COP21 : le véritable impact du vélo ou ce que la France rate en ne soutenant pas assez les cyclistes<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement français vient de raboter l'indemnité kilométrique vélo.
Le gouvernement français vient de raboter l'indemnité kilométrique vélo.
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Indemnité kilométrique vélo

Une étude démontre que si tous les pays européens rattrapaient le niveau du Danemark en matière d'utilisation du vélo, cela permettrait notamment de réduire de 9% les importations de pétrole en Europe et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement français vient pourtant de raboter l'indemnité kilométrique vélo.

Mathieu Chassignet

Mathieu Chassignet

Mathieu Chassignet est ingénieur au service Transports et mobilité de l’ADEME. Il est en charge des actions sur le vélo ainsi que sur les nouveaux services de mobilité partagée.

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Atlantico : L'utilisation du vélo constitue une bonne alternative à la voiture comme mode de transport en ville selon ces études (voir ici ). Quel est son impact concret sur la diminution des émissions de gaz à effet de serre ? En France ? En Europe ?

Mathieu Chassignet : Le transport est responsable en France de 27 % des émissions de gaz à effet de serre. Il est donc primordial de travailler sur les émissions de ce secteur et le développement du vélo, mode de déplacement zéro émission, offre des perspectives très intéressantes. A l’échelle individuelle, une personne résidant à 5 km de son lieu de travail qui passe de la voiture au vélo correspond à une économie de 650 kg de CO2 par an. De manière plus globale, une étude de la Fédération des cyclistes européens a montré que si chaque pays européen rattrapait le niveau de pratique du Danemark, cela permettrait de réduire de 9 % les importations européennes de pétrole.

Au-delà de son intérêt pour le climat, le développement de la pratique du vélo présente de nombreux avantages sur la santé, la qualité de vie en ville, la qualité de l’air, etc.

Quelles seraient les conséquences d'une plus grande utilisation du vélo comme c'est le cas en Europe du Nord ? Quelles sont les mesures incitatives envisageables ou qui existent déjà ? Comment rattraper le retard que connait la France en la matière pour l'instant ?

La France, avec 3 % des déplacements effectués à vélo, est en effet en retard sur de nombreux pays européens : les Pays-Bas (où près de 30% de l’ensemble des trajets sont effectués à vélo) mais également parmi nos voisins comme la Belgique, l’Allemagne, la Suisse ou le nord de l’Italie où le vélo représente environ 10 % de l’ensemble des déplacements. Heureusement, la situation s’améliore et la pratique du vélo est en progression dans la plupart des grandes villes françaises. Certaines font figure de modèle comme Strasbourg (15 % des déplacements effectués à vélo), mais aussi Grenoble, Nantes, Bordeaux, etc. Par ailleurs, on constate depuis quelques années la progression des ventes de vélos pliants (qui peuvent facilement être embarqués dans les transports collectifs) et des vélos à assistance électrique qui rendent la pratique du vélo plus accessible à tous et qui permettent d’effectuer des distances plus importantes. Le vélo devient ainsi une solution pertinente pour des usages de plus en plus larges. Le marché du vélo à assistance électrique est en croissance d’environ 30 % par an et on devrait cette année s’approcher des 100 000 ventes. Le potentiel est encore considérable puisque c’est plus de 400 000 ventes annuelles en Allemagne.

Les mesures pour favoriser le vélo sont connues et éprouvées. Le point crucial est de mener une politique globale et cohérente afin de créer un véritable « système vélo » de même qu’il existe un système automobile. Pour cela il s’agit de travailler conjointement sur l’aménagement de la voirie (pistes et bandes cyclables, zones 30, …), le stationnement, la mise en place de services (location de vélos, entretien, aides à l’achat de vélo à assistance électrique, …), la communication ainsi que les incitations à la pratique. Sur ce dernier point, l’entrée en vigueur prochaine de l’indemnité kilométrique pour les salariés se rendant au travail à vélo est un signal très positif. L’ADEME a montré, lors d’une expérimentation menée en 2014 avec des entreprises volontaires, que le versement de cette indemnité avait permis de multiplier par 2 en quelques mois le nombre de cyclistes au sein des entreprises.

A part le vélo, quels sont les autres modes de transports à utiliser pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Quels sont les pays qui font le plus d'effort en la matière ?

Il y a bien sûr les transports collectifs dont la consommation d’énergie et les rejets de CO2 par passager sont modestes. C’est encore plus vrai pour ceux qui fonctionnent au GNV, aux biocarburants, au GPL ou à l’électricité. Le télétravail permet également de réduire le volume de déplacements ainsi que la congestion. Enfin nous observons depuis quelques années la progression très rapide de nouveaux services de mobilité partagée tels que le covoiturage et l’autopartage. Pour le covoiturage, cela permet de diviser par 2 ou 3 les émissions des personnes qui se regroupent pour effectuer leur trajet commun. Sur l’autopartage, nous avons réalisé plusieurs études qui montrent son intérêt d’un point de vue environnemental : en permettant à ses usagers de se séparer de leur propre voiture, l’autopartage permet une diminution globale du nombre de kilomètres effectués en voiture et incite à utiliser davantage les modes alternatifs tels que les transports collectifs et le vélo.
Il en existe également d’autres formes comme l’autopartage entre particuliers qui se développe très rapidement.

La France a des acteurs très bien positionnés dans le domaine des services de mobilité partagée, essentiellement des start-up de l’économie collaborative : Blablacar, Drivy, Koolicar, Ouicar, …

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