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Ultra-marathon : ce à quoi s’exposent vraiment les coureurs toujours plus nombreux
©REUTERS/Lucy Nicholson

Running-man

Discipline de plus en plus répandue en France avec des compétitions comme la Diagonale des Fous ou la Saintélyon, qui aura d'ailleurs lieu début décembre, l'ultra-marathon peut avoir des conséquences néfastes pour l'organisme.

Le marathon est la distance reine de la course à pied. Quelque 2500 ans après l'exploit de Philippidès, il faut de nos jours cravacher durant 42.195km et produire un effort intense avant de souffler sur la ligne d'arrivée et de pouvoir dire "je l'ai fait". Et l'engouement autour de cette discipline ne faiblit pas. En 1896, ils étaient 191 coureurs à prendre le départ du premier marathon de Paris. En 2000, c’est 32 000 courageux qui s’élancent sur les Champs Elysées. En 2014, 50 000 coureurs se sont inscrits.

Et pourtant, il est des gens que le marathon ennuie. Trop commun, trop facile. Des personnes souhaitent pousser encore plus loin les limites de leurs corps. Ceux-là se penchent alors vers l'étape supérieure : l’ultra marathon, ou l'ultra-fond, c'est-à-dire toutes les courses d'une longueur supérieure à 42.195km. Mais l'immense majorité de ces épreuves dépasse allègrement les 100 km. Là aussi, le succès est au rendez-vous. On estime que plus de 450 000 personnes pratiquent cette activité sur la planète. En France, ils étaient environ 40 000 en 2014.

Plus de 800 ultra-marathons ont eu lieu à travers le monde en 2014, deux fois plus que 10 ans auparavant. En France, une soixantaine sont organisés chaque années. Pour les curieux avides d'exploits, vous avez donc l'embarras du choix. Le plus connu se trouve dans les Pyrénées. Organisé chaque année à la fin août, le Grand Raid des Pyrénées vous conduit par exemple durant 160 km à travers les majestueux paysages de montagnes, avec en cadeau... 10.000 m de dénivelé positif. Toujours en France, mais dans les contrées réunionnaises, on retrouve le Grand Raid, 160 km et plus de 9900 m de dénivelé, pour 2 500 participants au maximum. Pour information, le Grand Raid a un petit surnom: la Diagonale des Fous. On vous aura prévenu... Et si vous n’êtes toujours pas rassasiés, vous pouvez également vous frotter à la nocturne Saintélyon, le 5 décembre. Uniquement muni d'une frontale, les courageux coureurs arpentent de nuit le parcours entre Saint-Étienne et Lyon, dans des conditions hivernales. "Courir la nuit, ça n'a rien à voir” prévient, menaçant, le site Internet de l'épreuve. En 2014, on comptait 12 838 partants sur l'ensemble des parcours, contre 4000 au début des années 80.

(La mythique course de Badwater, aux Etats-Unis. Crédit : Reuters)

Enfin, pour ceux qui aiment voyager, notons aussi l'épreuve américaine Badwater, présentée par les organisateurs comme étant la course la plus difficile du monde, 217 km. Elle se déroule en plein mois de juillet, dans la Vallée de la Mort en Californie. Prévoyez une bonne casquette et quelques tonnes d'eau : les températures y avoisinent régulièrement les 50° à l'ombre.

Bref, de la sueur, de l'effort, le dépassement de soi... que des choses positives, nous direz-vous. Sauf que, comme le montre un article du Washington Post, il y a un monde entre courir longtemps, et courir, vraiment, mais alors vraiment très longtemps. Et si les avantages physiologiques et psychologiques d'une pratique sportive quotidienne sont un fait reconnu par l’ensemble de la communauté scientifique, les conséquences d'une activité trop intense peuvent être réellement dangereuses. Selon le docteur Michael Gleeson, un chercheur de l’Université de Loughborough, le système immunitaire commence à s’affaiblir après un effort physique intense qui dure plus de 90 minutes. Et si l'on en croit MarathonGuide.com, le temps de finition moyen pour les marathons en 2011 était de 4h37 aux États-Unis. Imaginez donc pour un hyper-marathon...

La première conséquence est d'une banalité totale, même si elle fait partie des pires craintes du coureur : les ampoules. Elles peuvent vous gâcher votre effort et votre course. Lors d'un ultramaratahon, il y a sensiblement plus de chances d'en être victime. Les variations de terrains, l'eau, la boue, les nombreux dénivelés, tous ces éléments peuvent contribuer à leur apparition. Il y a également les crampes musculaires, qui vont elles aussi de pair avec le marathon, et elles aussi ont plus de chances d'intervenir lors d'un ultra. Elles menacent notamment vos ischio-jambiers.

(Un marathonien dans les Alpes. Crédit : Reuters)

Par ailleurs, des études indiquentqu’un athlète a de deux à six fois plus de chances de développer une infection respiratoire quelques semaines après un marathon ou un ultra-marathon. Si l'intense chaleur est souvent de mise lors des marathons, l'effet inverse a des chances de se produire lors d'un ultra : la température du corps peut descendre brutalement, à la suite de variations de température et de l'épuisement des forces du coureur.

Les coureurs doivent également se méfier de l'hyponatrémie. Ce nom un peu barbare désigne un phénomène où les quantités d’eau présentes dans le corps sont supérieures aux quantités de sel existantes. On parle encore d’intoxication par l’eau, ce qui peut arriver à des ultra qui boiraient trop de liquide durant leur effort. Il est également de coutume de penser que courir est bon pour le cœur et le fortifie. C'est en effet le cas, mais une récente étude a montré que les coureurs d'ultra-fond seraient légèrement plus susceptibles de présenter des dysfonctionnements du coeur et un rythme cardiaque irrégulier. Enfin, et c'est peut-être la conséquence la plus inattendue : les hallucinations. La très grande quantité de dopamine sécrétée dans le cerveau lors d'un effort physique très intense peut provoquer des troubles psychiques comme des délires, des hallucinations, et brouiller votre vue. Bref, courir, c'est bien, mais sachez écouter votre corps de temps en temps.

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