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Quel sursaut national et républicain pour gagner cette guerre?
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La clé de la réussite

La France est en guerre ! dans une guerre protéiforme certes, mais pas si nouvelle.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La guerre de 14, déjà, avait commencé par une phase de terrorisme avant de se transformer en conflit militaire ouvert. La particularité de la guerre qui vient est d’être à la fois intérieure (par des actions terroristes dont on sait maintenant qu’elles peuvent être vastes, meurtrières, bien plus aveugles encore que le 7 et le 8 janvier), et extérieure, avec des opérations directes sur le terrain, au Mali, en Syrie, et probablement ailleurs dans les mois qui viennent.

Certains continuent le déni et attendent le prochain attentat encore plus meurtrier, encore plus dévastateur pour se poser la question de la bonne réaction à avoir. Au nom de la lutte contre le fascisme, d’ailleurs, ceux-là sont les meilleurs alliés du fascisme: ils refusent toute action pour précipiter la décomposition de notre régime (qui n’en avait guère besoin) dans les pires conditions qui soit. Le vide politique qu’ils prônent de fait constitue la meilleure préparation à un coup autoritaire qui aura définitivement raison de nos libertés.

Pour éviter ce suicide de la démocratie, il faut gagner cette guerre qui nous est déclarée. Pour gagner cette guerre, seul un sursaut national et républicain sera capable d’inverser la spirale de l’impuissance sur laquelle nous déclinons depuis plusieurs années. La question que beaucoup se posent est de savoir en quoi doit consister ce sursaut. Voici quatre idées pour orienter l’action.

Lancer un pacte laïque

On en pense ce qu’on en veut, mais la laïcité constitue un socle de cohésion nationale simple à comprendre et à pratiquer, qui a le mérite d’avoir fait ses preuves. Encore faut-il avoir le courage politique de l’adapter au contexte nouveau et de le mettre en oeuvre sans mollir, mais sans excès.

Pour remettre les pendules à l’heure sur un sujet qui a connu des interprétations glissantes depuis plusieurs années, il est à mon sens indispensable de formule un nouveau pacte laïque expliquant clairement que la religion est une affaire privée et qu’elle n’a pas sa place dans les affaires publiques.

Ceci implique d’une part l’interdiction de porter un signe religieux extérieur dans la rue, surtout lorsqu’il est sexuellement discriminant. Si le port du voile, en particulier, pouvait s’envisager dans un univers pacifique, il est aujourd’hui le symbole d’une affirmation religieuse qu’il faut se décider à passer à l’as. De même, les prières de rue, ou dans les parcs publics, doivent être interdites. Les imams qui prêchent le terrorisme doivent être expulsés.

Sur le fond, il faut expliquer, sans hargne mais sans faiblesse, avec respect et empathie, à l’ensemble des communautés religieuses en France que leur liberté de pratique s’arrête là où la vie publique commence.

En contrepartie, toute discrimination, notamment dans l’orientation scolaire ou dans l’accès à l’emploi, doit être durement pénalisée.

Refranciser la France

La France n’est pas le pays ringard, coupable, raciste, odieux, que les bobos nous dépeignent à longueur de journée. La France a produit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. La France porte une construction européenne où elle laisse de plus en plus de plumes. La France offre la santé gratuite à des nouveaux arrivants qui n’en ont pas le dixième chez eux. La France ouvre des bibliothèques gratuites, des musées gratuits, des écoles gratuits dans des quartiers habités par des gens venus de pays où ces biens collectifs n’existent pas.

Nous n’avons pas à rougir de cette politique d’accueil et nous ne devons pas accepter qu’elle soit minorée par ceux pour qui elle est faite, où par ces éternels pénitents, ces pharisiens modernes qui se complaisent dans une culpabilité collective qui ne repose que sur leurs fantasmes.

Puisque cette politique d’ouverture ne fonctionne pas, nous devons remettre en marche le creuset français. Il faut refranciser la France. Cette politique de long terme doit commencer par deux mesures d’état-civil simple:

  • faciliter le changement de nom pour que tous ceux qui portent un patronyme étranger puissent facilement (et librement) le franciser
  • imposer le port d’un premier prénom indo-européen pour tous les enfants qui naissent sur le sol français

Réorienter notre politique extérieure

Depuis plusieurs années (sous Chirac déjà…), la France mène une politique extérieure de rapprochement avec les Etats fantoches du Golfe, ces inventions pures de l’Occident qui, comme le Docteur Frankenstein, voit aujourd’hui ses créatures lui échapper. Tout le monde sait que les Etats du Golfe financent largement les mouvements terroristes qui saignent nos rues. Cette politique absurde doit s’arrêter.

Vis-à-vis des Etats du Golfe, le moment vient de forger une doctrine durable, qui soit indépendante de la vision américaine ahurissante. Sur le fond, on voit mal pourquoi une minorité de princes bouffons, qui n’auraient pas figuré dans des opérettes de province il y a cent ans, accapare la rente pétrolière née de la consommation des autres pays du monde. Le bon sens consiste à mutualiser cette rente pour la mettre au service d’un développement des pays les moins riches.

Il devient urgent d’adopter cette politique et de ne plus financer le terrorisme international par la rémunération (à nos dépens) de la rente pétrolière.

Plus profondément, la France doit revenir à sa politique arabe traditionnelle, fondée sur une recherche du consensus avec ses partenaires méditerranéens, et sur une protection des chrétiens dans le monde musulman.

Assumer notre destin militaire

La France n’est la France que par son rayonnement. Le rayonnement de la France est indissociable de sa présence militaire dans le monde, et de sa capacité à la faire valoir pour être entendue des nations. Cette composante militaire est au coeur de notre destin avant même la présence romaine en Gaule.

Accepter ce destin implique deux conséquences immédiates.

D’abord, il faut immédiatement cesser la politique de réduction des moyens militaires entreprises depuis Jacques Chirac. Nous devons disposer d’un outil militaire crédible, moderne, efficace, et capable de restaurer la voix de la France dans le monde.

Ensuite, nous devons désormais nous doter d’une doctrine militaire adaptée à une nouvelle vision de notre politique étrangère. J’ai dit plus haut ce que celle-ci emporte comme conséquences dans notre conception du Moyen-Orient. Ajoutons qu’il nous faut une doctrine de sens équivalent en Afrique, mais aussi en Europe. Nous ne pourrons durablement accepter l’appauvrissement du pays que nous impose l’Allemagne et son instrument communautaire, sans réagir.

Ces choix, nous le savons tous, sont aussi cruciaux que difficiles. Ils sont longs, coûteux, ne se feront pas par un coup de baguette magique, et imposeront aux Français de lourds sacrifices. Mais nous avons une seule responsabilité: laisser la France, lorsque nous partirons, dans un meilleur état que celui où nous l’avons trouvé. Et sans le sursaut national évoqué ici, c’est le contraire qui se produira.

Nous devons aujourd’hui faire preuve de courage pour gagner la guerre qui est portée sur notre sol. Ce courage est la seule voie pour que nous continuions à dire: vive la République! vive la France!

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