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Vers l’hiver le plus froid depuis 100 ans selon les météorologues russes ?
©Reuters

Gla gla gla

Des météorologues russes assurent que cet hiver sera le plus froid que l'Europe a connu en 100 ans. Un marronnier qui ressort chaque année avec les mêmes données, les mêmes arguments et les mêmes cartes. Bien au contraire, inutile de vous affoler, cet hiver s'annonce très doux en France.

Régis Crépet

Régis Crépet

Régis Crépet est prévisionniste à Météo Consult, spécialiste des prévisions saisonnières et des modèles climatiques.

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Guillaume Séchet

Guillaume Séchet

Guillaume Séchet est un météorologiste. Présentateur météo et prévisionniste à La Chaîne Météo (entre 1996 et 2007), puis à Météo News (entre 2007 et 2009) et depuis 2009 à BFMTV, il est également le créateur et responsable de la société Meteo-Villes qui englobe des sites de météo expertisée pour 19 grandes agglomérations. Il est également l'auteur de 4 ouvrages sur les évènements climatiques (les plus connus étant "Quel temps !" et "Y'a plus de saison").

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Atlantico : Des météorologues Russes ont prédit l'hiver le plus froid en Europe depuis 100 ans alors quà l'inverse, les spécialistes français prévoient un hivers agréablement doux. Comment expliquer un tel résultat ? Quel crédit donner à cette étude ?

Régis Crépet : C'est un article qui a été écrit pendant l'hiver 2010 il y a déjà cinq ans et qui revient chaque année. La carte qui l'illustre représente les anomalies de températures que nous avions connues pendant l'hiver 2010. Il s'agit donc du bilan de l'hiver 2010 et non d'une prévision pour les hivers futur. Depuis, il est ressorti comme un marronnier.
En 2010, l'hiver avait été très rude, certains climatologues avaient parlé d'un refroidissement climatique et avait fait un article à l'époque pour expliquer que des masses d'air d'Arctique polaire étaient descendues sur l'Europe et avaient entrainé un hiver exceptionnellement froid.
Je ne pense que ça soit une volonté des climatologues en question d'éditer tous les ans cet article, mais je suppose que ce sont les médias ou les auteurs de certains sites qui remontent cet article chaque année avant l'hiver pour faire le buzz. Il s'agit exactement du même texte, depuis 2010 à la virgule près…

Guillaume Séchet  : Il y a effectivement des chances que ces informations soient diffusées pour faire le buzz, une façon de booster le trafic d'un site internet qui n'est pas forcément connu (quitte à exagérer une information). Comme il s'agit de prévisions météo à long terme, il faut également savoir que plusieurs scénarios sont toujours possibles. Celui là a l'air vraiment extrême. D'autre part, ce n'est pas parce que les 3 premières semaines du mois de novembre ont été particulièrement douces, que l'hiver sera obligatoirement doux. On observe souvent des effets de compensations en météo.

Quels sont vos prévisions à l'heure actuelle ?

Régis Crépet  : Dans les pays d'Europe de l'ouest, et en France en particulier on s'attend à un hiver entre normal et assez doux. Mais il est toujours possible qu'il y ait des périodes de refroidissement, comme on le constate ce week-end par exemple. Un hiver doux ne veut pas dire grand douceur jusqu'au mois de mars, il y aura des fluctuations. Le mois de décembre s'annonce à nouveau plus doux après ce week end de fraicheur. En janvier; nous pensons que cela sera plus fluctuant : avec des pluies, des tempêtes, mais pas vraiment de grand froid. Sur la fin de l'hiver, février -mars, on pourrait avoir une ambiance un peu plus froide, avec un peu de neige éventuellement, mais rien ne s'annonce réellement glacial.  
Nous excluons la perspective d'un hiver froid en France. En revanche, en Europe du nord (Scandinavie, îles britanniques), il est possible que l'hiver soit plus froid car ces pays sont sous l'influence des vagues de froid.


Guillaume Séchet :  Selon les modèles de simulation de l'atmosphère que j'utilise depuis des années et qu'utilisent plus généralement les météo Américaines et Européennes, l'hiver 2015-2016 serait en outre marqué par une fréquence anormale de courants d'ouest océaniques très perturbés (c'est-à-dire un défilé incessant de perturbations en provenance de l'Atlantique). Comme ce scénario hivernal est annoncé depuis des mois et que les prévisions pour les mois précédents ont été relativement justes, cette tendance ne me paraît pas farfelue (même s'il faut toujours rester vigilants par rapport à ce type de prévisions car des retournements de situation ont déjà eu lieu).

Quelles sont les techniques les plus sûres pour des prévisions régionales ?

Guillaume Séchet  : Étant donné l'échéance lointaine et la difficulté de réaliser de telles prévisions, l'échelle est plutôt celle d'un pays ou en tout cas d'une superficie supérieure à celle d'une région française. Il n'est pas possible de savoir exactement quel temps il fera par exemple le 24 janvier à Nice mais plutôt si le mois de janvier sera plus chaud, plus froid, plus humide ou plus sec que la moyenne sur le quart Sud-est de la France. Le degrés de précisions ne va pas au-delà.

Les records de température que l'on connait actuellement, particulièrement en hiver sont ils directement liés au changement climatique ?

Guillaume Séchet : Les vagues de douceur en saison froide font partie des aléas de notre climat tempéré (et donc très variable). En revanche, la répétition, l'intensité et la longueur de ces évènements que nous observons particulièrement depuis quelques années ont très probablement un lien avec le réchauffement global dont le phénomène s'est récemment amplifié. En France, novembre 2015 sera probablement l'un des plus doux jamais observé. Cela pourrait paraître assez anodin s'il s'agissait d'un cas isolé... Mais depuis septembre 2014, seuls trois mois sur douze ont été plus froids que la moyenne ! Octobre 2015 est d'ailleurs le mois d'octobre le plus chaud jamais enregistré sur la planète alors qu'il a été relativement frais sur l'hexagone (mais nous n'étions qu'un cas assez isolé).

L'hypothèse du réchauffement climatique qui fait fondre les glaces pour expliquer les températures fraiches hivernales, est elle crédible ?

Régis Crépet : Non les glaces ne fondent pas en ce moment, elles ont même repris leur extension depuis l'automne. Dans les zones polaires, la nuit tombe très vite, et dès le mois de septembre les températures se refroidissent. Le mois dernier, le Groenland a battu tous ses records de froid; Il n'y a pas de fonte en Arctique pendant l'hiver. En raison de la nuit polaire elles ne peuvent dans tous les cas pas fondre.

Il y a, en outre, des courants atmosphériques cycliques. Les eaux de l'Atlantique Nord sont restées plus froides cette année, cela maintient ainsi des poches d'air plus froides sur les zones polaires. Cette raison pourrait justifier que les pays d'Europe du nord connaitrons propablement un hiver plus froid. Mais pour ce qui est question de la France, les vents d'ouest devraient rester dominants : avec de la douceur et de l'humidité.


Guillaume Séchet  : Il s'agit d'une hypothèse, mais elle ne fait pas l'unanimité et on a encore beaucoup à apprendre sur ce sujet. En revanche, depuis quelques années, j'observe de manière empirique que le réchauffement aux latitudes septentrionales précipite par a coups et très temporairement les masses d'air polaires à des latitudes très méridionales. Les chutes de neige à Buenos Aires, Sydney, Miami, Séville, Naples ou dans les plaines d'Israël sont moins  exceptionnelles qu'avant. Toutefois, pour démonter ce phénomène, il nous faut encore davantage de recul et d'analyses précises.

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