Sud-Est perturbent la vie économique, sociale et politique. Une crise de l'eau secoue l'Afrique, et le plus gros réservoir construit par l'homme, à la frontière entre le Zimbabwe et la Zambie, ne peut plus produire d'électricité. Les récoltes et les vendanges en Europe s'effondrent. La sécheresse atteint l'économie américaine, et un hiver très rude pousse le président des Etats-Unis à instaurer un état d'urgence.

Probabilité : 5/10. Les événements climatiques extrêmes sont par définition impossibles à prévoir. Mais ceux-si semblent effectivement augmenter depuis quelques années à cause du changement climatique, et la possibilité d'une accélération et d'une aggravation du phénomène est tristement crédible.

Gravité : 9/10. Il y aurait sans doute une récession économique mondiale. Mais plus largement, l'incertitude qu'une aggravation du changement climatique créerait, et l'absence de solutions à court-terme, plomberait sérieusement la situation économique et politique mondiale.

9. Une décennie perdue en Amérique latine

Dilma Rousseff est déstituée comme président du Brésil, et le pays devient ingouvernable, s'enfonçant dans le marasme et la crise sociale et politique permanente. La situation économique et politique au Vénézuela continue de péricliter. A cause de la crise économique ainsi créée, le président Macri d'Argentine ne peut pas appliquer ses promesses de campagne de libéralisation et l'Argentine continue de stagner. Les taux d'intérêts explosent dans la région, la faisant rentrer dans un cercle vicieux auto-entretenu de faillites, licenciements et luttes sociales.

Probabilité : 4/10. Encore un scénario où chacun des événements est indépendamment relativement probable (notamment l'aggravement de la situation au Vénézuela), mais il est peu probable qu'ils se produisent tous simultanément.

Gravité : 7/10. Les conséquences pour l'Amérique latine seraient vraiment graves, non seulement du point de vue de l'économie mais des institutions politiques et sociales. Mais au niveau mondial, même si cela serait un poids à traîner pour l'économie mondiale, la gravité serait limitée.

10. Donald Trump président des Etats-Unis

Donald Trump remporte la primaire du Parti républicain, et est élu président des Etats-Unis. Il cherche à appliquer ses promesses de campagne de construire un mur géant entre les Etats-Unis et le Mexique, de lancer une guerre économique contre la Chine, et d'augmenter les barrières douanières. 

Probabilité : 1/10. Les analystes de Bloomberg se sont fait plaisir. Il n'y a presque pas de chance que Trump remporte la primaire républicaine ; il n'y en a aucune qu'il soit élu président.

Gravité : 1-10/10. Etant donné que Trump a changé de position sur tous les sujets et qu'il est fondamentalement imprévisible, il est impossible d'évaluer la gravité d'une présidence Trump. Il pourrait n'avoir pas d'impact, frustré par le Congrès et les autres contre-pouvoirs américains, tout comme il pourrait utiliser ses pouvoirs de diverses manières désastreuses.

Donc voici. Si vous êtes pessimiste, vous avez beaucoup de raisons de vous inquiéter. Bonne année !

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