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Alerte rouge à la pollution à Pékin : une première qui tombe bien à propos en pleine COP 21
©Reuters

Irrespirable

Depuis mardi, la capitale chinoise a été placée en alerte maximale rouge, pour la pollution atmosphérique. Une mesure inédite. Pourtant, Pékin est loin d’avoir atteint son record de pollution cette semaine. En pleine COP 21, le message est aussi politique.

Alain Wang

Alain Wang

Alain Wang est sinologue et enseignant.

Ancien rédacteur en chef d’Asia Magazine, il est co-auteur de La Chine nouvelle : être riche est glorieux (Larousse, 2007 - édition actualisée prévue pour mars 2012).

 

 

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Michel Aubier

Michel Aubier

Michel Aubier est chef du service de pneumologie-allergologie à l'Hôpital Bichat de Paris, professeur à l'Université Paris 7, membre de l'Unité Inserm U700 « Physiopathologie et épidémiologie de l'insuffisance respiratoire ». Il a notamment publié L'asthme Savoir le reconnaître pour bien vivre avec aux Editions Odile Jacob. 

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Aviva Fied

Aviva Fied

Journaliste à Pékin

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Atlantico : Depuis mardi et jusqu’à jeudi, Pékin est placée en alerte maximale rouge à la pollution atmosphérique. Mais la capitale chinoise connaît régulièrement des pics de pollution très élevés. Pourquoi avoir déclenché l’alerte maximale cette semaine ? Un effet Cop 21 ?

Alain Wang :  Les alertes ne sont pas une nouveauté. Mais on connaît davantage aujourd’hui la quantité de particules rejetées dans l’air. Auparavant, les mesures étaient données par le gouvernement. Au bout d’un certain temps, les ambassades occidentales, américaine notamment, se sont équipées d’appareils de mesure, car elles ne faisaient pas confiance aux chiffres donnés par le gouvernement chinois. On a alors mesuré l’ampleur de la pollution.

Ensuite, il y a certainement un lien avec la COP 21. Le président Xi Jinping a certainement mis le cap vers plus d’environnement, plus de surveillance pour montrer la bonne volonté de la Chine sur les problèmes de pollution. La Chine s’est engagée sur la diminution des gaz à effet de serre. Mais ça ne diminuera qu’à partir de 2020 voire 2025. La pollution atmosphérique va s’accroître d'ici là. 

Aviva Fied : Jusqu'à il y a peu, il n’y avait pas de système d’alerte. Mais ce genre de pollution devient monnaie courante. Je suis néanmoins surprise que l’alerte maximale soit déclenchée cette semaine : on a atteint 10 à 12 fois la limite de particules fines de 20 microgrammes par m3 fixé par l’OMS.  Mais la semaine dernière, l’alerte est restée orange, alors que la pollution atteignait 25 fois la limite...

Quelles sont les conséquences d’une telle concentration en microparticules sur la santé ?

Aviva Fied : Quand je me réveille le matin, j’ai mal à la gorge. Cela entraîne de maux de tête. Dès qu’on sort, ça sent le charbon brûlé. On est dans une brume quasi-permanente. La semaine dernière, on avait l’impression que le soleil ne s’était pas levé de la journée. Le ciel était marron.  Dans ces cas-là, il est recommandé de rester chez soi, mais je suis sortie pour travailler. 

Pr Michel Aubier : A Pékin, les concentrations en microparticules sont extrêmement élevées : 700 ou  800 microgrammes par m3. C’est 20 fois plus qu’à Paris, par exemple. La limite de l’OMS est 20 microgrammes par m3. A court terme, une telle pollution est un problème pour ceux qui souffrent d’ une maladie respiratoire ou cardio-vasculaire :  elle entraine une aggravation de leurs symptômes voire une mortalité prématurée. A moyen terme, il y a un risque d’aggravation de maladies sous-jacentes. Sur long terme, ça peut causer une mortalité prématurée. Pour les jeunes enfants, la pollution a pour conséquences la une diminution de la formation des alvéoles pulmonaires, ce qui peut causer des problèmes d’asthme ou d’insuffisance respiratoire. 

Quelles mesures les autorités ont-elles prises pour lutter contre la pollution ?

Aviva Fied : Avec la mise en place de la circulation alternée, il y avait beaucoup moins de voitures. Aujourd'hui, c’était le tour des plaques aux chiffres pairs. Si certaines personnes n’étaient pas au courant le matin, la consigne a été bien respectée dans la journée. Les gens essaient de prendre au maximum les transports en commun. Les Chinois sont sortis normalement. Par contre, il n’y avait pas d’enfants dans les rues. Les écoles sont fermées.

Alain Wang : En général, les autorités demandent aux usines de travailler au ralenti. Mais des villes comme Pékin, Shanghai et Canton ont commencé à déplacer les usines vers la périphérie depuis plusieurs années. Ce fut notamment le cas avant les Jeux Olympiques de 2008. Mais je doute de l’efficacité de ces déménagements.

Atlantico : Les Chinois prennent-ils ce type d’alerte en considération ?

Alain Wang : Les mères ayant des enfants, oui. Pareil pour la classe moyenne, qui a la capacité de mettre des filtres à air chez soi. Pour les cadres du parti, qui vivent dans des endroits totalement filtrés, il n’y a pas véritablement de problème. Mais la majeure partie de la population va continuer à travailler, à sortir, même s’ils essaient de limiter les déplacements en ville.

Aviva Fied : Aujourd’hui, tout le monde portait un masque dans la rue. Par forcément les gros masques à gaz, mais des masques chirurgicaux ou d'ouvriers. S’ils sont inefficaces, ça rassure psychologiquement.

Atlantico : Pourquoi la pollution est-elle si élevée dans les métropoles chinoises ?

Alain Wang  :  Même si la Chine fait beaucoup d’efforts pour mettre en place les énergies renouvelables, la demande en électricité est  tellement importante qu’ils doivent continuer à utiliser le charbon, de surcroît, de très mauvaise qualité. La pollution résulte aussi de la politique du tout-automobile en vigueur depuis 1992. De plus, leur essence est moins raffinée que celle utilisée en Europe.

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